Prévisions bancales, dépenses fantômes, recettes fantaisistes ; fréquence élevée de dépenses extrabudgétaires, importantes dépenses propagandistes, partisanes et improductives imputées sur le Budget National ; le budget 2014 soumis à l’assemblée nationale a bien l’aspect d’un brouillon budgétaire qui ne répond à aucune orthodoxie et aux normes en la matière. Le gouvernement de la refondation, spécialisé dans les bons de trésor de l’UEMOA, a encore sacqué ses engagements républicains.
LE PRD de Me Adrien Houngbédji par le biais du député Raphael Akotègnon, porte-parole du parti pour des questions budgétaires, vient de dire non au budget 2014. Et pour cause, plusieurs squelettes dans le placard du gouvernement.
Des institutions orphelines
L’un des squelettes dans le placard du gouvernement, le non-respect des dispositions de la loi n° 2009-09 du 22 mai 2009 portant protection des données à caractère personnel au Bénin et de la loi n° 2011-20 du 30 août 2011 portant lutte contre la corruption et autres infractions connexes en République du Bénin.
Selon le député Akotègnon Raphael du PRD, « depuis sa création il y a trois ans, aucun crédit annuel nécessaire au bon fonctionnement de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) ne lui a été alloué ; le projet de loi de finances, gestion 2014 est également entaché de cette violation de la loi ».
De même, « aucune ligne budgétaire au profit de l’Autorité Nationale de Lutte contre la Corruption (ANLC) n’est visible dans le projet de loi de finances, gestion 2014 tel que transmis à la Représentation Nationale. » Par conséquent, il appert que le projet de loi de finances, gestion 2014 tel que transmis à l’Assemblée Nationale ne respecte pas les dispositions des deux lois susmentionnées. Il devient évident que le gouvernement de Yayi Boni cherche à fragiliser toutes les structures dont l’action pourrait mettre en doute son mode de gestion du pouvoir en leur privant délibérément de budget.
Recettes fantaisistes
De l’analyse l’exercice budgétaire 2013, il ressort des zones d’ombre ou des chiffres imaginaires qui ne reflètent pas le vécu quotidien des béninois : « difficultés et retards de paiement des dettes non salariales et des décomptes aux entrepreneurs (88,6 milliards au 30 septembre 2013) au niveau du Trésor Public ».
Alors que le gouvernement affiche un taux de recouvrement de 72,5% des ressources, on peut aussi se demander « si les recouvrements de ressources affichés sont vrais, pourquoi notre pays a-t-il recouru, au cours des trois (3) dernières années et ceci, de plus en plus, aux Bons du Trésor de l’UEMOA ? Pour le gouvernement, la cause fondamentale des difficultés économiques qui sévissent actuellement au Bénin réside dans la crise économique et financière mondiale.
Or, de source sûre, « les arriérés, c’est-à-dire les dépenses ordonnancées, non payées et datant de plus de trois (3) mois se chiffrent à 93 milliards environ. Ce qui perturbe sérieusement la trésorerie au niveau des entreprises et, ajouté au non remboursement des spoliés par ICC-Servies et consorts », explique la morosité de la situation économique et sociale de notre pays.
Des chantiers à l’abandon
A fin septembre, plusieurs chantiers inscrits sur les Programmes d’investissements Publics (PIP) piétinent ou sont en souffrance pour insuffisance de financements surtout ceux financés sur ressources extérieures qui connaissent un taux de réalisation de 22,2%.
Plusieurs chantiers souffrent ou piétinent ou seulement abandonnés à cause de ce déficit d’investissement ; parmi ceux-ci : le projet de protection de la côte à l’est de l’épi de Siafato, l’aménagement et le bitumage de la route Djrègbé-Djala- Owodé , construction et l’équipement de l’aéroport de Tourou, la construction du pont de Malanville et l’aménagement de la place de l’Indépendance de ladite ville ; la construction du nouveau siège de l’Assemblée Nationale, la construction de la Centrale Électrique TAG 80 MW de Maria-Gléta ; la construction de la route Ouidah-Tori.
Les travaux sont abandonnés de façon périodique, suspendus fréquemment pour décomptes impayés ou pour défaillance de l’entreprise adjudicataire ou par le fait de la corruption.
Prévisions irréalistes
Il convient de souligner ici « le caractère irréaliste des prévisions budgétaires retenues par le gouvernement pour 2014. En effet, les prévisions budgétaires faites ne respectent souvent pas les normes généralement admises en finances publiques : la règle de la pénultième année, l’indexation sur le taux de croissance du PIB, l’exploitation des données du Tableau des Opérations Financières de l’Etat (TOFE), la technique de l’évaluation directe ».
Comment comprendre que le gouvernement inscrit des prévisions de loyers d’immeubles à encaisser qui passent de 0 en 2013 à 12 milliards en 2014 sans spécifier dans quels immeubles. En manque de vision, de créativité, le gouvernement compte toujours sur les partenaires au développement pour financer le déficit budgétaire. Mais le contexte de la crise de la dette qui secoue l’Europe, il est évident que les pays concernés, les institutions de Bretton Woods et autres PTF vont revoir leurs contributions en direction des pays les moins avancés. Déjà le Danemark et les Pays-Bas se sont retirés progressivement de notre pays pour mauvaise gouvernance, au profit d’autres pays tels que le Ghana, le Kenya, le Mali, etc. Le Canada a raillé le Bénin de sa liste et les États Unis plus récemment avec le MCA ont flanqué un carton rouge à Yayi Boni pour sa vision hasardeuse du développement et l’idéologie de corruption instaurée.
Il est donc « paradoxal, utopique et au demeurant ridicule de compter à 75% sur d’autres pays pour financer notre déficit budgétaire lorsqu’on sait que ces pays-là se débattent actuellement pour réduire ou effacer leur propre déficit budgétaire.
En réalité, les projets de budget de l’ère du changement sont tous déséquilibrés, car le défaut de financement des déficits est de plus en plus chronique avec pour corollaire, l’accumulation des arriérés de paiements intérieurs ». En réalité le Budget 2014 a zappé toutes règles en la matière et le gouvernement est demeuré sourd à la plupart des amendements proposés par les Députés malgré l’existence de plus de 102 milliards de dépenses non réparties.