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Consommation abusive des décoctions : Un couteau à double tranchant

Publié le mardi 21 septembre 2021  |  Fraternité
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© aCotonou.com par DR
Le « Sodabi », une liqueur de vin de palme au Bénin
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Nombreuses sont ces personnes qui font recours aux décoctions pour avoir de l’appétit ou pour stimuler la libido. Cette pratique qui est devenue courante n’est pas sans répercussions sur la santé des consommateurs.

Stockées dans des bouteilles en plastique ou en verre, plusieurs plantes, fruits, écorces, poudre et racines servent d’apéro pour certains et d’aphrodisiaque pour d’autres. Elles sont souvent accompagnées pour la plupart du temps, de la boisson locale communément appelée ‘’Sodabi’’, de gin, de vin ou rarement d’eau minérale. Il faut donc noter que l’accompagnement varie en fonction de la préférence de chaque individu. Les recettes de plantes existent sous différentes formes. Pour Habib Lawal, « ce qui se met dans les bouteilles dépend de la vertu de chaque plante. Ce qui fait que chacun achète son bocal de plantes en tenant compte de ce qu’il veut en faire. Moi, personnellement, j’ai une recette de plantes qui me sert d’apéro. Je la prends avant chaque repas, car c’est ce qui me permet de bien manger ». Tout comme lui, Wilfried Dakpanon a affirmé « je ne peux m’en passer. Avant chaque repas, je prends un petit verre d’apéro pour bien manger et être en forme ».
Pour certaines personnes, la prise des décoctions donne plus d’appétit et facilite la digestion. « Lorsque je prends un apéro, j’ai l’impression que mon ventre s’est agrandi car, je mange correctement. C’est d’ailleurs pour cette raison que je suis grosse comme vous le constatez », a laissé entendre Juliette Guida. Elle est soutenue dans ses propos par Faouziath qui confie « lorsque vous prenez un apéro avant un repas, vous mangez plus que d’habitude et vous arrivez à digérer le repas plus facilement ».
La commercialisation des décoctions qui est devenue une source de revenus pour bon nombre de personnes contribue, selon Foussénath Seydou, à guérir des maladies et sert aussi d’aphrodisiaque. Pour cette dernière, en dehors de quelques maladies souvent évoquées par les acheteurs, la majorité de ses clients sont ceux qui viennent acheter des produits aphrodisiaques. Parmi ces derniers, Prosper G. confie « j’achète souvent une décoction que je prends pour stimuler mon appétit sexuel. Sincèrement, ce produit m’aide beaucoup ». C’est également une habitude pour Jean E. qui utilise une recette à chaque fois pour élever sa libido et mieux performer au lit.
La prise d’apéro et d’aphrodisiaque ne peut rester sans conséquence sur la santé. Pour l’infirmier Landry Assongba, les décoctions en général ont des effets négatifs sur la santé. « Ce sont des choses en général qui marchent, mais le problème réel est que nous ne maitrisons pas tous les contours. Que ce soit des aphrodisiaques, de l’apéro, pour la plupart, nous commençons à développer une certaine dépendance face à ça. Ce qui devient très mauvais. Quand tu embouteilles tes racines et tu mets ton sodabi sur ça, tu ne sais pas vraiment si tu prends un verre, quelle est la quantité du principe actif du récipient. Est-ce que dans ta préparation, il y aurait peut-être des toxines, c’est-à-dire des effets négatifs pour la santé. C’est en fait ça le problème ».
Cette pratique ne date pas de notre époque. Les parents l’utilisaient, parce qu’ils connaissent un peu les plantes. Malheureusement, « si ce domaine était financé et qu’on avait des recherches de la médecine traditionnelle menées dans ce sens-là, on serait bien situé et on pourrait même promouvoir des décoctions, infusions et autres », a confié l’infirmier. Pour lui, la boisson locale qui accompagne les plantes n’est pas non sans conséquences sur la santé, « l’alcool même en petite quantité n’est pas sans effet négatif sur l’organisme ».
« Aucun médecin ne vous dira de prendre un médicament à vie. Alors que quand vous prenez des apéros, des aphrodisiaques, vous développez une certaine dépendance et vous en consommez sur de longues périodes au point de ne plus pouvoir s’en séparer », a conclu l’infirmier.
Natacha HOUADJETO (Stag)
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