L’océan Atlantique continue de dicter sa loi aux humains. A l’Est de Cotonou en passant par Avlékété, Grand-Popo jusqu’à la frontière du Togo, la mer a englouti des milliers d’habitations et infrastructures. Face à cela, des mesures conséquentes ont été prises par les gouvernements successifs pour contrer le phénomène. Après 61 ans d’indépendance du Bénin, quel bilan faire ?
Les relations entre la terre et la mer sur les côtes béninoises ont toujours été tendues, même avant les indépendances. Mais la construction du port de Cotonou en 1964 a joué sur les différentes forces, tout en modifiant la dynamique naturelle de la côte.
A en croire les spécialistes, la construction du domaine portuaire a entraîné une accrétion de sable en amont (à l’Ouest du port) et une érosion en aval (à l’est). Philippe Zouménou, coordonnateur des programmes de protection du Littoral contre l’érosion côtière, indique que c’est à cause de l’urbanisation massive, de l’augmentation du trafic maritime dans le golfe de Guinée et de la fréquence des fortes tempêtes saisonnières que l’érosion maritime s’est accélérée jusqu’à atteindre une vitesse moyenne de dix mètres par an. En plus d’engloutir des infrastructures, elle a entraîné une dégradation des écosystèmes. Les premières études pour cerner le phénomène d’érosion à l’Est de Cotonou ont été réalisées en 2003 par un bureau canadien. Mais le chantier n’a commencé qu’en 2012 dans le cadre d’une première phase des travaux qui a permis de construire huit épis. Ces ouvrages de protection qui ont un ancrage sur la plage et peuvent mesurer jusqu’à 300 mètres de long comme celui de Siafato, freinent les courants et limitent les mouvements de sédiments. De forme trapézoïdale pour casser la puissance des vagues, ils sont constitués d’un enrochement de quelque 60 000 tonnes de pierres de différentes tailles. Ils n’ont pourtant pas suffi à défendre la côte contre l’assaut des vagues.
Mesures salvatrices
La lutte contre l’érosion côtière au Bénin qui compte 125 kilomètres de façade maritime s’étend aujourd’hui également vers l’Ouest à Ouidah et Grand-Popo, à quelques encablures de la frontière togolaise. A Cotonou, la construction des quatre derniers épis devrait permettre la création d’un lac marin et d’un imposant complexe touristique pour développer des activités nautiques et balnéaires. Après les marées d’avril 2016, les épis de la première phase s’étaient révélés trop distants, ce qui a imposé le lancement de la deuxième phase le 14 juillet 2017.
Reçu il y a quelques jours sur radio Bénin, Martin Pépin Ayinan, directeur général de l’Environnement et du Climat, affirme que les côtes sont découpées en trois segments. Le côté ‘’Est’’ est finalisé par la mise en place des épis. Quant à Grand-Popo, elle disposera d’un lac marin pour le développement des activités balnéaires. Au niveau du segment au Centre d’Avlékété, il a été mis en place une digue immergée pour des milliards de francs Cfa. L’Etat s’est engagé à conjuguer au passé toutes les affres liées à l’érosion côtière à travers la mise en terre de milliers de cocotiers sur les côtes béninoises. Ces dernières années, l’océan a fini par reculer de 150 mètres en moyenne, 180 mètres par endroits. A l’Est de Cotonou, une longue plage de sable fin s’étire maintenant sur une quinzaine de kilomètres le long de la route qui mène vers le Nigeria. Ceci, grâce aux nouveaux programmes de protection du Littoral mis en place par le chef de l’Etat, Patrice Talon, et son gouvernement.