Le Groupe de la Banque mondiale met un terme à la publication du rapport Doing Business, en attendant une nouvelle approche d’évaluation du climat des affaires et de l’investissement. Des irrégularités dans les données des éditions 2018 et 2020 motivent cette décision.
Pas d’édition 2022 du rapport Doing Business. La direction du Groupe de la Banque mondiale arrête la publication de ce document annuel qui évalue le climat des affaires et de l’investissement et fait le classement des pays. Cette décision fait suite à une enquête sur les irrégularités signalées dans les données des éditions 2018 et 2020 qui avaient amené l’institution à suspendre l’édition suivante.
Les conclusions de l’enquête intitulée Investigation of Data Irregularities in Doing Business 2018 and Doing Business 2020 – Investigation Findings and Report to the Board of Executive Directors ont été publiées, jeudi 16 septembre dernier, sur autorisation du Conseil des administrateurs de la Banque mondiale. Il s’agit d’un examen externe indépendant des faits et circonstances ayant entouré lesdites irrégularités, précise la déclaration relative à la publication de l’enquête.
Ces irrégularités ont été signalées en interne en juin 2020. La direction de la Banque mondiale a alors lancé une série d’examens et d’audits du rapport et de la méthode utilisée pour l’établir. Elle a également porté les allégations y relatives aux mécanismes internes appropriés de reddition de comptes de la Banque.
L’enquête réalisée par le cabinet Wilmerhale sollicité en janvier dernier par la Banque mondiale soulève « des questions d’éthique, concernant notamment la conduite d’anciens responsables du Conseil des administrateurs ainsi que de certains employés actuels et/ou anciens de la Banque ». Les investigateurs ont cherché à comprendre comment des manipulations grossières ont été opérées sur les données d’importants pays comme la Chine dans le rapport Doing Business 2018, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, l’Azerbaïdjan dans l’édition 2020. Il était aussi question de savoir ceux qui en sont à la base ou avaient connaissance de ces modifications, ainsi que les circonstances et motivations (relatives aux principes, au personnel, à la culture au sein de l’équipe) ayant favorisé cet état de choses.
Selon les conclusions, les changements opérés pour booster le score de la Chine apparaissent comme le résultat de pressions de certains dirigeants de la Banque sur l’équipe Doing Business. Le rapport cite nommément Dr Jim Yong Kim, ancien président du Groupe de la Banque mondiale (2012-2019), Kristalina Georgieva, alors directrice générale de la Banque mondiale (2017-2019) et présidente par intérim du Groupe de la Banque mondiale entre février et avril 2019, et son collaborateur Simeon Djankov, initiateur du rapport Doing Business, qui auraient joué un rôle clé dans les modifications. Ce dernier est particulièrement mis à l’index dans les changements intervenus par la suite en faveur de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis.
« Je suis fondamentalement en désaccord avec les conclusions et les interprétations de l’Enquête sur les irrégularités dans les données en ce qui concerne mon rôle dans le rapport Doing Business de la Banque mondiale de 2018 », a réagi, pour sa part, Mme Kristalina Georgieva, actuellement directrice générale du Fonds monétaire international (Fmi).
La Banque mondiale entend élaborer une nouvelle approche méthodologique, tout en établissant de nouvelles procédures, pratiques et règles éthiques, pour évaluer le climat des affaires et de l’investissement, tel que le recommande le rapport de Wilmerhale.