Une proposition qui rassure. Une démarcation qui enchante. A l’opposé des apôtres et des soutiens des dictateurs qui tripatouillent la Constitution de leur pays pour se maintenir au pouvoir, le Bénin vient d’opter pour le réalisme. D’ailleurs, il saute aux yeux. Car si ces derniers mois, des coups d’Etat ont été enregistrés dans l’espace de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), forcément c’est parce qu’en amont, il y a eu des failles dans les dispositions du pacte additionnel de la Cedeao sur la Démocratie et un laxisme répugnant au niveau des têtes de pont de l’organisation régionale. C’est pourquoi, d’après le point fait à son retour d’Accra où s’est déroulée la Session extraordinaire des chefs d’Etat de la Cedeao sur la Guinée et le Mali, le Ministre des affaires étrangères du Bénin, Aurélien Agbénonci a montré la bonne foi du Bénin, à amener tous les présidents des pays de l’espace à sortir d’une hypocrisie qui commence à devenir trop gros.
D’ailleurs, il est inconcevable que la Cedeao défende des présidents qui ont opéré des coups d’Etat constitutionnels contre leur peuple, heureux de se débarrasser d’eux grâce à l’armée. Sinon, à quoi bon continuer de se voiler la face derrière quelques lignes écrites mais rendues caduques par des pratiques ? Il est vrai que toute accession au pouvoir doit se faire à travers des élections libres, honnêtes, et transparentes. Il est aussi vrai que tout changement anti-constitutionnel est interdit de même que tout mode non démocratique d’accession ou de maintien au pouvoir. Depuis les années 1990, c’est un secret de polichinelle que le vent de la démocratie souffle de partout et qu’il a été retenu que l’armée est apolitique et soumise à l’autorité politique régulièrement établie.
Défendre la démocratie, un noble devoir !
Mais, compte tenu de certaines pratiques de chefs d’Etat en exercice notamment dans l’espace Cedeao qui ont la manie des révisions constitutionnelles pour se maintenir au pouvoir, ne pas actualiser ce protocole additionnel spécifiquement pour les mettre hors d’état de nuire, c’est tout simplement laisser la voie libre aux faussaires de la démocratie. Et apparemment, le Bénin s’est permis, sans doute malgré les susceptibilités, de ne pas contourner la vérité. Ainsi, retient-on du ministre des affaires étrangère du Bénin qu’il y a des mesures claires à prendre à amont et en aval pour prévenir les situations qui conduisent aux coups d’Etat et aussi pour empêcher que ces coups d’Etat aient lieu dans l’espace Cedeao. Ce qui est sûr, la gangrène qui mine jusqu’ici la gouvernance en Afrique, c’est la faiblesse des institutions de la République au détriment de la toute puissance d’un homme. Aller à cette correction est la solution aux remises en cause de l’ordre constitutionnel par les militaires.
En somme, le Bénin en se positionnant comme le pays qui suggère la révision du pacte additionnel de la Cedeao sur la Démocratie démontre une fois encore son attachement au règne de la démocratie en Afrique. Un bilan des alternances à son actif et l’absence de coup d’Etat depuis l’ère du renouveau en 1990 fait de ce pays, même s’il y a eu des épisodes pas trop glorieux, un modèle de démocratie. Raison fondamentale pour ne pas admettre que les canards boiteux puissent tordre le cou à un nouvel ordre admis de tous. Le peuple et non les intérêts corporatistes de chefs d’Etat mal élus, visiblement, le Bénin a fait son choix et c’est le moins qu’il puisse faire.