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Prises de position contre la gouvernance Talon: Léhady Soglo reste droit dans ses bottes !

Publié le mardi 14 septembre 2021  |  Matin libre
Lehady
© aCotonou.com par CODIAS
Lehady Vinagnon Soglo, maire de la ville de Cotonou, lors de la Passation de charge à la tête de la mairie d`Abomey-Calavi entre l`ancien et le nouveau maire de la ville dortoire.
Abomey-Calavi le 03 septembre. Passation de service entre le maire Partice Houssouguede et le maire Georges Bada
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D’aucuns pourraient s’attendre à le voir dans une posture d’allégeance au Pouvoir de Patrice Talon suite au décès de sa génitrice, Rosine Vieyra épouse Soglo, ancienne première dame et doyenne d’âge du Parlement béninois. Pas question pour Léhady Soglo. En tout cas, pas maintenant. L’ancien maire de la ville de Cotonou, en exile depuis plus de 4 ans, a certes eu des regrets de n’avoir pas pu prendre part à Cotonou aux obsèques de sa feue mère. Mais il ne fléchit pas quant à sa position concernant la gouvernance au sommet de l’Etat depuis avril 2016. Profitant de l’hommage qu’il a rendu samedi dernier, depuis l’Hexagone, à la défunte, l’ancien édile de la municipalité de Cotonou, droit dans ses bottes, a lancé du vitriol sur le système de la ‘’Rupture’’. Lire le texte.



Hommage de Léhady Soglo et Famille à l’occasion des obsèques de Maman

Au nom de Dieu le clément, le miséricordieux.

Chers familles, chers amis, mesdames, messieurs,

Il m’est difficile de m’exprimer en ce jour si sombre. Cependant, je tiens à vous remercier pour votre présence et votre soutien.

Le lien qui m’unissait à maman était très fusionnel. Elle m’a tout donné, l’amour, la sécurité, l’attention, la présence. Elle m’a appris à regarder vers l’avant, à croire, à me battre, et aujourd’hui encore, je sens m’étreindre son souffle puissant. J’ai appris et j’ai aimé partager l’amour et l’abnégation de cette Femme devenue personnage public, mère d’une nation.

Ma très chère Maman, le respect des principes de la démocratie, la préservation des libertés fondamentales, l’indépendance de la justice, la liberté de la presse, toutes ces valeurs qui ont nourri ton engagement politique et social, sont aujourd’hui mises à mal. C’est pour cela que je n’ai pas pu te voir au cours des 4 dernières années, exilé que je suis. C’est pour cela encore que je ne suis pas à tes côtés au moment où tu vas effectuer ton dernier voyage. Quelle tristesse, quelle douleur que de ne pas être là pour t’accompagner dans ta dernière demeure !

J’ai perdu et, je le sais, tout un peuple a perdu avec moi une mère. Une mère sincèrement et viscéralement animée par la recherche de ce qu’il y a de meilleur, de simplement nécessaire pour ses enfants. Elle ne cherchait jamais à protéger son image ou à la promouvoir. Assumant tous les risques, allant à l’essentiel avec courage, pour revendiquer ce qui doit être et pour dire la vérité. Quelle foi il faut pour oser la dire, et parfois dans les heures les plus inquiétantes, pour oser la penser !

Quand le peuple se sent épié et manipulé, quand tout contribue à ôter à chacun sa dignité et son autonomie, comme nous avons besoin de ta voix qui jamais, ne faiblissait ! Malgré le poids des ans, malgré les vexations, malgré la cécité qui te faisait penser que tu n’étais plus indispensable, Maman, la vérité de ton combat politique et du bon sens hurlait encore plus ta légitimité. Tu disais tout avec droiture, directement : tes mots se gravant dans le marbre tant ils étaient incisifs et faisaient écho, dans nos langues, aux paroles vivantes des ancêtres que tu as désormais rejoins. Ton héritage te survivra !

Ma chère Maman, toi qui m’as conduit dans ce monde, moi ton premier né, j’aurai dû être là pour te conduire à ta dernière demeure… Je n’éprouve aucune rancune, aucune amertume. Cette

épreuve est la volonté de Dieu. « Nul malheur n’atteint la terre ni vos personnes qui ne soit enregistré dans un livre avant que nous ne l’ayons créé ; Et cela est certes facile à Allah » (le Coran sourate 57, verset 22)

Dans l’évangile de Jésus Christ selon Saint Luc 6,27-38. Jésus déclarait

à ses disciples: “ je vous le dis à vous qui m’écoutez : aimez vos

ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à

ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient…

Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés. Ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamné. Pardonnez, et vous serez pardonné. (…)

Ma très chère Maman, toi qui m’as donné la vie intercède auprès de Dieu pour qu’Il apaise nos cœurs. Qu’Il les adoucisse toutes les fois où nous avons des raisons de nous venger. Que Dieu nous insuffle son esprit de pardon, d’amour et de paix.

Adieu Maman ! Non ! Je dirai plutôt au revoir, car je le sais si bien, je le sens si fort et en écho avec Birago Diop je clame :

Les morts ne sont pas morts !

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis:

Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire

et dans l’ombre qui s’épaissit.

Ils sont dans l’arbre qui frémit,

ils sont dans le bois qui gémit,

Les morts ne sont pas sous la terre:

ils sont dans l’eau qui coule,

ils sont dans l’eau qui dort,

ils sont dans la case, ils sont dans la foule:

les morts ne sont pas morts.

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis:

Ils sont dans le sein de la femme,

Ils sont dans l’enfant qui vagit,

et dans le tison qui s’enflamme.

Les morts ne sont pas sous la terre:

Ils sont dans le feu qui s’éteint,

ils sont dans les herbes qui pleurent,

ils sont dans le rocher qui geint,

ils sont dans la forêt, ils sont dans la demeure,

Les morts ne sont pas morts. Et toi non plus Rosine Vieyra Soglo !
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