Sauf revirement spectaculaire, le Bénin n’aura pas le 2è Compact du Millenium Challenge Account. Une décision extrêmement grave pour le pays de Boni Yayi, vu les conditions dans lesquelles les Américains lui ont accordé ce Compact et certaines des raisons qui les poussent à le lui retirer.
C’est un énorme Programme de développement qui est en train d’échapper au Bénin. Il s’agit du 2è Compact du Millenium Challenge Account. Selon les informations, il sera compliqué pour le Bénin de se voir renouveler ce Programme. La faute, entre autres, à la situation socio-économique et politique qui prévaut actuellement dans le pays.
On se souvient que le Bénin a bénéficié de ce Programme dans des conditions bien précises. En effet, le Bénin, au moment de la décision des Américains, était un pays où les libertés de chaque population étaient respectées. Ce Programme était le prix à la démocratie. Le Bénin était aussi un pays où la prospérité était une réalité. Enfin, le Bénin était un pays où régnait la bonne gouvernance. Maintenant que les Américains ont décidé de nous retirer ce Programme, il y a lieu d’évoquer ce qui pourrait être les raisons. Au nombre de celles-ci, on peut retenir :
Le respect des libertés : Sur ce plan, beaucoup de faits actuels ont certainement pesé dans la décision des Américains. Car, nul n’ignore aujourd’hui qu’il y a beaucoup de choses à redire au sujet du respect des libertés individuelles. Dans ce registre, la fuite aux Etats Unis du juge Angelo Houssou n’est pas anodine.
Celui-là qui, depuis les non-lieux qu’il a rendus dans les affaires tentative
d’empoisonnement du chef de l’Etat et tentative de coup d’Etat, clame que sa sécurité est menacée et qu’il n’est plus libre. C’est d’ailleurs l’une des belles preuves qu’au Bénin aujourd’hui, les libertés des citoyens ne sont pas respectées. On note également de la part du pouvoir en place l’embrigadement de toutes les institutions de la République, la violation des libertés syndicales et des intimidations de toutes sortes contre tous ceux qui ne parlent pas le même langage que le pouvoir en place. Le procès Patrice Talon et consorts n’en est pas loin.
La prospérité des affaires : Là, c’est le K.O économique. C’est la chasse aux opérateurs économiques nationaux, surtout ceux qui osent porter des jugements sur la manière dont le gouvernement gère ce secteur. Patrice Talon, Sébastien Ajavon en savent certainement quelque chose. Aujourd’hui, les opérateurs économiques nationaux n’ont plus le courage d’investir au Bénin. Ils n’ont plus aucune garantie pour la prospérité de leurs affaires. La destination Bénin n’intéresse plus vraiment leurs collègues étrangers. Car, le climat des affaires au Bénin ne les rassure plus guère.
La bonne gouvernance : Ici aussi, c’est la grande désolation. La mal-gouver-nance s’est installée et généralisée depuis quelques années. Le gouvernement navigue à vue, ses membres préférant cultiver le culte de la personnalité. Tout est ramené au Chef de l’Etat. Le gouvernement, en réalité, n’a plus de boussole.
Tout ce qu’on peut appeler «grands programmes» est voué à l’échec. Le coton, première richesse nationale, est moribond. Les différentes réformes, notamment au sein du poumon de l’économie nationale qu’est le Port de Cotonou, n’ont guère donné les fruits escomptés. La centrale électrique de Maria-Gléta annoncée pour soulager la peine des Béninois en matière de disponibilité de l’énergie électrique se révèle désormais comme du pipeau.
Il ne faudra peut-être pas attendre grande chose de cette centrale montée à la va-vite sans qu’on ne pense à comment l’alimenter. Les députés l’ont fait savoir au ministre en charge de l’énergie, Barthélémy Kassa, lors de son passage récent à l’hémicycle. Il en a entendu pour ses oreilles. La corruption bat son plein. Comment passer sous silence, à cet effet, la validation en conseil des ministres du concours de recrutement d’Agents permanents de l’Etat au profit du ministère de l’économie et des finances ! Un concours pourtant entaché de grosses irrégularités et de corruption.
Que de faits qui contrastent avec les raisons qui ont amené les Américains à donner, à l’époque, le Programme au Bénin. Autre temps, autre mœurs ! Les Américains savent tout cela. Ils ont des antennes dans tous les pays dans lesquels ils investissent, notamment en ce qui concerne le Programme du Millénium Challenge Account.
Le Bénin est donc mal parti pour continuer à bénéficier de ce Programme, surtout que les Américains font de cette suspension une grande préoccupation. Une grosse manne financière qui est en train de filer entre les doigts du gouvernement et qui fera très mal aux populations. Tout ceci à cause des errements du pouvoir en place.