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Procès Joël AÏVO: La justice béninoise joue sa crédibilité

Publié le mercredi 4 aout 2021  |  Matin libre
Joël
© aCotonou.com par Didier ASSOGBA
Joël Aïvo,constitutionnaliste, professeur des universités et homme politique béninois membre de L`opposition lors de lancement du Front pour la restauration de la démocratie collective
Cotonou, le 13 janvier 2021, la coalition de l`opposition ``Front pour la restauration de la démocratie collective `` mis sur les fonds baptismaux. Se regroupement vise le retour aux acquis de la Conférence nationale des forces vives de février 1990.
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Le procès tant attendu du Professeur Joël AÏVO, et de ses coaccusés s’est enfin ouvert devant la CRIET le jeudi 15 Juillet dernier, à Porto-Novo la capitale du Bénin. Aussitôt démarré qu’il a montré les premières failles dans le dossier d’accusation monté par les enquêteurs de la Brigade Economique et Financière et le Procurer Spécial de la CRIET. Poursuivi pour blanchiment de capitaux, et complot contre l’Autorité de l’Etat, le candidat recalé à la présidentielle d’Avril 2021, et opposant résolu au Président Patrice TALON, avait été arrêté de façon spectaculaire le 15 Avril dernier sans convocation et sans mandat d’arrêt, et incarcéré dès le lendemain à la prison civile de Cotonou .



Les partisans de l’Universitaire béninois, et les observateurs étrangers attentifs à l’évolution de la situation politique depuis l’arrivée au pouvoir du Président Patrice TALON en Avril 2016, attendaient les premiers actes du procès pour connaître enfin les faits, et pour se faire leur propre opinion sur ce que beaucoup considèrent comme une vengeance politique ou encore une procédure punitive du pouvoir à l’encontre d’un homme dont le courage, l’engagement et les qualités pédagogiques ont jeté un voile de doute sur la gouvernance politique de Patrice TALON.

Les erreurs flagrantes de Procureur

Le procès AÏVO a enfoncé un peu plus la CRIET. La Cour la plus controversée de l’histoire judicaire du Bénin a montré ses premières erreurs et le dossier d’accusation s’est trouvé fragilisé dès la prise de parole du Procureur Spécial. A la surprise générale, le procureur spécial a soulevé l’incompétence de la Cour, demandé au juge de se déclarer incompétent et de renvoyer l’affaire devant la commission d’instruction afin de permettre au Parquet de mieux se pourvoir. Mario METONOU, le Procureur Spécial de la CRIET justifie sa volte-face par la nature criminelle d’une des infractions, et par le fait que deux des mis en cause seraient encore recherchés. Pour tous les observateurs, la position du Procureur Spécial révèle un certain embarras, ainsi que les faiblesses d’un dossier d’accusation dont le caractère aussi politique que vindicatif a été souligné depuis le début par les opinions, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

Ce jeudi 15 Juillet, le Procureur Spécial, Marion METONOU, a enfoncé un peu plus la CRIET, une juridiction dont le sérieux et la crédibilité étaient déjà contestés par nombre de spécialistes du droit et de défenseurs des droits de l’homme. En ordonnant l’incarcération du Professeur Joël AÏVO et ses coaccusés le 16 Avril dernier, Marion METONOU a, au préalable, librement et en toute responsabilité, fait des choix et pris des décisions graves. C’est le Procureur Spécial qui a librement retenu la qualification des infractions, c’est lui qui a décidé que les infractions relèvent du fragrant délit et de la correctionnelle. C’est encore le même Procureur Spécial qui a librement décidé de saisir le juge correctionnel. C’est toujours le même Procureur Spécial qui a librement fixé la date de comparution de l’Universitaire en faisant l’option du fragrant délit.
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Le Procureur Spécial devait alors savoir qu’en application de l’article 402 et suivants du code de procédure pénale, il avait l’obligation de présenter Joël AÏVO et ses coaccusés devant le juge au plus tard soixante-douze (72) heures après leur arrestation. Et pourtant, le Procureur Spécial, en violation de toutes les règles de procédure, a maintenu l’opposant en prison quatre-vingt-dix (90) jours durant, après son arrestation.

Devant de tels actes et après une succession de violations de règles de procédure, est-il encore crédible qu’après la comparution tardive des prévenus, le même Procureur Spécial découvre subitement que les infractions qu’il avait retenues le 16 Avril dernier sont de nature criminelle ? Que faut-il penser du fait que le Procureur Spécial qui a librement choisi de qualifier le dossier de correctionnel en déclenchant la procédure du fragrant délit, se déclare finalement incompétent au détour de la toute première audience ? Faut-il en conclure à une anomalie ? Est-ce bien le bon juge à la bonne place ? Comment comprendre que le Procureur Spécial ait finalement estimé que le Professeur Joël AÏVO et ses coaccusés n’ont pas été pris en fragrant délit et qu’il lui faudrait maintenant prendre le temps nécessaire au Procureur Spécial pour mener une procédure d’instruction afin de mieux s’informer et vérifier les faits ? Comment est-il possible, de défendre la crédibilité de la CRIET et le sérieux du travail après tant de violations des règles de procédure, après tant de légèretés et d’erreurs d’appréciation ? Comment est-il possible de dissiper les doutes, sur la nature politique de ce procès et le sérieux des dossiers d’accusation, si après avoir maintenu illégalement le constitutionnaliste et ses coaccusés en détention durant trois (3) mois au lieu de 72 heures, le même Procureur Spécial « juge prématurée » une mise en liberté provisoire demandée par les Avocats de la défense ?

L’effondrement du Procureur Spécial de la CRIET et le vacillement du parquet dès le premier jour du procès ont immédiatement braqué les projecteurs sur le peu de consistance des faits, à partir desquels Mario METONOU a monté le dossier d’accusation contre l’Universitaire béninois.

Que fera le juge le 05 Août 2021 ?

Suivre le Procureur Spécial dans ses erreurs ? Lui qui s’est déjà illustré depuis le début de la procédure par une suite de violations des règles de procédure, à commencer par une arrestation sans convocation, ni mandat d’arrêt ? Le même Procureur qui s’est désavoué et demande à la Cour de le désavouer à son tour ? Tout cela pour maintenir les prévenus en détention au mépris de toute déontologie judicaire et de la loi qui, dans ce cas, n’a manifestement pas été respectée par le Procureur Spécial.
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