Alors que depuis l’extérieur, Bertin Koovi, dans une opposition très acerbe au pouvoir de Patrice Talon ne se fatiguait pas d’inonder les réseaux sociaux d’éléments audios à la limite désobligeants et menaçants, il a, en son temps, été inculpé avec mandat d’arrêt, pour incitation à la haine et à la violence. Seulement, il a fallu son ralliement spéculaire au même pouvoir qu’il pourfendait pour que cette poursuite dont il faisait l’objet s’efface, au profit d’un “non-lieu”.
Blanc comme neige ! C’est ce qu’il convient de retenir désormais de Bertin Koovi, quant aux poursuites judiciaires dont il faisait l’objet. Opposant virulent dès les premières heures du pouvoir en place, le Président de l’Alliance Iroko s’est illustré sur les réseaux sociaux à travers ses nombreux messages audios, prédictions et “menaces” à l’encontre du régime de Patrice Talon. Réfugié à l’extérieur du pays, l’ancien candidat malheureux à la présidentielle d’avril 2016 n’avait ainsi d’yeux, dans son opposition, que pour une descente aux enfers de ce pouvoir. Mais, c’était sans compter sur le code du numérique qui ne fait généralement pas cadeau aux voix critiques, par voie électronique. Dans cette atmosphère donc, l’Ocrc comme à son habitude a ouvert une enquête contre lui, à l’aune de ses enregistrements sonores d’octobre 2018, de février et de mars 2019. Poursuivi, Bertin Koovi a, par la suite, été inculpé pour “incitation à la haine et à la violence”. Ceci, paraphé par un mandat d’arrêt. Toujours résistant et menaçant pendant plus d’un an après le début de ce feuilleton judiciaire, ce pourfendeur du régime de la Rupture a fini par capituler. Dans un changement de veste à la vitesse du vent, celui qui se voyait comme étant le Commandant en chef d’une partie de l’opposition s’est illico presto retourné contre les leaders de cette opposition. À travers donc ses nouvelles orientations, nées à quelques encablures de la présidentielle dernière, le spécialiste de l’économie fondamentale en ralliant ainsi Patrice Talon après son mea-culpa, demandait des gages pour un retour au pays sans crainte. Gages qu’il a certainement obtenus, en foulant le sol béninois, mardi 23 mars 2021. Puisqu’une semaine après, celui qui était pourtant recherché par la justice béninoise a fini par être reçu par le Chef de l’État. Mieux, après cette première rencontre privée au domicile de Patrice Talon, Bertin Koovi a également été reçu en audience à la Marina, le 6 avril, par celui de qui il disait encore quelques mois plus tôt, tout le mal qu’il pensait. Libre de tout mouvement, le nouveau “repenti”, en battant campagne pour le réélection de Patrice Talon, ne se souciait guère du mandat d’arrêt, qui pourtant planait toujours sur sa tête. Intouchable, il a fallu des mois après pour que la justice se rende compte à travers le Procureur de la république et le juge le 21 mai, que ce dont il était accusé était dépourvu de tout fondement et preuves. Un constat qui a débouché sur une décision de non-lieu, en sa faveur. Chose étrange car, Bertin Koovi a dû changer de discours, pour que les appréhensions à son encontre aussi changent et que les preuves contre lui disparaissent. Quand on sait qu’il existe d’autres exemples du genre à l’instar de ce cas de figure et que les commodités pareilles ne sont jamais observées chez les opposants poursuivis mais qui résistent, n’est-on pas en droit de se poser mille et une question? Autrement, en se fiant à ces déroulés, la thèse d’une justice des uns et des autres, sous le régime de la Rupture, n’est-elle pas plausible?