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Hausse des prix des engrais: Craintes pour la productivité et la sécurité alimentaire

Publié le vendredi 3 septembre 2021  |  La Nation
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© Autre presse par DR
Le Ministre de l`Agriculture, de l`Elevage et de la Pêche, Monsieur Gaston Cossi DOSSOUHOUI a effectué une descente au Port Autonome de Cotonou
Le mercredi 4 avril 2018, le Ministre de l`Agriculture, de l`Elevage et de la Pêche, Monsieur Gaston Cossi DOSSOUHOUI a effectué une descente au Port Autonome de Cotonou pour constater le débarquement de l`engrais céréale NPK spécialement conçu pour la formule sur le maïs. C`est 33.000 tonnes de NPK qui sont en train d`être débarquées, ensachées en même temps et convoyées vers les magasins des producteurs pour le compte de la nouvelle saison agricole
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Par Claude Urbain PLAGBETO

La hausse des prix des engrais sur le marché international fait craindre une baisse de la productivité, avec de surcroît une insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest fortement dépendante des importations d’intrants.


Les coûts des engrais se sont envolés sur le marché international ces derniers mois. A titre indicatif, l’urée à destination de l’Afrique de l’Ouest grimpe de 265 à 500 dollars Us la tonne entre décembre 2020 et juin 2021, soit une augmentation de 75 %, souligne Patrice Annequin, spécialiste du marché des engrais au Centre international de développement des engrais (Ifdc). Le Dap (composé d’azote et de phosphore) provenant du Maroc est passé de 365 à 665 dollars la tonne (+82 %) sur la même période. Le chlorure de potassium granulé (Kcl) provenant de la mer Baltique s’est envolé de 255 à 405 dollars (+59 %). Le Npk (composé d’azote, de phosphore et de potassium) du Maroc est acheté à 460 dollars contre 245 dollars six mois plus tôt (+88 %).
A cela s’ajoute la forte hausse des taux de fret du fait du manque de disponibilité de bateaux et de conteneurs. Le fret maritime depuis la mer Baltique est passé de 40 à 65 dollars la tonne entre décembre 2020 et juin 2021, soit une hausse de 62 %. Du Maroc, il se situe à 60 dollars la tonne en juin dernier contre 32 dollars en décembre.
Ainsi, les prix de certains fertilisants ont quasiment doublé en six mois, atteignant un niveau jamais vu depuis la crise de 2008-2009 marquée par de brutales fluctuations, fait remarquer le spécialiste du marché des engrais. Cette situation est essentiellement due à la pandémie de Covid-19 qui a créé des dysfonctionnements dans la chaîne d’approvisionnement des engrais dont les agriculteurs ont besoin. Cela a peu affecté la dernière campagne agricole, les commandes d’engrais ayant été passées au quatrième trimestre de 2019 et au premier trimestre de 2020, avant la crise sanitaire, nuance Patrice Annequin.
Les fermetures d’entreprises, des frontières et autres restrictions des transports induites par la pandémie ont fragilisé les mécanismes nationaux d’approvisionnement. Du coup, les prix qui étaient bas depuis 2015 atteignent des niveaux très élevés. La situation pourrait s’aggraver avec l’augmentation de la demande sur les marchés d’importations.


Pénurie
A fin août, jusqu’à 50 % de la demande d’engrais n’est pas encore disponible en Afrique de l’Ouest, selon l’Ifdc. « Plusieurs pays n’ont pas pu acheter et importer les quantités d’engrais nécessaires pour cette campagne », laisse entendre M. Annequin. La situation n’est guère reluisante au Bénin, au Togo et au Niger où les marchés croissent mais ne sont pas couverts. La hausse des prix des intrants entraînerait une augmentation du coût de production et par conséquent celle des prix des produits alimentaires qui connaissent déjà une flambée depuis plusieurs mois, poursuit-il.
La pénurie de l’offre ferait grimper davantage les prix d’engrais dans les mois à venir et impacter sérieusement la campagne agricole 2021-2022. Elle se fera sentir dans les récoltes, notamment dans les pays enclavés et les petits marchés plus exposés, où la majorité des sols cultivables sont fragiles et souvent de très faible fertilité et la productivité agricole dépend essentiellement des intrants de qualité, en l’occurrence les engrais. « Si 1 kilogramme d’engrais permet de produire 20 kg de grains, 1 million de tonnes en moins entraînerait un manque de 20 millions de tonnes de céréales dans la région », analyse Patrice Annequin.
Si des subventions des Etats s’avèrent nécessaires pour maintenir la dynamique de la production agricole et éviter le renchérissement des prix des denrées alimentaires, la mise en place de politiques favorisant la production sur place d’engrais organiques avantagerait la disponibilité et l’accessibilité des engrais.
En attendant, face à la fermeté des marchés des engrais, les espoirs sont portés sur le projet Feed the Future Enhancing Growth through Regional Agricultural Input Systems Project for West Africa (2018-2023). Il vise à promouvoir un marché régional des engrais compétitif, inclusif et dirigé par le secteur privé, de concert avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le Conseil de l’Afrique de l’Ouest et du Centre pour la recherche et le développement agricoles (Coraf), l’Association des engrais de l’Afrique de l’Ouest (Wafa) et d’autres organisations du secteur privé. Les solutions pourraient également provenir du Mécanisme africain de financement du développement des engrais (Mafde) de la Banque africaine de développement qui devrait mobiliser plus de ressources pour de nouveaux projets.
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