Le Chef de l’Etat doit à présent se rendre à l’évidence que la plupart de ses ministres ne lui restituent pas les faits tels qu’ils se posent réellement sur le terrain. Notamment dans le secteur du coton, les réalités ne lui sont pas dites.
Kandi, vendredi 13 décembre 2013. A cette heure ordinaire de l’après-midi où paressaient encore sous des hangars quelques ouvriers et usagers de l’usine Ccb, les commentaires des uns et des autres ont tôt fait de raviver le quiproquo qui a cours entre le gouvernement et les différents animateurs du secteur. Pour beaucoup d’entre eux, la campagne cotonnière 2012-2013 n’a pas généré un bénéfice de 20 milliards comme lui auraient fait croire ses ministres. Bien au contraire, tout calcul fait, le gouvernement doit encore à l’ensemble des acteurs du secteur, pour la campagne écoulée, près de 30 milliards de Fcfa dont plus de 12 milliards aux égreneurs, près de 3 milliards aux transporteurs sans oublier la part que réclament les producteurs et autres ouvriers saisonniers. Des avis émis diversement par les uns et les autres, il ressort que c’est le comité interministériel mis en place pour conduire la campagne cotonnière qui n’aurait pas bien fait son travail. Du moins, les ministres spécifiquement auraient conduit les activités sans contrôle, disons loin de la procédure normale en la matière. Des travailleurs rencontrés sur le parking de l’usine Scn de N’Dali samedi ont même confirmé, eux, que la fraude financière à été sciemment organisée pour privilégier le transport des fibres sur les longues distances. On a préféré faire la part belle en y engrangeant des sous dans les longues distances. Ce qui naturellement a augmenté les frais de transport et alourdit les charges afférentes, pendant que dans les usines du sud, on a laissé cartonner des balles de fibres.
La reddition des comptes s’impose
En dépit des 17,5% des actions de la Sodeco que vient de braquer le gouvernement, qu’est-ce qui peut bien justifier le retard de paiement de ces créances dues aux différents acteurs du secteur ? Le gouvernement s’en va-t-il ainsi donner des raisons supplémentaires aux partenaires financiers du secteur cotonnier en confirmant ce qu’ils avaient prédit contre l’or blanc béninois ? Toujours est-il que la situation que traverse le secteur de notre coton mérite d’être clarifiée. Boni Yayi, en premier, doit chercher à écouter de ses oreilles les inquiétudes exprimées par les concernés du secteur. Qu’est-ce qui peut justifier l’acharnement du comité interministériel à vouloir imposer l’égrenage à façon pour la campagne cotonnière 2013-2014, alors qu’on avait dit que la campagne écoulée se ferait exceptionnellement à titre provisoire ? Le trou financier à combler est-il aussi grand qu’il faut mentir au Chef pour parvenir à ses fins ? N’est-ce pas cette situation qui justifie ce que l’autre ministre insinuait en confiant à un cadre d’usine que le gouvernement ne pourra pas les laisser acheter la Sonapra ? Pourquoi enfin les comptes de la campagne écoulée, au lieu qu’ils soient domiciliés à la Sonapra, l’ont été au Trésor ? A tous ces questionnements, si tant est que Boni Yayi tient à l’obligation de compte-rendu, il doit s’en faire une idée exacte afin de ne pas se faire complice.