Deuxième pays d’Afrique par sa taille (2,3 millions km2) et quatrième par sa population (95 millions d’habitants), la République démocratique du Congo reste profondément enclavée. En l’absence d’un réseau routier et ferroviaire efficace, le pays espère réduire les disparités via les airs.
La RDC nourrit l’ambition de mettre sur pied une nouvelle compagnie aérienne nationale. Le sujet était au centre de la série de rencontres tenues du 5 au 7 septembre à Addis Abeba entre la délégation congolaise conduite par le ministre des Transports Cherubin Okende Senga et la direction d’Ethiopian Airlines.
Alors que les pourparlers sont encore à un stade embryonnaire, le lancement de cette compagnie aérienne pourrait se matérialiser dans le cadre d’une coentreprise dans laquelle l’Etat congolais détiendrait 51% des parts contre 49% pour Ethiopian Airlines, a expliqué Tewolde Gebremariam, le patron du groupe éthiopien.
« Le désenclavement du territoire national est la base essentielle du développement économique et social à travers notamment la mise à niveau du transport aérien dans les conditions optimales de sécurité et de sûreté. C’est dans ce contexte que je place ma stratégie de partenariat avec Ethiopian Airlines », a affirmé le ministre Cherubin Okende Senga. « C’est donc essentiel pour la République démocratique du Congo de disposer d’une compagnie aérienne normalisée, fiable et viable ».
Congo Airways, le porte-étendard national
Congo Airways fait actuellement office de principale compagnie publique de la RDC. Créée en août 2014, elle a démarré ses activités un an plus tard en remplacement des Lignes aériennes congolaises (LAC), en faillite depuis 2003 et placées en liquidation en 2013.
Son réseau comprend une dizaine de routes domestiques. Avant la crise, Congo Airways proposait également des vols régionaux notamment vers Johannesburg, Douala et Cotonou. Elle dispose d’une flotte de quatre avions deux A320-200 et deux Dash 8-400. Son carnet de commandes comprend, en outre, deux Embraer E190-E2 et deux E195-E2, valorisés à 272 millions de dollars au prix catalogue. La livraison du premier appareil est prévue en mai 2022 avec une possibilité de livraison anticipée dès la fin de cette année.
Ethiopian Airlines et ses joint-ventures africaines, une expérience mitigée...
A l’exception d’ASKY Airlines dans laquelle Ethiopian Airlines détient maintenant 20% des actions, la pleine croissance ne semble pas toujours au rendez-vous chez les joint-ventures du pavillon éthiopien.
Malawian Airlines, dont Ethiopian Airlines détient 49% des parts, cumule aujourd’hui une dette de plus de 17 millions de dollars pour seulement deux appareils depuis sa création en 2013. En mars dernier, la compagnie a temporairement suspendu ses opérations faute d’avions disponibles. Déficitaire depuis son lancement, elle a in extremis bénéficié d’une recapitalisation au mois de mai après que le conseil d’administration a déclaré auparavant la société techniquement insolvable et suggéré sa liquidation.
Lancée en octobre 2018, Tchadia Airlines dans laquelle Ethiopian Airlines détient 45% reste plafonnée à un appareil opérationnel et seulement deux dessertes internationales (Douala et Bangui) en 3 ans d’opérations.
Ethiopian Airlines Mozambique, démarrée en décembre 2018 avec un Dash 8-400, a suspendu ses opérations depuis le mois de mai dernier, la crise sanitaire ayant affaibli sa trésorerie.
Zambia Airways, la cinquième joint-venture africaine d’Ethiopian Airlines (45%) prendra son envol officiel le 30 septembre 2021. Ressuscitée de 27 ans de léthargie, le transporteur espère gommer l’image que l’on attribue aux compagnies d’Afrique australe, citées ces dernières années parmi les moins performantes du continent – à l’instar d’Air Namibia, liquidée cette année, Air Mauritius, en redressement judiciaire, ou encore South African Airways, difficilement sortie de dix-sept mois de restructuration.