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Tentative d’assassinat du Président de l’ONG-Alcrer : des militants des droits de l’homme appellent à la mobilisation contre la barbarie
Publié le mercredi 11 decembre 2013   |  La Presse du Jour


Le
© Fraternité
Le président de l’Ong Alcrer, Martin Assogba


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L’agression barbare dont a été victime M. Martin Assogba, Président de l’ONG Alcrer, dans la nuit du lundi 9 décembre 2013, en ce moment où l’Union Européenne et la communauté internationale commémorent la journée internationale des droits de l’homme, continue de susciter des réactions. Pour certains responsables politiques et militants d’organisations de défense des droits de l’homme, l’heure est grave au Bénin et il est temps de se mobiliser contre l’imposture, la barbarie… dans lesquelles s’illustrent le régime du changement.
Me Aboubacar Baparapé (Avocat): « Cette agression montre que l’insécurité est de plus en plus grandissante au Bénin malgré les millions de F Cfa engloutis dans une opération Djakpata mal pensée. Le pire aujourd’hui est que cela ne concerne plus seulement les femmes du marché Dantokpa, les banques, mais désormais les leaders d’opinion. Le Directeur général de la police nationale a dit que les enquêtes sont en cours pour élucider les tenants et les aboutissants de cette agression. Mais d’ores et déjà, nous, militants des droits de l’homme, disons haut et fort que la responsabilité du pouvoir est entièrement engagée en ce sens que notre Constitution prescrit que l’Etat doit garantir la libre circulation des biens et des personnes, c’est-à-dire la sécurité des citoyens. Si on voie que de plus en plus la sécurité des Béninois est menacée aussi crapuleusement, il y a lieu de s’inquiéter et d’en appeler à la responsabilité de l’Etat. En tout cas, nous lançons un vibrant appel à toutes les organisations de défense des droits de l’homme, les syndicats, les partis politiques,… les invitant à se mobiliser parce que ça n’arrive pas qu’aux autres. Regardez à Zongo il y a quelques jours. Pour un oui ou un non, la police a ouvert le feu sur un citoyen et s’est trouvé des gens pour venir justifier cette barbarie. La situation est très grave, suffisamment grave pour que nous nous taisions. Nous devons nous lever et empêcher le pouvoir de mettre en péril la sécurité des Béninois… »
Séraphin Agbahoungbata (Juriste) : « Le Bénin aujourd’hui est dans un état suffisamment grave sur tous les plans. Nous parlons de crise au Bénin et certains pensent que nous exagérons. Nous n’exagérons en rien. Il suffit de voir ce qui se passe tous les jours en matière de violation des droits de l’homme pour comprendre que l’heure est grave. Le Bénin est dans une crise multidimensionnelle jusqu’à ce que la sécurité du citoyen ne puisse pas être assurée. Martin Assogba n’est pas n’importe qui dans ce Bénin. Avec son ONG-Alcrer, il fait partie des défenseurs des droits de l’homme dans notre pays. Et par rapport à cela, regardez comment il a été fusillé et regardez aussi les arguties qu’avance le Directeur général de la police nationale. Nous sommes en prière pour qu’il recouvre rapidement sa forme puisque s’il trépasse, ce serait une grosse perte pour notre pays. La question qu’on est en droit de se poser aujourd’hui, c’est de savoir à qui profite cette agression, cette barbarie ? A qui profite le crime ? En tout cas, si Martin Assogba a été fusillé, c’est parce qu’on veut le faire taire. Son bruit gêne qui ? Son bruit gêne certainement ceux qui préfèrent le silence de la dictature au bruit de la démocratie. Constatons tout simplement que nous sommes dans un régime politique autocratique, dictatorial où la parole n’est accordée qu’à ceux qui acclament le Chef et les Princes du Chef. Je pense que l’agression perpétrée contre le Président Martin Assogba est suffisamment grave et doit interpeller tous les Béninois épris de paix et de justice. Nous devons donc nous lever pour dire non, trop c’est trop ! Regardez Dangnivo ! Regardez les pauvres paysans de Djidagba ! Regardez les vendeurs d’essence Kpayo qu’on a massacrés ! Regardez les étudiants qu’on a violentés sur le campus universitaire et même dans leurs dortoirs ! Et ainsi de suite ! Demain, ce sera le tour de qui ? Je pense que lorsqu’on atteint ce niveau, on n’attend plus. Il est important… C’est un appel que je lance à toute la société civile, à toute la jeunesse béninoise, aux travailleurs, même aux soldats, à toute la presse béninoise, à tout esprit épris de paix et de liberté, de se lever aujourd’hui pour que nous disions non à la barbarie qui s’installe dans notre pays. Lorsque c’est la tyrannie et que vous ne vous levez pas pour dire non, ça peut être à tout moment votre tour. Nous ne souhaitons pas que cela arrive. Je suis suffisamment révolté. Nous sommes descendus trop dans le gouffre : économiquement, politiquement et aussi sur le plan sécuritaire. Cela fait beaucoup pour ce peuple qui a lutté dur pour accéder à la démocratie. Je suis prêt à tout aujourd’hui pour dire qu’il ne faut plus que ça continue comme nous l’observons sous le régime du changement…Lorsqu’un régime est incapable d’assurer la sécurité de ses citoyens, il démissionne. S’il reste un brin d’honneur, un peu de dignité à M. Boni Yayi, Président de la République, il faut qu’il démissionne parce qu’il est sécuritairement incapable, économique incapable, politiquement incapable de diriger le Bénin… »
Clotaire Olihidé (Membre du Front citoyen pour la sauvegarde des acquis démocratiques) : « J’ai été très consterné lorsque j’ai appris le drame qui a frappé le Président Martin Assogba de l’ONG-Alcrer. Le récit qu’on nous a fait de l’événement nous a paru des plus suspects. Qu’on vienne nous dire quelques instants plus tard que c’était parce que Martin Assogba fait l’objet de jalousie de la part des gens de son quartier qu’il a été agressé, cela me parait trop grossier. Je ne sais pas sur la base de quels éléments le DGPN s’est fondé pour aussi précocement faire des affirmations de ce genre alors que les faits tels qu’ils sont rapportés laissent présager carrément autre chose. Je crois que nous sommes de plus en plus en train d’installer l’insécurité dans le pays. Il faut que nos gouvernants commencent à prendre au sérieux la question de la sécurité des populations, surtout ces personnalités qui sont en vue et que tout le monde sait opposées à la gouvernance actuelle du pays. Je souhaite prompt rétablissement au Président Martin Assogba et j’appelle encore une fois le pouvoir à prendre ses responsabilités … »
Jacques Ayadji (Syndicaliste) « J’ai une grande pensée pour le Président Martin Assogba. Je prie le Seigneur pour qu’il recouvre rapidement sa forme car nous avons besoin de lui pour les combats futurs qui vont permettre de libérer le Bénin des griffes de ceux qui ont pour seule ambition de nous replonger dans un régime d’exception. Les propos du DGPN sont assez inquiétants. Il a dit qu’il y a déjà des indices et que le Président Martin Assogba a été agressé parce qu’il aurait un grand amour pour le développement de son quartier et que cela suscite des jaloux. Cela veut dire qu’aujourd’hui au Bénin, lorsque vous avez un amour pour le développement de votre pays, vous êtes en danger. Donc c’est grave ! C’est une guerre que le gouvernement et le DGPN ont déclenchée à ceux qui aiment le Bénin parce que je ne comprends pas comment il peut comprendre aussi rapidement que c’est parce que Martin Assogba aurait un grand amour pour le développement de son coin qu’il a été fusillé. Ces propos sont graves ! Cela veut dire que même si demain nous arrivons à élire un Chef d’Etat qui aime le Bénin, il sera fusillé. Je trouve alors raison à Yayi de ne pas aimer le Bénin parce qu’il craint, selon les arguments avancés par son DGPN, d’être fusillé. Et c’est grave ! En votre qualité d’hommes de la presse, vous devez nous aider à relayer au maximum ces déclarations du DGPN. C’est une erreur monumentale qu’il a faite. Dieu est avec nous et ces gens-là vont chaque fois se tromper en disant des choses pour montrer leur vraie face. Car comment le DGPN sait-il que Martin Assogba n’est pas aimé dans son quartier ? »
Sacca Fikara (Député à l’Assemblée Nationale) « Lorsqu’un homme est agressé, la première chose que les vrais policiers regardent, c’est de voir où il a reçu les coups. Lorsqu’on tire dans le cou de quelqu’un, cela veut dire qu’on ne veut que sa mort. On a tiré pour tuer Martin Assogba. Il faut oser le dire. Ce n’est pas une vengeance de quartier comme le prétend le Commissaire Philippe Houndégnon. Si on a osé attenter ainsi à la vie d’un défenseur des droits de l’homme qui s’est exprimé 72 heures plus tôt sur la décision rendue à Paris au sujet de l’extradition de Patrice Talon recherché par le Chef de l’Etat, il y a de quoi se poser des questions. La coïncidence est trop flagrante à mon avis. Disons tout simplement que le rubicond a été franchi. Le cap des assassinats crapuleux a donc été franchi. Retenons que ce n’est pas pour la première fois que cela arrive. On a assassiné les pauvres paysans de Djidagba (Adja-Ouèrè) et les auteurs de cet assassinat sont connus mais ne sont jamais inquiétés depuis 2007 qu’ils ont été envoyés en mission commandée par le pouvoir et ses structures déconcentrées. Dans la répression contre le Kpayo, des Béninois ont été tués sans que personne ne réagisse. Et le pouvoir s’est dit qu’il peut aller plus loin. Mais cette fois-ci, on va l’arrêter par tous les moyens légaux… »



Propos recueillis par Affissou Anonrin



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