La réforme de la gouvernance locale est favorablement accueillie par les acteurs de ce secteur.
Faire les réformes avec méthode et minutie. C’est le mode opératoire du gouvernement de la Rupture, dans chacun des domaines de la vie publique. Le président Patrice
Talon vient d’annoncer les couleurs en ce qui concerne la décentralisation. Il envisage une « réforme ambitieuse de la gouvernance locale », en collaboration avec l’Association nationale des communes du Bénin (Ancb). Vieille de 18 ans, la décentralisation nécessitait bien d’être réaménagée. A l’unanimité, experts et élus communaux approuvent ce choix du gouvernement.
« Je suis totalement d’accord avec la vision du chef de l’Etat de réformer la gouvernance locale. Les mairies sont très importantes dans le processus de développement. Après avoir expérimenté la décentralisation pendant un certain temps, il est normal de revoir les textes pour son amélioration. Je suis certain que la réforme annoncée apportera un mieux-être aussi bien aux populations qu’aux conseils communaux », apprécie Antoine Djédou, maire de la commune d’Abomey. Des fleurs, l’initiative de Patrice Talon en a reçues également de la part de Christian Houétchénou, maire de la commune de Ouidah. Pour cette autorité qui est aussi secrétaire chargé de l’Economie et des Finances locales à l’Association nationale des communes du Bénin, « la réforme de la gouvernance locale est opportune et importante ».
A en croire ces acteurs, le changement de paradigme en matière de gouvernance locale était très attendu. L’hymne de la réforme entonné par le gouvernement ne pouvait donc que recevoir leur assentiment et adhésion pour le rayonnement des 77 communes du Bénin.
Un diagnostic partagé
« La décentralisation, effective depuis bientôt 20 ans, connaît des faiblesses qui impactent négativement le développement des communes », indiquait le communiqué du Conseil des ministres du 2 juin 2021. Selon des experts sur les questions de décentralisation, il y a des problèmes politiques au niveau des collectivités locales qui ne favorisent pas le développement.
A cela s’ajoutent les problèmes de ressources humaines. « Les recrutements de personnels ne tiennent pas souvent compte de la compétence ni des besoins réels des mairies. Ainsi, en général, nos communes ne disposent pas de cadres ayant des compétences en adéquation avec les exigences techniques des postes qu’ils occupent », relevait le même Conseil des ministres.
L’autre difficulté que pose le mode actuel de gouvernance locale et que soulignent les acteurs, c’est celle liée aux ressources financières. Selon les maires, la réforme doit aussi impacter les rémunérations des autorités communales. « Aujourd’hui, un maire n’a pas de salaire, mais des indemnités », clame Christian Houétchénou. Cette situation ne peut qu’impacter négativement la gouvernance locale.
Administrateur de la planification du développement local, Moïse Dossoumou estime que « si on veut obtenir des résultats probants de la décentralisation, il est nécessaire de corriger la politisation à outrance qui y règne ». Le consultant indépendant « insiste également sur la participation citoyenne et le contrôle qui doit en découler. Car des communautés éveillées et conscientes de leurs droits et obligations exigeront plus de résultats de leurs élus». Quant à l’Etat central, l’expert pense qu’il doit davantage mettre les ressources financières à la disposition des collectivités.
Des orientations essentielles
Le gouvernement est bien déterminé à faire aboutir avec célérité la réforme. Selon le Conseil des ministres du 2 juin 2021, « l’instauration d’un nouveau cadre législatif et institutionnel au niveau de la gouvernance locale doit suivre quatre principes directeurs ».
D’abord, il est nécessaire de renforcer la séparation des fonctions politiques et techniques pour améliorer la reddition de comptes et lutter plus efficacement contre l’impunité. La deuxième directive consiste à mettre en place un dispositif opérationnel de relai des services publics entre les niveaux central, communal et infra-communal. Quant à la troisième, elle vise l’amélioration des mécanismes de financement des investissements communaux. La quatrième directive conduira à des synergies d’actions entre le conseil communal, ses démembrements, les associations de développement et les Ong. Sur la base de ces orientations essentielles, le gouvernement a mis en place un comité de réforme appuyé de deux experts nationaux et un international.