Chaque régime politique a ses caractéristiques. Le Bénin a connu la Révolution avec ses affres. Il a ensuite vécu l’époque de «la biche et de la rivière» et du «pouvoir clanique». Actuellement, les Béninois sont soumis aux marches de soutien et aux séances de prière.
Qui a dit que le Changement et la Refondation n’ont pas un contenu ? Bien sûr que si. Alors que le régime politique en place peine à démontrer par les faits le contenu qu’il donne à ces deux concepts, des populations, elles, ne sont pas allées par quatre chemins pour les peindre. Elles les ont habillés de marches de soutien et de séances de prières. Il n’y a plus de semaine, voire de jour, pour ne pas exagérer, que ne s’organisent des marches de soutien et des séances de prière à l’intention de tel ou tel autre. Le phénomène des marches de soutien a surtout battu son plein entre 2006 et 2011, période du Changement prôné par le régime en place. Ces marches consistent, soit à soutenir le gouvernement en place parce qu’il vient de lancer un programme soi-disant «salvateur pour les populations», soit à apporter du soutien au régime parce que «attaqué» par des gens d’en face ; ceux-là qui ne parlent pas le même langage que le pouvoir en place et ses supporters. La marche du Chef de l’Etat contre la corruption a peut-être facilité la naissance de cette envie chez les populations. Mais celle-là, à moins qu’elle n’ait été que pour nous tromper, était pour la bonne cause. Les autres marches de soutien le sont aussi peut-être. Evidemment, cela dépend de la situation politique des uns et des autres. Ce qui est évident, c’est que ces marches de soutien viennent rompre le calme avec lequel le Général Mathieu Kérékou a géré le pays pendant dix ans. De ces marches, il y en avait très peu. Et comme elles devenaient trop familières, les marches cèdent de plus en plus place aux séances de prière. Celles-ci coïncident avec l’acte 2 du pouvoir en place qui normalement est caractérisé par la Refondation. Les prières se sont multipliées à l’annonce de la supposée «tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat». Alors, les marcheurs d’hier ont pris d’assaut les églises, les temples, les couvents, les mosquées… dans le seul but de dire «merci» au Tout Puissant d’avoir épargné au Président de la République un présumé empoisonnement. Idem pour la supposée «tentative d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat». Dernièrement, certaines populations n’ont-elles pas fait constater, en organisant des séances de prière, que Dieu continue de faire des merveilles pour le Chef de l’Etat ! Ils ont imploré Dieu afin que la paix et la cohésion règnent maintenant et toujours au Bénin. Voilà que viennent maintenant des prières pour d’une part dire merci à Allah d’avoir permis la réussite de la campagne cotonnière en cours et, d’autre part, pour remercier celui qui l’a voulu. A l’opposé des marches de soutien qui, certaines fois, dégénèrent en affrontements, les séances de prières, pour l’instant, nous épargnent quant aux troubles à l’ordre public. Pourvu que ces prières apportent effectivement le meilleur au Bénin.
Grégoire Amangbégnon