La déconfiture sociale dans laquelle les Béninois vivent prend malheureusement de l'ampleur ces derniers mois. Les syndicats des différentes corporations crient leurs difficultés au quotidien à l'endroit du gouvernement qui leur oppose une attitude vraisemblablement indifférente. En conséquence, la crise sociale s'accentue dans un pays qui vit une précarité inédite.
La situation sociale, politique et économique du Bénin se dégrade peu à peu. Du coup, tous les secteurs d'activités se retrouvent en difficulté. De la Santé à la Justice en passant par l'Education et bien d'autres encore, la tension monte entre le gouvernement et les organisations syndicales.
En effet, les praticiens hospitaliers en grève depuis sept semaines, expriment leur ras-le-bol face à l'absence de réaction de la part du gouvernement. Ils ont désormais opté pour des séances de manifestations publiques lors d'un sit-in tenu cette semaine au ministère de la santé. Mieux, ils menacent de passer à 96 h de grève par semaine, dénonçant la mauvaise foi du gouvernement. Pour se justifier, ils précisent qu'avec 644 millions Fcfa, leurs revendications sont satisfaites, mais le gouvernement fait la sourde oreille face à leurs exigences qui sont entre autres, la prise sans délai du décret permettant indexation sur le salaire de la prime de spécialisation par l'affectation sur ce dernier, d'un coefficient de revalorisation de façon à permettre aux médecins spécialistes d'en jouir pendant la retraite. Aussi, exigent-t-ils, la prise sans délai des arrêtés consacrant la revalorisation de l'indemnité de logement des médecins, pharmaciens, odontostomatologues, d'une part, et l'octroi de la prime d'expertise, d'autre part, conformément au protocole d'accord du 22 mai 2008.
Pression syndicale
D'un autre côté et depuis plus de six mois, les magistrats boudent l'Exécutif. Pourtant, les discussions n'ont pu évoluer et les magistrats membres de l'Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) ont décidé de radicaliser leur position. Ils observent depuis la semaine écoulée, 72 heures de grèves par reconduction tacite. Dans ce combat qu'elle dit d'engager pour le respect de l'État de droit et fortement soutenue par le Syntra-justice (Syndicat des travailleurs de la justice) et le Syntrajab (Syndicat national des travailleurs de la justice et assimilés du Bénin), l'Unamab entend mettre fin aux nombreux actes de déstabilisation et aux manœuvres de subordination du pouvoir judiciaire coordonnés par le gouvernement. Le refus des corrections sollicitées par les magistrats sur les dossiers d'avancement et de reconstitution des carrières est la principale pomme de discorde.
Ça grogne aussi dans le rang des enseignants ayant participé aux différents travaux des derniers examens scolaires et académiques, unes situation qui est due à l'immobilisme des trois ministres chargés de l'éducation nationale qui peinent à régler un problème qui date de plusieurs années. Il s'agit du non-paiement de toutes les primes d'examens scolaires aux ayant droits qui menacent de mener la vie dure à Yayi Boni et son gouvernement si rien n'est toujours fait. Sans compter les menaces du Front d'action des trois ordres d'enseignement qui annonces des actions dans les tous prochains jours.
Difficile dialogue
Face à la non-satisfaction de leurs revendications, les différents syndicats ont reversé leurs préoccupations au cadre de concertation national du dialogue social représenté par les centrales et confédérations syndicales et la partie gouvernementale afin de statuer sur les différents cas pour un début de solution. Et voilà que ce cadre national de concertation est enrhumé du fait de l'absence de dialogue. Le plus étonnant, c'est la surdité et le mutisme immaculés dont fait preuve le gouvernement devant ces cris d'alarme. Cet état de choses donne l'impression que les autorités s'intéressent moins à la préoccupation du peuple. Pour preuve, le séminaire national sur le dialogue social initié par le gouvernement les 28 et 29 novembre 2013 pour améliorer ces rapports avec les partenaires sociaux a connu un échec cuisant. Les secrétaires généraux des centrales et confédérations syndicales n'ont pas été d'accord pour l'absence de certains ministres, notamment ceux en charge de l'enseignement secondaire, technique et professionnel, de l'enseignement primaire, du travail et de la fonction publique. Un acte qui selon eux traduit la mauvaise volonté du gouvernement.
En somme, la généralisation des mouvements de grève dans le pays est mauvais signal pour le régime en place. La reprise attendue du dialogue social s'avère donc nécessaire.