A quelque douze (12) jours de Noël, la ville semble dormir. La crise financière a réduit l’euphorie des fêtes de fin d’année. Les populations rient jaune et ne savent comment cela va se passer. Les rues n’accueillent plus leurs ambiances d’antan. Attend-on le miracle ?
Les guirlandes multicolores sont absentes des artères de la ville métropole. Les boulevards des jouets sont pauvres ; les commerçantes n’ont pu ravitailler leurs étalages. Elles se contentent de vieux jouets invendus parsemés de quelques nouveaux. Particulièrement le renommé Boulevard St Michel-Steinmetz a perdu de son éclat. Les soldes appelés « liquidés » se raréfient.
On avait coutume à voir des boutiques pousser comme des champignons à l’orée de ces fêtes. Mais aujourd’hui, la situation est autre. Il y en a qui ont même fermé avant date. Des commerçants et commerçantes se plaignent de la mévente sur les marchés.
Nafissath, commerçante de son état, confie : « J’ai l’habitude d’importer déjà à trois mois des fêtes de fin d’année, des quantités de marchandises et autres jouets. Mais cette année, tout ce que je vends depuis juin n’est pas épuisé ; comment alors me ravitailler si je sais que je ne vais pas vendre ? », se désole-t-elle.
Raïmy qui aide des expatriés à déballer des stocks de marchandises à l’approche des fêtes regrette l’ambiance tout à fait morose de l’année : « Le risque de déstockage est grand, surtout qu’on n’est pas sûr de ce qui va se passer l’année prochaine ». Yao B. quant à lui, se réjouit toutefois de l’atmosphère devant sa boutique de friperie : « Je fais mes chiffres d’affaires même si ce n’est pas ce que j’avais l’habitude de réaliser. » A la question de savoir s’il faut rester au statu quo dans une affaire, il répond : « C’est là que je n’avance en rien si je dois continuer à être au niveau sans bouger, c’est-à-dire ne pas grandir dans son entreprise ».
A vrai dire, Cotonou n’a pas encore affiché les couleurs des fêtes de fin d’année. Les rues sont ensablées et des ordures jonchent les espaces vides.
Dans le grand marché de Dantokpa, les usagers conjuguent le quotidien avec des soucis de mévente. Certains commerçants endettés ne savent à quel saint se vouer. « Comment rembourser ? », se demande R. D.
La crise financière n’a pas libéré les énergies pour qu’on sente véritablement la fièvre des fêtes de fin d’année. Néanmoins, il faut fêter, absolument. D’ailleurs, la fréquentation des bars et buvettes qui ne désemplissent pas témoignent de la vélocité certains qui se moquent de leur misère et sortent pour quand même se donner du punch. On préfère donner de l’envie que d’étaler sa misère sur la place publique. Sous des costumes bien dressés se cachent des corps rutilant de misère noire. La misère, il faut s’en moquer et fêter : Merry Christmas et Happy New year !
Félix MAHOUGNON