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Le Matinal N° 4245 du 10/12/2013

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Cérémonie d’hommage à Nelson Mandela : Barack Obama ovationné
Publié le mercredi 11 decembre 2013   |  Le Matinal


Obsèques
© AFP
Obsèques du président Nelson Mandela : Plusieurs personnalités étrangères présentes
Mardi 10 decembre 2013. FNB Stadium (Soccer City), Johannesburg. Plusieurs personnalités étrangères présentes sont venues dire" adieu "à Nelson Mandela.


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L’Afrique du Sud et le monde entier ont rendu l’hommage qu’il méritait à Nelson Mandela. Sous une pluie battante, des dizaines de milliers de personnes ont assisté à la cérémonie dans l’immense stade de Soweto. Près de 90 chefs d’Etat et de gouvernement avaient fait le déplacement.

En dehors des dirigeants africains et du secrétaire général de l’Onu Ban Ki Moon qui se sont exprimés à la tribune, quatre chefs d’Etat ont pris la parole pour saluer le combat, la personnalité, le courage et le sacrifice du héros de la lutte contre l’apartheid : l’Américain Barack Obama, ovationné, la Brésilienne Dilma Rousseff, le vice-président chinois Li Yuanchao et le président indien Pranab Mukherjee.


Barack Obama a fait figure de vedette en s’en prenant aux leaders des régimes autoritaires
Barack Obama ne s’est pas privé de critiquer ceux qui ne font rien pour leur propre population. « Trop de dirigeants se disent solidaires du combat de Madiba pour la liberté, a-t-il lancé, mais ne tolèrent pas la même chose pour leur propre peuple ». La foule a littéralement ovationné Barack Obama. Le Cubain Raul Castro a qualifié Nelson Mandela d’exemple d’intégrité et de persévérance impossible à dépasser pour toute l’Amérique latine.

« Du sang africain coule dans nos veines », a-t-il scandé. Pour Barack Obama, Mandela constituait un exemple, à qui il attribue une partie de sa vocation politique. A 19 ans, alors qu’il était étudiant en Californie, le futur président avait rencontré des membres de l’ANC, le parti de Mandela, et embrassé la lutte contre le pouvoir raciste blanc.

Il avait donné le premier discours politique de sa vie à cette occasion. Barack Obama a volé la vedette à tous les autres dirigeants à la tribune. Juste avant de s’adresser à la foule du stade de Soweto, il est allé serrer la main du dirigeant cubain Raul Castro, une image forte en ce moment de recueillement en l’honneur de Nelson Mandela qu’Obama a qualifié de « grand homme ». « C’était le dernier grand libérateur du XXe siècle. » Symbole fort également que ce premier président noir des Etats-Unis saluant la mémoire du premier président noir d’Afrique du Sud.

« Cuba a eu le privilège de combattre et d’être un bâtisseur aux côtés des nations africaines », a-t-il souligné, évoquant ainsi les milliers de combattants cubains envoyés en Angola combattre la puissante armée sud-africaine, vaincue en 1988, un des éléments déclencheurs de la fin de l’apartheid. Il a rappelé les liens d’amitié qui unissaient Mandela et Fidel Castro.

Le président indien Pranab Mukherjee a souligné l’influence du mahatma Gandhi, et de Nehru sur le libérateur sud-africain. Gandhi avait commencé son combat contre la ségrégation et les inégalités en Afrique du Sud, avant de revenir mener la même lutte sur le sol indien. Le Chinois Li Yuanchao, plus distant, a salué le rôle de l’Afrique du Sud comme puissance émergente, avec une petite phrase finale sur Nelson Mandela : « Son esprit est vivant pour toujours. » La présidente brésilienne Dilma Rousseff, ancienne guérillera emprisonnée et torturée sous la dictature, a salué en Madiba la plus grande personnalité du XXe siècle.

Zuma hué lors de
l’hommage à Mandela

Les huées qui ont accueilli le président sud-africain Jacob Zuma mardi lors de la cérémonie d’hommage à Nelson Mandela témoignent de son impopularité, mais aussi de la désillusion de nombre de Sud-Africains, 19 ans après les grands espoirs nés avec l’avènement de "Madiba". Le Congrès national africain (Anc), parti au pouvoir depuis 1994, reste certes la principale force politique du pays, et tous les analystes lui prédisent une large victoire aux élections générales d’avril prochain. Mais l’incapacité à relever les défis les plus lourds de l’après-apartheid, chômage, éducation et logement notamment, ont fortement entamé le crédit du "parti de la libération" auprès d’une large part de la population.


Même si les sifflets, mardi, semblaient partir essentiellement d’un groupe de partisans de Julius Malema, le jeune leader populiste expulsé de l’Anc. Phumzile Vilakaza, la trentaine, a quitté le stade mardi avant même la fin du discours de Jacob Zuma : "Je ne l’écoute pas. Il devrait penser à nous, ici. On en a marre des impôts qui augmentent, des péages, des prix de la nourriture qui montent, alors que la plupart d’entre nous n’avons pas de boulot. " "Les gens disent que Zuma est corrompu", renchérit Themba Nkunzana, 39 ans, ex-membre de l’Anc qui a quitté le parti quand Zuma a pris le pouvoir.

"Il a piqué 200 millions dans les caisses de l’Etat pour sa résidence. " Cette "affaire" de la résidence privée du président, rénovée au frais de l’Etat pour plus de 200 millions de rands (14 millions d’euros), a fait scandale, et écorné l’image personnelle de Jacob Zuma, chef d’un pays où des millions de gens vivent encore dans des bidonvilles sordides sans eau ni électricité. "Notre président actuel en profite, avec sa famille, alors que Madiba (Nelson Mandela, ndlr) travaillait pour le peuple", assure Shadreck Monnakgotla, également présent à la cérémonie mardi :

"Regardez la résidence, Madiba n’a jamais fait construire quelque chose comme ça à Qunu (son village), sa maison est très modeste. " Ella Mokone, 53 ans, comprend elle aussi les sifflets : "C’est à cause de ce scandale, il gaspille de l’argent pour construire des maisons pour toutes ses femmes", dit-elle, dans une allusion à la polygamie du président, qui a actuellement quatre épouses. Et l’on reproche également au président de protéger certains de ses ministres officiellement accusés de corruption, dont il n’exige pas la démission.

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