Au Bénin, les autorités sanitaires tirent à nouveau la sonnette d’alarme par rapport à la propagation de la Covid-19. Mais de leur côté, beaucoup de citoyens sont dans le déni du mal et abandonnent les gestes barrières.
Dantokpa le plus grand marché du Bénin, ce 21 juillet 2021, les usagers déambulent, presque tous, sans masque. Dans les allées, autour des étalages, vendeurs et clients échangent aisément, sans respecter la distanciation sociale, sans crainte d’être contaminés par la Covid-19.
Sans masque, Jeannette est occupée cet après-midi à servir la clientèle. « On ne peut pas exiger le port de masque à tout le monde dans le marché. Moi, je crois que la Covid-19 est endiguée. La pandémie ne sévit plus autant », se défend cette vendeuse de riz.
Son attitude imprudente n’est pas isolée. Pour beaucoup d’usagers du marché Dantokpa, la pandémie est du passé. Selon les témoignages, ceux qui tentent de rappeler les principes à leurs vis-à-vis sont mal vus. Le déni du mal persiste dans ce marché où il est difficile de trouver un dispositif de lavage de mains devant les étalages. « C’est une maladie des Blancs. Jusque-là, moi je ne crois pas encore à l’existence de ce virus », avoue Judith Agonvènon, vendeuse de tomate à Dantokpa. Pourtant, ce mercredi 21 juillet 2021, les statistiques nationales affichent 8 324 cas positifs dont
8 125 guéris et 107 décès.
Resserrer les barrières
Dans la capitale économique, les images contrastent avec cette tendance haussière des cas. Les dispositifs de lavage de mains sont abandonnés. La courte pause dans la publication des statistiques officielles, ces dernières semaines, pourrait en être pour quelque chose.
« On constate malheureusement que les dispositifs de lavage de mains ne sont plus, dans la plupart des cas, fonctionnels. Les populations ne tiennent plus rigueur au port de masque et considèrent la Covid-19 comme les autres maladies auxquelles elles sont habituées. Alors qu’elle sévit et connaît plusieurs mutations qui sont de plus en plus dangereuses», déplore Dr Nicolas Akotchayé, sociologue, enseignant-chercheur à l’Université d’Abomey-Calavi.
Si les citoyens banalisent les gestes barrières, ce sont les acteurs de la santé qui finissent par être sous pression. Mardochée Sourou, infirmier d’Etat, appelle à une prise de conscience. «Cette maladie existe vraiment. Beaucoup de cas sont enregistrés au service de Réanimation où les cas de détresse respiratoire sévère sont fréquents », insiste-t-il. La population se complaît dans sa négligence, avec l’espoir que les vaccins créent le miracle pour anéantir le mal.
Dr Nicolas Akotchayé invite les autorités à mettre à nouveau la pression sur les populations pour resserrer les barrières contre la propagation du virus. «Nous demandons aux autorités de ne pas baisser la garde en rappelant aux populations les comportements qu’elles doivent adopter pour éviter la propagation du virus dans notre pays », insiste le sociologue. Aucune barrière ne doit être de trop. « Le vaccin anti-Covid-19 n’est pas assez suffisant pour endiguer le mal », prévient Dr Nicolas Akotchayé pour qui le lavage des mains à l’eau et au savon et le port de masque sont capitaux.