De nouvelles autorités ont été nommées en Conseil des ministres à la tête des universités dans un contexte où l’enseignement supérieur est appelé à faire sa mue.
Portés par le vent des réformes, les nouveaux recteurs devront se lancer dans une course contre la montre. L’enseignement supérieur du Bénin étant en retard sur les défis de son temps, aussitôt installés vendredi prochain, commence pour eux une bataille pour lui insuffler une nouvelle dynamique. Là-dessus, le gouvernement les attend, à commencer par le chef de l’État Patrice Talon qui, en juillet 2021, appelait à de l’audace. « Nous ne devons pas laisser les générations à venir vivre les peines que nous avons hérité, mais plutôt de meilleures conditions de formation », avait-il lancé. Plus d’une fois, en dehors de ce séminaire sur la stratégie de développement de l’enseignement supérieur, la recherche scientifique et l’innovation, il a marqué son indignation sur les faiblesses de cette composante de l’Éducation. Les nouveaux recteurs, directeurs et doyens nommés après un processus de sélection sont sous pression, en vue de mettre les universités nationales sur orbite. A l’Université d’Abomey-calavi, la tâche revient au Professeur Félicien Avléssi, ancien directeur de l’Epac/Uac et précédemment Vice-Recteur. Du côté de Parakou, l’Université sera dirigée par Bertrand Sogbossi Bocco, ancien ministre de la Réforme administrative. Joachim Gbénou est nommé à la tête de l’Université des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et de la mathématique. Bruno Djossa quant à lui va diriger l’Université d’Agriculture.
Les attentes
C’est un secret de polichinelle que l’enseignement supérieur est devenu une machine qui forme pour le chômage au lieu d’être le moulin d’où sort l’intelligence. L’insertion professionnelle reste donc capitale. Il est nécessaire de proposer des formations plus en adéquation avec les attentes du marché. Vu le rétrécissement du marché de l’emploi et pour réduire le fort taux de chômage, un modèle d’université entrepreneuriale est surtout attendu. « Nous allons surtout travailler à cela. Ce n’est pas de gaité de cœur que nous voyons des gens que nous avons formés au chômage. Nous allons tenir compte de l’environnement aussi », souffle Prof. Albert Honlonkou, directeur nommé de l’École nationale d’économie appliquée et de management (Eneam). Dans le même temps, la communauté universitaire les attend sur de nombreux points. Élue comme étant l’organisation la plus représentative à l’Uac, la Fédération nationale des Étudiants du Bénin (Fneb) dévoile ses attentes vis-à-vis de l’équipe qui sera dirigée par le Professeur Félicien Avléssi. « Nous souhaitons qu’ils soient à l’écoute des responsables étudiants. Il faut que chaque fois que nous sommes confrontés à un problème, on puisse en discuter avec eux pour des solutions. Nous souhaitons une grande salle informatique au profit des étudiants. Nous n’en disposons pas. Il faut qu’ils puissent travailler à équiper notre bibliothèque pour faciliter les recherches aux étudiants. En ce qui concerne les autres infrastructures, il nous manque d’amphis malgré les efforts », a déclaré Igor Tossou, président de la Fneb.
Un œil sur l’Ethique !
Les questions liées à la qualité des formations et à l’éthique ne seront pas du reste. Les universités nationales sont désormais soumises à un Organe national de contrôle et d’éthique dans l’Enseignement supérieur (Onc) créé par le décret 2021-379 du 14 juillet 2021 portant statuts-type des universités publiques en République du Bénin. C’est cet organe qui va connaître des cas d’atteinte aux règles déontologiques, professionnelles, morales et d’éthique commises par les enseignants du Supérieur et leurs collaborateurs et statuer en matière disciplinaire; dénoncer au procureur de la République les cas d’infractions résultant des comportements des enseignants du supérieur dans le cadre de leur mission d’enseignement, d’encadrement, notamment harcèlement de tous genres, viols et corruption, fraude aux examens.