Après deux ans et demi de travaux, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église rend ses conclusions mardi 5 octobre. Son contenu doit rester secret jusqu’au dernier moment, mais déjà quelques chiffres ont été divulgués.
Les premiers chiffres du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église sont vertigineux. Depuis 1950 en France, entre 2 900 et 3 000 pédocriminels, prêtres ou religieux, ont sévi au sein de l’Église catholique. C’est en recueillant les témoignages de 6 500 personnes que cette estimation a pu être établie. Parmi elles, la moitié se considère comme victimes d’abus sexuels au sein de l’institution catholique.
En parallèle de ces investigations, l’étude est complétée par une vaste enquête menée auprès de 30 000 personnes représentatives de la population française afin de quantifier les abus sexuels au sein de l’Église dans le contexte plus général des abus dans l’ensemble de la société.
Le président de la commission d’enquête, Jean-Marc Sauvé, rappelle néanmoins que les chiffres qui vont être publiés pourraient bien être une fourchette basse, autrement dit la partie émergée de l’iceberg. Car les victimes qui ont été entendues se sont manifestées de leur plein gré après un appel à témoins. Toute la question est donc de savoir combien d’entre elles sont passées à côté de cette enquête.
« C’est votre croix »
Le rapport de la commission Sauvé est regardé avec intérêt au Vatican, signale notre correspondant Eric Sénanque. En recevant vendredi dernier le dernier groupe d’évêques français alors en visite ad limina à Rome, le pape François est revenu longuement avec eux sur la crise profonde des crimes sexuels qui sera dont le rapport de la Ciase doit donner les détails ce mardi.
« C’est votre croix », leur a lancé le pape, conscient des enjeux. Lors de cette rencontre, le président de la conférence des évêques de France a remis une note de synthèse au souverain pontife dans laquelle est résumée la gravité du sujet, sans pour autant connaître le détail des révélations.
En février 2019 lors du sommet exceptionnel sur la pédophilie au Vatican, le pape avait appelé de ses vœux des « mesures concrètes et efficaces » des Eglises locales face à ce fléau. Les recommandations de la commission Sauvé sont ainsi particulièrement attendues au Vatican. En juillet dernier, dans un entretien au journal La Croix, le cardinal Secrétaire d’Etat Pietro Parolin avait invité à « ne pas avoir peur de la vérité » suites aux révélations du rapport. Le pape, lui, pourrait s’exprimer mercredi sur ce rapport à l’issue de sa traditionnelle audience générale.
Source : rfi