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Adjinakou N° 2182 du 12/3/2013

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Interdiction de protestations et autorisation des marches de soutien : Deux poids, deux mesures
Publié le mercredi 13 mars 2013   |  Adjinakou




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Depuis quelques mois, les marches de protestation, quel que soit le motif et les manifestants sont systématiquement interdites. A l'inverse, les marches de soutien au régime en place et à ses personnalités reçoivent presque toujours un avis favorable. Cette situation engendre des frustrations et fait dire que dans la gestion des libertés publiques, le gouvernement donne l'impression d'avoir choisi de pratiquer la politique de deux poids deux mesures.

Depuis quelques moments, toute marche de protestation est réprimée par les forces de l'ordre si les organisateurs persistent. Les militants du Syndicat national des travailleurs administratifs, techniques et de service de l'éducation nationale ont pris d'assaut le 11 Mars 2013, le cabinet du ministère de l'enseignement secondaire pour protester contre les mutations opérées et l'acharnement subi par les travailleurs dudit secteur. Mais les forces de l'ordre étaient de la partie afin d'étouffer le mouvement.

Dans le souci de crier haut et fort, la magouille dans le concours de recrutement au profit du Ministère de l'économie et des finances, l'Union nationale des scolaires et étudiants du Bénin (Unseb) avec à sa tête André Assè a initié une marche de protestation à Cotonou le mardi 05 mars 2013, au nom de la jeunesse béninoise et surtout des étudiants. Une fois sur les lieux, les manifestants se sont heurtés à l'opposition des forces de sécurité publique qui ont brandi un ordre d'interdiction de cette marche. C'est la désolation dans le rang des manifestants qui ont eu le soutien des têtes de proue des centrales et confédérations syndicales telles que Gaston Azoua de la Cstb. Une semaine plus tôt, le même scénario a été observé laissant André Assè et les siens sur un goût d'inachevé. Le mardi 26 février 2013, les diplômés sans emplois ont été contraints de rejoindre la bourse du travail à Cotonou après l'interdiction de leur mot d'ordre de marcher sur le ministère de la fonction publique.

A Porto Novo, c'est le Syndicat des travailleurs contractuels du Centre hospitalier départemental de l'Ouémé-Plateau qui a retrouvé les forces de l'ordre sur son chemin lors des manifestations qui ont abouti à l'arrestation de leur secrétaire général. Bien d'autres exemples peuvent être énumérés.


Marches de soutien, d'accord !

Il n'y a plus de semaine, voire de jour exempt des marches de soutien et des séances de prière à l'intention de telle ou telle autre autorité. Ces marches consistent, soit à soutenir un programme lancé par le gouvernement en place, soit à apporter du soutien au régime parce que défié par certains groupes qu'ils nomment " les gens d'en face ". Ces derniers ne parlent pas le même langage que le pouvoir en place. Devenant trop familières, les marches cèdent de plus en plus place aux séances de prière mais gardent toutes leurs originalités dans certaines localités du pays comme Gogounou, Parakou. Les prières se sont multipliées à l'annonce de la supposée "tentative d'empoisonnement du Chef de l'Etat". Elles ont repris forme depuis quelques jours avec la supposée " atteinte à la sûreté de l'Etat ". C'est ainsi que le lundi, 11 mars 2013, la population de la commune de Kandi s'est retrouvée autour du ministre de la famille, Fatouma Amadou Djibril pour prier pour le Chef de l'Etat, Boni Yayi, dans la cour de la mairie de Kandi, en présence des notables et sages, chefs couronnés, de l'imam central et des conseillers communaux. Le dimanche 10 mars 2013, les populations de la ville de Porto-Novo, à l'initiative de la ministre Sofiath Onifadé Baba-Moussa, ont eux-aussi, prié pour le Chef de l'Etat ; et c'est la place Idi de la grande mosquée de Gbokou qui a accueilli cette prière musulmane.

Alors, les marcheurs d'hier ont pris d'assaut les églises, les temples, les couvents, les mosquées… dans le seul but de dire "merci" au Tout Puissant d'avoir préservé la vie du Président de la République suite à une prétendue " atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat". Ils ont imploré Dieu afin que la paix et la cohésion règnent maintenant et toujours au Bénin. Voilà que viennent maintenant des prières pour, d'une part dire merci à Allah d'avoir permis la réussite de la campagne cotonnière en cours et, d'autre part pour remercier celui qui l'a initié. A l'opposé des marches de soutien qui, certaines fois, dégénèrent en affrontements, les séances de prières nous épargnent, pour l'instant des troubles à l'ordre public que pourraient occasionner les marches d'humeur.

Frustrations

Des tensions provenant de plusieurs corps sociaux pourraient s'éclater à tout moment dans le pays, à l'allure où évoluent les insatisfactions populaires face à des interminables situations qui suscitent de l'indignation. Que ce soit les nombreux dysfonctionnements décelés au niveau du concours de recrutement des Ape au profit du ministère des finances, ou encore l'affaire Icc-Services dont les déposants attendent toujours de rentrer en possession de leur fonds, l'insatisfaction des travailleurs et autres syndicalistes ; le nombre des sans emplois, qui ne savent même plus à quel saint se vouer et qui sont désespérément à la recherche de leur pitance quotidienne croît de façon vertigineuse. Les négociations entre le gouvernement et les syndicats tardent à reprendre pour ne citer que ces dossiers sources d'indignation. Le tableau n'est pas si étincelant. Cette situation qui pourrait à tout moment engendrer d'autres mouvements d'humeur qui seront presque difficiles à gérer dans le pays si ce n'est par l'envoi de forces de l'ordre pour accentuer les frustrations. Et ce seront les échanges-dîners qui vont régler la situation après les enterrements enregistrés.

Il est tant de mettre fin aux disparités et de considérer ces " gens d'en-face " comme une source pour le développement du pays.
Gathum Gbaguidi

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