L’ancien ministre Roger Gbégnonvi et l’ancien député Janvier Yahouédéou étaient hier lundi 16 septembre 2013 les invités d’un débat sur Canal 3 Bénin. Au cours de ce débat contradictoire manqué, les deux acteurs de l’opposition ont réagi par rapport à la perte du deuxième compact du programme du Millenium challenge account (Mca) par le Bénin.
Le Bénin stratégiquement expédié de la table du deuxième Compact du Mca se morfond. Ses acteurs politiques en l’occurrence Roger Gbégnonvi et Janvier Yahoudéhou se désolent. Pour le premier, c’est un effondrement du capital confiance du pays Bénin sur la scène internationale. Quand au second, il n’y a pas autre attitude à adopter face à cette débâcle que de s’enfermer et de pleurer la honte d’un béninois meurtri par la succession des mauvaises nouvelles dues à la mal gouvernance d’une poignée de Béninois actuellement aux commandes. Pour l’ancien ministre Roger Gbégnonvi, l’héritage de prestance et de confiance construit sur la sueur des braves Béninois depuis des années est en train de partir en lambeaux du fait de l’incapacité de certains à maitriser leur voracité. Le Bénin, enfant peu vertueux a été à raison selon eux gentiment congédié aux noces du Mca simplement parce que le régime actuel a depuis quelques années déjà, éprouvé un plaisir surprenant de détruire l’héritage Kérékou en multipliant les mauvais exemples sur les plans de la lutte contre la corruption, la protection des libertés démocratiques, la justice équitable et autres. Avec la sueur des américains, affirme Roger Gbégnonvi, le Bénin sous un militaire appelé Mathieu Kérékou a eu le privilège de bénéficier de ce compact qui a permis de mobiliser 167 millions de dollars. Un apport financier considérable qui a permis selon lui de faire de grandes enjambées dans les domaines de la modernisation des infrastructures portuaires, de la justice, du foncier et autres. Plusieurs tribunaux de haute standing, des Plans fonciers ruraux, des infrastructures portuaires et bien d’autres infrastructures ont vu le jour avec ce compact. Il suffisait juste d’une petite dose de sagesse de ses dirigeants et le Bénin, aurait pu passer le cap. Mais patatras. En clair, de quoi s’agit-il ? Il s’agit selon Janvier Yahouédéou d’un régime qui a œuvré à détruire l’espoir suscité par le Président Mathieu Kérékou. Il s’agit selon l’ancien député d’un régime qui a fait le choix de multiplier les scandales sans justice pour les coupables, un régime qui a mobilisé des milliards dans des projets infructueux. Pour lui, c’est un gouvernement qui se soucie peu du secteur judiciaire fragilisé par des grèves répétées ; un gouvernement qui est fait maître dans l’art de mettre entre parenthèses les libertés démocratiques, de retarder exprès l’organisation des élections pour des ambitions politiciennes, de persécuter ses hommes d’affaires et de saquer le dialogue public privé. Pour Roger Gbégnonvi, les Etats-Unis ont raison d’adopter cette posture qu’il ne faudra pas voir sous un angle trop optimiste comme beaucoup semblent s’en vanter. « Il faut que cela soit clair. Pour la Sierra Léone qui sort d’une guerre, on lui a dit de corriger ce qui doit être pour être éligible. Tel n’est pas le cas du Bénin. On nous a donné 8 mois pour corriger et après on reprend l’examen comme tout nouveau et si on est retenu, on pourra maintenant espérer. Il faut que cela soit clair. La situation de la Sierra Léone est plus reluisante que la nôtre et il faut qu’ils arrêtent de nous comparer à ce pays », a-t-il affirmé.
Grosses affaires de corruption
Janvier Yahouédéou montrera que ce sont les grosses affaires à l’instar de celle en cours actuellement au Port de Cotonou à propos du contrôle des importations qui ont fait perdre au Bénin la confiance des Etats-Unis. Selon lui, ce marché qui porte sur des centaines de milliards de francs Cfa a été attribué par un contrat de gré à gré à la Société Segub. Une procédure qui cache un gros scandale. L’ancien député a par ailleurs ajouté que le régime de Yayi Boni a perdu toute crédibilité parce qu’il s’est englué dans plusieurs scandales.
Absence de volonté de politique…
L’ancien ministre de l’Alphabétisation, Roger Gbégnonvi a informé qu’aucun ministre sous le Changement n’agissait sans l’accord du Chef de l’Etat. Ce qui lui fait dire que ces ministres ne peuvent être responsables sans qu’on n’interpelle le Chef de l’Etat. « On veut faire croire qu’on lutte contre la corruption. On sait très bien que la procédure en cours devant la Haute Cour de justice ne prospérera pas », a-t-il fait observer. Roger Gbégnonvi indiquera que la lutte contre la corruption aura du mal à prendre corps car il n’existe pas de volonté politique au Bénin. A l’en croire, Yayi Boni a choisi de jeter des milliards et a refusé de donner les moyens nécessaires à l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (Anlc) pour qu’elle travaille.
Balle à terre…
Hier, les deux invités ont tenté d’amener le gouvernement à poser des actes pouvant éviter au Bénin de perdre définitivement le 2ème compact du programme Mca. Selon le député Janvier Yahouédéou, Yayi Boni doit « ramener la balle à terre pendant qu’il est encore temps ». « Nous avons une histoire qu’il faut respecter. Il y a l’esprit de la Conférence des forces vives de la Nation. Il nous faut la tolérance. Yayi doit se mettre au dessus de la mêlée », a-t-il déclaré. L’invité soulignera par ailleurs qu’il faut que le gouvernement respecte désormais les décisions de justice. Une proposition que renchérira Roger Gbégnonvi en exigeant, lui, la libération des personnes détenues illégalement dans les affaires tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat. L’ancien ministre a également invité le Chef de l’Etat à permettre aux exilés politiques de rentrer au pays.