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Professeur Expédit VISSIN sur le réchauffement climatique : « …Si nous ne faisons rien, les conséquences seront plus drastiques »

Publié le mardi 17 aout 2021  |  Fraternité
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© Autre presse par DR
Professeur Expédit Wilfried Vissin, Président de l’Association Internationale de Climatologie
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Lundi 09 août 2021, le Groupe d’experts intergouvernemental a publié la première partie de son rapport. Le dernier exercice de ce genre date de 2014. Avec précision, il dresse les risques affreux qu’encourt l’humanité dont certains sont irréversibles. Professeur Expédit W.VISSIN, l’hydro-climatologue, enseignant à l’Université d’Abomey-Calavi (Uac) et président de l’Association Internationale de Climatologie (Aic) parle des inquiétudes que peut avoir la population béninoise et donne des pistes de solutions.

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a sorti le premier volet de son rapport dont les conclusions sont alarmantes. Est-ce que le Bénin doit s’inquiéter ?
Bien-sûr. Le Benin n’est pas en marge. Il est bien concerné par la situation globale. C’est vrai que le degré de cet impact va varier selon les pays. Et c’est pourquoi j’ai l’habitude de dire que le Bénin est bien né parce que les extrêmes, les changements climatique les plus grave ne s’observent pas chez nous. On n’a pas de cyclone, on n’a pas d’ouragans, on n’a pas de tempêtes. Nous n’avons que les orages et les inondations. Mais si nous ne faisons rien, les impacts vont se sentir et les conséquences des impacts seront visibles et plus drastiques. Vous devez avoir constaté que depuis un certain nombre d’années, les inondations ont pris d’ampleur parce que nous avons désorganisé le climat. C’est pour cette raison que nous observons les dérèglements climatiques, d’autres parlent du changement climatique. Ce qui est sûr, le climat est déréglé. Il est déstructuré. Ce qui fait que nous assistons pratiquement à la régularité des extrêmes : sécheresses, inondations etc… Le Bénin est bel et bien concerné.

Selon le même rapport, si rien n’est fait pour limiter l’émission des gaz à effet de serre, le seuil symbolique de 1,5° de réchauffement sera franchi avant 2040. Que doit faire le Bénin pour limiter l’émission des gaz à effet de serre dans le pays ?
Pour l’imiter l’émission des gaz à effets de serre dans le pays, nous devons prendre les bonnes résolutions surtout le reboisement. Nous devons changer de paradigme par rapport aux sources d’énergies, commencer par mettre en tête qu’on doit aller vers les énergies renouvelables. Il y a des tentatives mais il faut plus de rigueur et de sérieux. On doit désormais rationnaliser tout ce que nous faisons, on doit couper les arbres de façon rationnelle, bien se comporter vis-à-vis de l’environnement. Vous savez, nos ancêtres avaient sacralisé les plans d’eaux par exemple et des forêts. Il y avait des forêts sacrées. Je dis, ce sont des premiers environnementalistes que moi je connais. En sacralisant ces espaces, ils ont protégé l’environnement. Mais nous avec notre ouverture sur le monde, nous avons tout désacralisé. Il faut commencer par avoir un respect pour le naturel afin de pouvoir remonter la pente. Nous devons prendre conscience par gradation. Il faut réduire les industries polluantes et privilégier les industries qui respectent l’environnement. Chaque propriétaire de maison doit commencer par planter un arbre, et que le 1er ne soit pas une journée de prise de conscience au niveau de chaque gouverneur, de chaque citoyen. Aussi, il doit y avoir un suivi pour les arbres que nous plantons afin que cette journée soit mémorable. Le reboisement doit être systématique. Quand on coupe un arbre, on doit pouvoir le remplacer par un autre pour que l’atmosphère continue par jouer son rôle.

Quelles sont les autres causes de ces réchauffements climatiques ?
Le principal responsable c’est l’homme ! L’homme dans sa quête de mieux-être a mis en place des installations qui ont dégradé l’environnement. Le réchauffement est dû aux activités humaines. L’installation de l’homme a dégradé l’environnement. Surtout avec l’augmentation de la population mondiale. L’homme a une forte emprise sur les ressources naturelles. Or, ces ressources naturelles en l’occurrence, l’eau et la végétation sont des pièges à carbone. Je vous donne juste un petit exemple, lorsqu’il fait excessivement chaud, où est-ce que vous allez ? Mais c’est sous l’arbre. Ceci parce l’arbre capte le Co2 pour sa photosynthèse et rejette de l’O2 qui permet la respiration. L’arbre protège l’environnement. La destruction de la végétation réduit cette capacité d’absorption de carbone dans l’atmosphère ce qui amplifie les gaz à effet de serre d’où l’accentuation des réchauffements climatiques. Plus l’atmosphère va se réchauffer, plus on va assister au dérèglement du climat. On aura moins de pluies et plus de sécheresse d’où la fonte des glaciers et le niveau océanique va monter ce qui va accentuer également la dégradation des côtes. C’est une chaine cynique parce que l’homme ne respecte pas son environnement. Il ne respecte pas le naturel ainsi que les ressources de la nature. C’est le non-respect de notre milieu de vie qui est à l’origine de ces dérèglements. Il faut dire que ce rapport est un cri d’alarme pour une prise de conscience réelle pour tous les états pour faire face aux réchauffements climatiques

Ce rapport n’interpelle-t-il pas l’Association Internationale de Climatologie dont vous êtes le président ?
Oui. Nous avons conscience de ces réalités. Et nous, ce que nous faisons, c’est la recherche. Parce que l’Association regroupe des chercheurs qui font des recherches afin de mettre à la disposition des décideurs des outils d’appréciation. Des outils qui leur permettent de prendre les bonnes décisions pour le bien-être de l’humanité. Notre travail se limite à la recherche. Nous, nous ne sommes pas des décideurs. On ne peut pas leur imposer quoi que soit. On fournit les outils mais c’est à eux de s’en saisir pour en faire un bon usage.

Votre mot de la fin
Ce rapport est une alerte. Un cri d’alarme qui doit nous amener à agir, à prendre conscience. Ce n’est pas nouveau ce qui est dans le rapport mais c’est une manière pour nous de dire attention le monde court un grand risque. Et ça peut arriver au Bénin. Maintenant, que faisons-nous pour remédier, pour éviter ces phénomènes ? Il faut commencer par prendre des mesures anticipatives mais de façon participative. Chacun à son niveau doit jouer sa partition.
Propos recueillis par Raoul Nana DONVIDE (Coll.)
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