En vue de l’intégration économique et monétaire, les huit pays membres de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (Uemoa), s’engagent à mettre en place les bases de leur adhésion à l’Eco, projet de monnaie unique de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). Cette décision historique marque une étape significative dans la réalisation d’un projet commun : construire collectivement la croissance des pays de la Cedeao et faire de cette zone, l’épicentre d’une prospérité qui bénéficiera aux générations actuelles et futures. Membre de l’Union, l’initiative d’une monnaie unique impacte l’économie béninoise.
La création de la monnaie unique de la Cedeao est un des objectifs fondamentaux de cette Communauté, depuis sa création le 28 mai 1975. A compter de cette date, cet objectif a été régulièrement réaffirmé par les plus Hautes Autorités de la Communauté lors de leurs sessions, dont la dernière s’est tenue en juin 2019 à Abuja (Nigeria). Son objectif est double : améliorer les échanges entre les différents pays membres, renforcer la stabilité et la résilience des économies et impulser une croissance forte, durable et inclusive au niveau de la région.
En vue de permettre aux économies de l’Uemoa de se préparer à l’Eco, les accords de coopération monétaire liant les Etats membres de la zone à la France ont été profondément remaniés. Concrètement, trois décisions ont été prises, notamment, le changement du nom de la monnaie Franc Cfa en Eco, lorsque les pays de l’Uemoa intégreront la nouvelle zone Eco de la Cedeao ; l’arrêt de la centralisation des réserves de change au Trésor Français, la fermeture du compte d’opérations et le transfert à la Bceao des ressources disponibles dans le compte ; le retrait de tous les représentants français dans les organes de décision et de gestion de l’Uemoa (Conseil d’Administration de la Bceao, Commission bancaire et Comité de Politique Monétaire).
Par ailleurs, dans l’optique de faire de l’Eco le fondement du dynamisme de l’union économique, ainsi que de la prospérité des populations des pays concernés, les plus Hautes autorités de l’Uemoa ont souhaité conserver deux piliers clefs de la stabilité monétaire de la zone : le maintien du taux de change fixe par rapport à l’euro (qui assure la parité actuelle) et la garantie de convertibilité illimitée de la monnaie par la France.
Les décisions actées le 21 décembre 2019 à Abidjan, représentent ainsi un tournant majeur vers la mise en place de l’Eco et n’affectent en rien l’usage quotidien du Franc Cfa par les populations et les entreprises de l’Uemoa.
Impact sur l’économie béninoise
La mise en œuvre d’une telle réforme, initialement prévue en 2020, a été reportée à 2027, en raison de la nécessité d’articuler la réforme avec la feuille de route du projet de monnaie (du même nom Eco) commune à l’ensemble des pays de la Cedeao, dont les pays de l’Uemoa sont aussi membres.
D’après les études réalisées par la Direction générale des affaires économiques (Dgae), l’adoption d’une monnaie unique dans l’espace Cedeao augmenterait les exportations du Bénin vers les pays de la Cedeao non-membres de l’Uemoa (Cap-Vert, Gambie, Ghana, Guinée, Libéria, Nigéria, Sierra Léone) de 3,9%, mais elle augmenterait les importations en provenance de ces pays de 35,5%. L’effet net serait donc un déficit commercial du Bénin vis-à-vis de la Cedeao. Les résultats indiquent également que les taux de croissance de l’investissement et du Pib du Bénin répondent positivement à un accroissement des importations tandis qu’ils sont insensibles à l’accroissement des exportations. Ainsi, la monnaie unique exercerait un effet positif sur les taux de croissance de l’investissement et du Pib par le canal des importations.