Depuis quelques années, le gouvernement a fait l’option de délocaliser le marché de bétail à Zè. De Zongo dans la ville de Cotonou à PK18 dans la commune de Sèmè-Podji ou encore à Djèrègbé-Owodé, les vendeurs de moutons semblaient trouver leur compte. Car, selon certains, le gouvernement n’a fait que les rapprocher de leurs clients qui proviennent majoritairement des départements de l’ouémé-Plateau et surtout du Nigéria. Malgré les taxes municipales, les vendeurs ne se plaignaient guère. Mais depuis pratiquement deux ans, il est demandé aux vendeurs de rejoindre la commune de Zè, une localité très éloignée de Cotonou. Et pour beaucoup, il s’agit tout simplement d’une décision mal pensée. Et la preuve, les vendeurs de moutons et autres acteurs du marché illégal de bétail de Tohouè dans la commune de Sèmè-Podji ont été une énième fois sommés de vider sans délai les lieux pour regagner le site de Zè réservé par le gouvernement à cette activité. Des menaces d’arrestation par la police n’ont pu empêcher ces derniers de continuer à mener leur activité sur le site de Tohoué à Sèmè-Podji. Selon le quotidien du service public, il y aurait même eu la saisie d’une vingtaine de bêtes le 15 juillet dernier. “Mais, à la date de ce lundi 13 septembre, les intéressés n’ont pas bougé. C’est le statu quo sur le site laissant croire que l’autorité préfectorale a prêché dans le désert“ révèle le journal. Pour beaucoup, il ne s’agirait pas d’une quelconque rébellion des vendeurs mais d’une réalité désobligeante. «Ils (vendeurs) affirment même être prêts à l’instant pour partir. Seulement, ils plaident que l’Etat leur trouve un autre endroit dans la commune de Sèmè-Podji. Pour eux, le site de Zè est trop éloigné pour leurs clients dont la grande partie habite les régions de l’Ouémé-Plateau et le Nigéria », rapporte la même source. En effet, si la vision du gouvernement est de doter la commune de Zè de nouvelles infrastructures, créer des emplois et surtout générer de revenus pour la collectivité locale, la décision des autorités béninoises est loin de faire l’unanimité. Si à Sèmè-Podji ou encore à Djèrègbé-Owodé, les commerçants venus généralement du Burkina Faso et du Niger ne se sont pas plaints d’une baisse de leurs chiffres d’affaires même si les taxes semblaient de trop, la situation n’est plus la même à Zè. Car ici, les clients sont plus que rares et les quelques clients qui y venaient n’ont pu s’en procurer estimant les coûts assez élevés. C’est la consternation dans le rang des commerçants qui passaient des nuits à la belle étoile depuis quelques jours sans pouvoir vendre. Des milliers de moutons y sont déversés. “Je ne sais même pas ce qui va se passer. A cette allure, nous risquons de ramener les bêtes au Burkina. C’est inadmissible que le gouvernement nous demande de venir vendre ici. Je suis dans ce commerce depuis plus de dix ans, jamais des clients ne se sont faits rares comme cette année“, avait déploré un commerçant venu de Fada N’Gourma au Burkina Faso. Si pour beaucoup, cela résulte de la pandémie de la Covid-19 qui a limité les pouvoirs d’achat, des commerçants évoquent une autre raison : la distance. En effet, quitter Cotonou pour la commune de Zè n’est pas chose aisée et le transport des moutons par des tricycles et autres véhicules revient très coûteux. L’autre aspect qu’il importe de souligner est que la plupart des musulmans de Porto-Novo, Sakété, Pobè, Sakété, Kétou ou encore de Sèmè-Podji ne prendraient pas le risque d’effectuer un si long voyage pour se procurer un ou deux moutons pour la fête. Ainsi, beaucoup s’en sont procurés dans des localités proches. Le hic, est que très peu de musulmans résident dans la commune de Zè. D’où devrait venir alors la clientèle ?
Rappelons que le gouvernement béninois a prévu de construire à Zè un marché à caractère régional avec une vingtaine d’infrastructures à installer progressivement. Ceci, sur un domaine de cinq (05) hectares. Il est prévu, la construction d’un quai de débarquement / embarquement et une aire d’accueil pour le gros bétail de 206 m2 sans oublier deux hangars de 8 places de 83,17 m2 chacun; deux blocs de latrines à double fosse; un bâtiment à usage de services vétérinaires de 50,28 m2; un enclos pour la mise en quarantaine et une pharmacie vétérinaire…