Le Procureur du Tribunal de première instance de Calavi était hier face à la presse afin d’expliquer les raisons de la mise en liberté des présumés coupables dans la tentative d’assassinat de Martin Assogba, président de l’Ong Alcrer. A travers un point de presse qu’il a donné dans la matinée d’hier dans l’enceinte du Tribunal de première instance d’Abomey-Calavi, le Procureur Appolinaire Dassi a appelé les populations de Ouèdo au calme et a affirmé que la lumière sera faite sur cette affaire.
« Aucune charge ne pèse sur ces 8 personnes qui nous ont été présentées. Elles sont toutes partisanes de la lutte contre le bradage des réserves administratives dans l’arrondissement de Ouèdo avec Martin Assogba ». Ainsi s’est exprimé hier Appolinaire Dassi, Procureur du Tribunal de première instance d’Abomey-Calavi lors du point de presse qu’il a donné sur la mise en liberté des 8 présumés coupables arrêtés dans l’affaire tentative d’assassinat de Martin Assogba, président de l’Ong Alcre, dans la nuit du 9 décembre 2013. Dans une démarche d’apaisement des populations de Ouèdo pour ce qui est de leur sécurité, le Procureur a expliqué les raisons qui ont amené le Tribunal de première instance de Calavi compétent pour connaître de ce dossier, à demander la mise en liberté des 8 personnes arrêtées le lendemain de l’évènement.
Les Faits
« Le lundi 9 décembre 2013 aux environs de 22 heures, nous avions reçu un compte-rendu de Madame le Chef poste de Gendarmerie de Ouèdo de ce que le Sieur Martin Assogba, président de l’Ong Alcrer a été fusillé alors qu’il rentrait chez lui. A 00h30’ : le Garde des sceaux a exigé à nous rencontrer alors qu’il est à l’Hôpital de Zone de Calavi. Ce que nous avons fait. Ensuite, vers 1 heure du matin, nous nous sommes rendus à Ouèdo où nous avons constaté la présence de la Police scientifique pour le constat. Sur les lieux, nous avons écouté des gens, nous avons observé même au domicile de Martin Assogba situé à 300 mètres du lieu de l’acte. Par décision 2395/Pr/Ac/ en date du 10 décembre 2013, une Commission d’enquête mixte a été mise en place. Le lendemain, on nous donne l’information selon laquelle 6 personnes ont été appréhendées aux encablures du domicile du Maire d’Abomey-Calavi. Ensuite, 2 personnes dont un coiffeur ont été appréhendées.
C’est ainsi que nous avions demandé les procès verbaux avec scellés. Nous avons étudié les procès verbaux et nous avions demandé la prorogation de la garde à vue. Le lundi dernier, nous avions demandé à nouveau le déferrement avec les résultats des réquisitions. Après audition des 8 personnes, nous avions demandé à écouter le Chef village de Dassèkomey et le chauffeur de Martin Assogba. Il faut noter que le rapport de la Police scientifique mis à notre disposition montre que c’est un professionnel qui a utilisé l’arme artisanale pour masquer le crime.
La sentence
« C’est un exercice délicat qui concerne un dossier sensible. Et selon la loi 2012-15 du 08 mars 2013 qui demande le secret de l’instruction, il s’agit d’un travail de professionnel. Donc, avant de prendre la décision de la mise en liberté de ces personnes, nous nous sommes référés au Procureur de la Cour d’Appel de Cotonou. Aucune charge ne pèse sur ces personnes », a-t-il ajouté. « Nous demandons aux populations de Ouèdo de rester calme et que l’enquête suit son cours. La justice est toujours là pour jouer sa partition », a-t-il conclu.
« C’est un professionnel qui a utilisé l’arme artisanale pour masquer le crime », selon le procureur
Le procureur Apollinaire Dassi est formel. L’auteur des tirs sur le président de l’Ong Alcrer n’est pas le petit malfrat du coin. S’appuyant sur l’expertise de la police nationale et sur sa conviction de juge après l’examen des éléments de preuves à charge contre les présumés auteurs et complices de la tentative d’assassinat sur la personne de Martin Assogba, le procureur Apollinaire Dassi est même péremptoire : « C’est un professionnel qui a utilisé l’arme artisanale pour masquer le crime ». A une personne intelligente, peu de mots. Le procureur du Tribunal de première instance de Calavi ne peut pas dire plus pour faire comprendre aux illuminés qui ont tôt fait de trouver une piste et des coupables qu’une enquête judiciaire bien ficelée, c’est d’abord un mobile et des preuves tangibles. Ni plus ni moins. La lumière est donc très loin d’être faite sur cette affaire. Et à l’analyse des propos du juge, il est aisé de comprendre qu’au lieu d’un travail scientifique, certains ont sauté sur l’occasion pour politiser l’affaire en dressant tout de suite le profil robot des coupables. Mais échec et mat. Ils devront revoir leur stratégie.
Car, le procureur Dassi ne s’est pas fait prendre au piège. Un gros piège qui aurait peut être conduit des innocents en prison. Devant le travail du vrai professionnel tireur, il n’y a l’ombre d’aucun doute. Un travail qui se reconnaît parmi tant d’autres est forcément de quelqu’un bien formé et bien entraîné. Celui-là qui, positionné derrière une moto en déplacement arrive à toucher sa cible assise dans sa voiture qui n’était non plus immobile, est simplement un tireur d’élite. Appelons un chat, un chat et ne nous voilons pas la face. Maintenant, qui est ce professionnel qui se met à tirer sur des personnalités ? Telle est là la vraie question et en attendant de savoir à quoi il ressemble, il faut s’inquiéter et carrément dormir ‘‘les yeux ouverts’’. Autrement, une balle d’un professionnel tirée d’une arme artisanale est vite arrivée.