(Quid de la libération de Madougou, Aïvo…, du retour des exilés, de la concertation, et du dialogue souhaités)
Annoncée la veille à grand renfort médiatique, la rencontre entre le chef de l’Etat béninois, Patrice Talon et son prédecesseur Yayi Boni, a effectivement eu lieu hier mercredi à la présidence de la République. Un peu avant 11 heueres, et sous la pluie, l’hôte du locataire de la Marina arrive à bord de son véhicule. Son fils Chabi (Yayi) a été aussi aperçu.
Au Palais de la Marina, le président Patrice Talon accueille avec chaleur, et dans le strict respect des gestes barrières, son prédécesseur qu’il a vu il y a cinq ans. Il le conduit dans la salle d’honneur réservée aux personnalités de son rang. « Monsieur le président, ravi de vous accueillir ici, où vous avez consacré dix ans de votre vie au Bénin. J’attendais ce moment, tous les Béninois aussi. Je suis ému et très fier », déclare, Patrice Talon. Un tête-à-tête s’en est suivi. Une cinquante de minutes auront suffi pour échanger sur des préoccupations qui durent depuis la période de l’élection présidentielle et même bien avant. ” Le Président Talon et moi avons fait le tour d’horizon sur les questions de paix, de sécurité, de démocratie et de développement dans notre pays.
Nous sommes convenus que la décrispation politique est indispensable à la paix durable dans notre cité commune afin d’assurer notre vivre ensemble, la concorde et la cohésion nationale. Ce n’est pas une affaire Talon-Yayi mais la question est plutôt de savoir que faire pour que nos concitoyens savourent la joie, le plaisir et le consensus pour affronter les défis et chocs intérieurs et extérieurs auxquels le pays reste confronté, en particulier lors des consultations électorales ces trois dernières années”, explique l’ex chef de l’Etat béninois. Dans son poinnt au sortir, il souligne : ” Dans cette perspective, il y a lieu de prendre dans un bref délai les mesures de salut national ci-après: Mettre fin à toutes les arrestations politiques et d’opinion pour permettre à tous nos compatriotes réfugiés récemment à l’étranger de rentrer chez eux, libérer tous les détenus politiques dont entre autres nos compatriotes Madame la ministre Reckyath Madougou et le Professeur Joël Aïvo candidats recalés à la dernière Présidentielle. Bien évidemment, le cas de nombreux jeunes en souffrance dans nos prisons ne nous a pas échappé”. Yayi Boni poursuit en évoquant le cas des fils et filles du Bénin qui pour diverses raisons ont dû fuir le pays pour l’extérieur : ” Puiser dans l’arsenal institutionnel idoine afin de favoriser le retour sans délai dans la mère Patrie de tous les exilés politiques condamnés ou non. Les plus célèbres sont connus Mesdames et Messieurs Fatoumata Djibril, Sébastien Ajavon, Komi Koutché, Valentin Djenontin, Lehady Soglo, Simplice CODJO, Léonce Houngbadji, etc.” Le président Yayi souhaite également que Patrice Talon puisse ” institutionnaliser une concertation périodique avec les Anciens Présidents et autres sages de la société civile pour prévenir toute crise susceptible de remettre en cause notre démocratie, la paix et notre vivre ensemble au sein de notre Communauté”. Aussi, lui a-t-il demandé d’ ” ouvrir une concertation avec la classe politique en vue de discuter des questions politiques, sources de crispation sociale et d’éviter toutes formes d’exclusion”. Pour Yayi Boni, “à situations exceptionnelles, mesures exceptionnelles. La crispation politique et ses conséquences sociales ont une cause. Elle est politique. Il faut donc une solution Politique pour juguler cette crise politique”. Mais déjà, il insiste sur le dialogue pour éviter les morts au lieu d’attendre qu’il y ait des morts avant de penser à dialoguer. ” Ma requête est celle du Président Soglo et de tout un peuple. Il appartient au Président Talon de prendre en urgence une décision historique et patriotique pour le bien de la Nation, l’intérêt général, ce qui permettra, aux filles et fils du Bénin, d’apporter leurs pierres à l’édification de notre Grand et Beau pays”, conclut Yayi Boni qui dégage ainsi la balle de la décrispation, de la réconciliation et de la paix dans le camp de son successeur. Patrice Talon va-t-il donner satisfaction à cette requête? Si oui, dans quel délai? Toute la question est là.
Lionel Talon et Chabi Yayi, des artisans de la paix
Pour ce qui se chuchote sur cette rencontre entre les deux hommes d’Etat, Yayi Boni et Patrice Talon, c’est qu’il y a eu des coulisses avant qu’elle ne se tienne. Dans son compte rendu hier sur ce tête-à-tête, Jeune Afrique fait savoir qu’il a dû avoir des négociations familiales notamment l’intervention des entourages familiaux des deux hommes. « Selon nos informations, Thomas Boni Yayi a, depuis plusieurs semaines, exprimé le souhait de rencontrer Patrice Talon pour apaiser les tensions politiques. Ses premiers efforts pour prendre contact avec son successeur ont été vains. Mais dans le courant du mois d’août, Chabi Yayi, son fls cadet, s’est inquiété de la situation auprès de Lionel Talon, le fls du président. Chabi Yayi et Lionel Talon, tout deux âgés de 35 ans, ont fait une partie de leurs études ensemble et se rencontrent régulièrement dans le privé. Ce dernier a intercédé auprès de son père, et organisé avec lui un premier échange téléphonique. Fin août, Thomas Boni Yayi a appelé Patrice Talon depuis Paris, où il se trouvait depuis plusieurs semaines aux côtés de son épouse Chantal Yayi. À l’issue de ce premier échange, les deux hommes ont convenu de fxer un rendez-vous en bonne et due forme pour ce 22 septembre», rapporte le magazine. Et de poursuivre : «Chabi Yayi, ainsi que Rachelle Yayi, sa sœur, étaient d’ailleurs tous deux présents au palais présidentiel, où ils ont été reçus brièvement par Patrice Talon avant l’arrivée de leur père».
Si les deux amis d’hier Patrice Talon et Yayi Boni ont donc pu se parler hier après plus de cinq longues années de brouille liée principalement à la gouvernance au sommet de l’Etat, c’est bien parce qu’il y a eu en amont des artisans de la paix. Deux jeunes, Lionel Talon et Chabi Yayi qui ont voulu que cette initiative salutaire ait lieu. Ils y ont oeuvré. Vivement que les géniteurs en tiennent comptent. C’est le Bénin qui es sortira gagnant.