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Entretien exclusif avec le Secrétaire général de la Lna : De-Laure Faton donne rendez-vous aux adversaires politiques en 2023

Publié le mardi 19 octobre 2021  |  Le Matinal
Laurent
© Autre presse par DR
Laurent De-Laure Faton, docteur en Communication et précédemment un des responsables du parti Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe)
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Laurent De-Laure Faton est Docteur en Communication et précédemment un des responsables du parti Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe). Il a été suspendu par le président dudit parti peu avant l’élection présidentielles d’Avril 2021 pour avoir tenu, a-t-on appris, des propos mettant à mal la cohésion au sein de sa formation politique. Alors qu’on espérait une levée de la sanction, il démissionne, au même titre que certains de ses camarades. Le samedi 16 octobre 2021 à Parakou, on le voit aux côtés de Théophile Yarou, également un ancien responsable de la Fcbe et plusieurs autres lançant un nouveau parti politique dénommé « La nouvelle alliance » (Lna). Dans le but de clarifier la position et l’idéologie de la Lna et lever un coin de voile sur les perspectives, il se prête à nos questions. Lisez plutôt.

Le Matinal : Un parti dénommé Lna a été lancé officiellement samedi dernier par vous et vos anciens camarades de la Fcbe. Quelle est votre vision ?

Laurent Faton : Notre parti La nouvelle alliance (Lna) est porté sur les fonts baptismaux le samedi dernier à Parakou. Comme tout parti politique, notre plus grande vision est de conquérir et d’exercer le pouvoir d’Etat, mais dans l’intérêt supérieur de la Nation. Nous envisageons de faire la politique autrement dans notre pays le Bénin, car après trente (30) années d’expérience démocratique, chacun de nous, se pose encore des questions sur les enjeux de notre développement sur la manière dont la politique se fait dans notre pays et sur les acteurs politiques que nous sommes. C’est pour cette raison que nous avons choisi de faire la politique d’une autre manière, au regard de tout ce que nous avons vécu les 30 dernières années.

Donc, dans la perspective de conquérir le pouvoir d’Etat, nous envisageons aussi de tout faire pour que la politique se fasse d’une manière différente et que cette politique soit désormais basée sur une idéologie. Et nous avons choisi notre idéologie qui est le social-libéralisme. Non seulement en tant qu’idéologie écrit dans un texte, mais en tant qu’idéologie vécue, appliquée quotidiennement à travers nos paroles et nos actes politiques. Ce ne sera pas facile, mais nous nous sommes préparés pour y arriver.

Au sein de l’opinion publique, avant même que ce projet ne soit concrétisé, certains parlent d’un parti de vengeance (contre Hounkpè). Que leur répondez-vous ?

Les gens sont libres de s’exprimer par rapport à tout ce que nous avons fait ou à tout ce que nous sommes. Vous savez, la vie est trop courte pour qu’on perde du temps sur des questions qui ne sont pas importantes. Nous n’avons rien à gagner en nous mettant dans une posture de vengeance par rapport à qui que ce soit. Nous n’avons de problème avec personne. Il est arrivé qu’à un moment de notre histoire politique, de notre expérience politique, nous avons des divergences avec certains camarades, mais nous avons tout fait pour discuter, dialoguer entre nous, trouver le consensus pour que notre parti politique, notre ancien parti politique puisse aller de l’avant dans une ambiance de fraternité ; dans une ambiance de respect mutuel et de confiance. Mais ceux avec qui nous étions n’ont pas compris ; n’ont pas voulu. Alors, nous avons jugé utile de ne pas continuer à vivre dans un pareil environnement et nous sommes allés pour nous donner une nouvelle chance ; créer notre espace politique où nous aurons la confiance comme socle ; le respect mutuel comme socle et nous aurons le respect de nos textes comme socle et l’intérêt général qui doivent primer sur l’intérêt individuel. Aujourd’hui, nous n’avons pas le temps pour nous intéresser à ce que les autres font. Tous ceux qui font la politique ne sont pas avec nous. Ce sont des adversaires politiques. Nous n’avons pas d’ennemis et nous n’avons pas de temps pour chercher à nous venger de x ou de y. Le temps que nous avons, c’est un temps très court dans la vie et nous voulons consacrer notre temps à la consolidation de notre démocratie, à la défense des libertés individuelles collectives, à la restauration de nos valeurs démocratiques comme chacun de nous l’avait vécu, il y a quelques années. Et nous allons aussi tout faire pour que notre parti politique qui vient de naître, grandisse et s’impose comme le plus grand parti politique de notre espace, de notre pays. Donc nous n’avons pas le temps pour chercher à nous venger de x ou de y. Ce n’est pas notre priorité. Notre priorité est ailleurs et vous la connaissez déjà.

Concrètement, ce parti était-il encore nécessaire, surtout qu’il y en a assez déjà, aussi bien dans l’opposition que dans la mouvance ?

Oui ! Parce que ce que nous ambitionnons pour ce pays n’existe pas encore. Il y a des initiatives nobles. Certes, il y a des partis politiques qui font leur expérience. Mais vous savez que depuis trente ans, nous avons eu des partis politiques qui ont duré que dans le temps et dans un espace réduit. Aucun parti politique, en dehors du Prd qui est pratiquement en train de disparaître aujourd’hui, n’a pu faire trente ans. Notre ambition est que notre parti politique dure aussi longtemps que possible. Qu’il fasse au minimum cent (100) ans comme c’est le cas dans d’autres pays. Ça veut dire que c’est cette conscience qui nous a fait muer et créer ce parti. Les partis politiques qui sont là, en dehors du Parti communiste du Bénin (Pcb) qui ne s’est pas conformé aux textes en vigueur, ne mènent pas leurs activités en fonction de leurs idéologies. S’il arrivait qu’ils en ont une, c’est qu’ils ne font rien par rapport à cette idéologie. Leur idéologie c’est leur distance par rapport à la rivière ; alors que partout, c’est l’idéologie qui caractérise les partis politiques, à travers leurs activités, leurs déclarations et leur positionnement. Nous avons voulu avoir un parti politique qui se positionne par rapport à son idéologie. Cela veut dire qu’un parti pareil n’existe pas encore. C’est vrai qu’il y a des partis de la mouvance et de l’opposition qui sont là et mènent leurs actions. Ce n’est pas pour rien que notre parti n’est ni de la mouvance, ni de l’opposition et ni du centre. Nous ne pouvons pas nous situer à des partis politiques qui vivent dans un brouillard total. D’aucuns parlent d’idéologie, mais n’en font rien. Vous allez voir que leur conduite, leur ralliement ne cadre en aucun cas avec leur idéologie. Nous voulons fonctionner selon notre idéologie, parce que les considérations temporaires ne font pas durer une organisation. Nous voulons que notre structure dure longtemps et dans le temps. C’est pour cela que nous avons élevé notre vision au-delà des considérations matérielles pour nous attacher à notre idéologie que nous allons essayer de contextualiser. Notre parti n’est pas de trop.

Vous étiez membre du seul parti de l’opposition qui arrive aujourd’hui à s’imposer devant Patrice Talon et ses soutiens et vous venez, à travers ce congrès, réduire les chances de ce parti Fcbe. Quel est votre objectif ?

Vous savez, le parti Fcbe, qui est aujourd’hui le parti qui porte l’opposition béninoise de façon légale, n’est pas arrivé aux résultats qui lui ont permis d’avoir cette position sans chacun de nous, sans nous qui sommes partis aujourd’hui. Chacun de nous y a apporté son grain de sel, d’une manière significative. Mais si nous décidons de partir, ce n’est aucunement dans l’intention de fragiliser qui que ce soit. Nous avons voulu simplement augmenter nos chances à nous-mêmes individuellement et donner plus de possibilité à notre peuple. Vous savez, le parti Fcbe auquel nous avons appartenu hier s’est vidé progressivement juste à cause de la gouvernance, juste à cause du non-respect de nos textes fondamentaux, juste à cause du manque de confiance qui s’est installé progressivement à partir du sommet. Et aujourd’hui, nous voulons nous donner plus de chance parce que nous voulons rétablir la confiance, le respect des textes et le respect des acteurs que nous sommes, des militants. C’est-à-dire que si, nous réhabilitons ces valeurs qui ont manqué, c’est que nos chances vont augmenter parce que d’autres viendront vers nous, qu’ils soient de la mouvance, de l’opposition dite radicale ou de l’opposition modérée ou du centre. Ils viendront vers nous parce que ces valeurs qui n’existent pas, cette chance est offerte aux jeunes, aux femmes et même aux ainés de travailler ensemble dans un environnement de confiance, de respect des textes et des individus manquent un peu partout dans nos partis politiques.

Depuis l’annonce jusqu’au congrès du parti Lna, la Fcbe enregistre beaucoup de cas de démissions. C’est vous qui êtes à la manœuvre ou bien une pure coïncidence ?

Monsieur le journaliste. Ne vous leurrez pas ! Nous n’avons pas l’ambition de détruire un parti politique ou de créer des problèmes à un parti politique. Si à l’occasion de la création de notre parti politique il y a eu des démissions de part et d’autre, peut-être que les gens ont leur agenda qui coïncide avec le nôtre. Nous n’avons installé aucune stratégie en place pour faire démissionner les gens. Nous conduisons les activités en étant très concentrés sur nos objectifs. Et tout ce qui se passe dans l’environnement politique doit avoir sa raison ailleurs. Mais si, les gens démissionnent et que leurs calendriers s’accordent avec les nôtres, tant mieux. S’ils démissionnent pour venir vers nous, tant mieux. Mais nous ne sommes à la manœuvre de rien. Nous avons démissionné chacun de nous, selon notre motivation et notre agenda personnel et vous savez, personne ne peut obliger quelqu’un à démissionner s’il ne le veut pas. Si les gens le font, peut-être qu’il va falloir les interroger pour savoir les mobiles qui les ont poussés à démissionner et pourquoi ils ont choisi un timing pareil.


Vous n’êtes ni de la gauche, ni de la droite. Vous ne vous réclamez non plus du centre. Avez-vous peur de vous opposer à Talon ou bien vous ne voulez pas rester sous la coupole de votre ancien camarade Hounkpè, chef de file de l’opposition ?

Peur de nous opposer à Talon ? Mais, écouter ! Pour ceux qui nous connaissent, pour la plupart, vous savez que nous avons été d’une opposition sans faille au régime de Talon depuis 2016. Ce n’est pas aujourd’hui que nous aurons peur de lui. Pourquoi avoir peur d’un régime ? c’est un homme. Pourquoi avoir peur d’un régime ? c’est un système installé et à qui le peuple a donné confiance. Nous n’avons peur de personne. D’ailleurs, si nous avons peur de quelqu’un, nous n’allons pas créer notre parti politique dans un environnement très corsé.

Chacun y a sa place. La seule différence entre nous et certains c’est que nous nous avons dit tant que le jeu reste un jeu national, nous le jouons. Nous n’allons jamais faire la politique de la chaise vide. Nous continuons le combat et nous finirons par gagner. Chef de file de l’opposition, c’est le résultat d’une élection et devant nous, il y a une élection qui s’annonce. On verra ce que chacun vaut à l’issue de ces élections législatives de 2023. Toute la question est là. Tout le reste ce sont des cris politiques inutiles sur lesquels nous n’avons pas trop envie de spéculer. Les meilleures choses sont devant nous et nous devons travailler pour les accomplir et atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés.

Lna, un regroupement, non pas de forces politiques, mais plutôt d’acteurs politiques. A l’ère des regroupements politiques, êtes-vous certains de vous en sortir ?

Vous savez, l’affaire de coalition ou d’alliance, c’est une affaire de stratégie et nul ne peut dire que les coalitions sont plus efficaces que les forces qui se sont constituées d’elles-mêmes. Si vous lisez l’histoire du peuple béninois, vous verrez que les plus grandes formations politiques ne sont pas des alliances. Ce sont des forces qui se sont constituées autour des personnalités d’une envergure assez forte. Nous, aujourd’hui, notre avantage déjà est que, contrairement à plusieurs partis politiques, si vous lisez un peu nos responsables, vous verrez qu’il y a beaucoup d’intellectuels, beaucoup d’universitaires. Ceux qui, hier fuyaient la politique, ont compris avec nous la nécessité d’intégrer la politique, d’apporter leur expertise, leur compétence et leur manière de voir les choses. Autrement, ceux-là ont, chacun d’eux, une popularité ; chacun d’eux, une marque particulière à apporter à la politique. Vous verrez aussi dans le bureau, des gens de toutes catégories sociales. Cela veut dire d’abord qu’il y a des personnalités fortes autour de notre parti politique qui feront le ralliement dans tous les coins du pays. C’est vrai que les gens se mettent ensemble, font des fusions ou des alliances- je ne veux pas trop spéculer- mais, c’est à l’issue d’une élection qu’on sait ce que chacun est ou pas. Nos chances sont intactes et nous n’avons aucun doute que nous sommes nés pour être la plus grande formation politique au Bénin. Sans être dans la perspective des alliances, nous ferons tout ce qu’il faut pour nous mettre aussi ensemble, avec ceux qui veulent travailler avec nous.

Sur quoi comptez-vous ?

Nous comptons sur nous-mêmes. Nous comptons sur notre peuple. Nous comptons sur nos militants, nos sympathisants, nous comptons sur les mânes de nos ancêtres. Nous comptons sur Dieu. Nous comptons sur notre capacité à proposer un meilleur avenir à ce peuple, nous comptons sur l’espoir toujours sacrifier de ce peuple. Nous comptons sur tout ce que nous avons de plus chers, nos rêves individuels qui convergent vers un même but. Nous comptons sur l’histoire de notre peuple qui nous dit et nous fait comprendre que le rêve est permis et que nous sommes capables du plus grand. Nous sommes capables du merveilleux, que nous sommes capables de relever tous les défis.

Qui a financé la création du parti ?

Nous nous finançons et ceux qui nous considèrent, nous aiment, nous financent. Ceux qui croient en nous, nous financent et nous financeront davantage. Mais vous savez, en politique, les ressources viennent quand l’espoir est présent et nous, nous avons l’espoir et cet espoir nous donnera toutes les ressources qu’il faut pour conduire notre parti, faire la plus grande destinée, faire l’atteinte efficace de nos différents objectifs sans faillir malgré tout ce qui se passera.

Comptez-vous prendre part aux prochaines élections législatives?

Nous ne pouvons pas ne pas aller aux élections législatives, c’est un impératif. C’est d’abord le premier objectif après l’obtention de notre récépissé pour lequel nous travaillons activement déjà. Ne pas aller à ces élections législatives, c’est signer forfait. C’est donner raison à ceux qui disent que nous sommes nés à cause de la vengeance ou nous sommes nés parce que nous ne nous sentons plus à l’aise ou parce que nous ne valons plus rien. Nous devons prouver de quoi nous sommes capables dans nos circonscriptions électorales. Nous devons prouver que si hier notre parti auquel nous avons appartenu était fort, c’était grâce à l’effort de chacun de nous. On verra à l’issue de ces élections ce que chacun de nous vaut et ne vous leurrez pas, nous avons commencé depuis longtemps à travailler et nous travaillons activement pour être présents à ces élections législatives de 2023.

Après le congrès constitutif, il reste encore un long chemin à faire avant l’obtention du récépissé d’existence. Vous en êtes où ?

L’obtention du récépissé est une nécessité pour nous. Vous savez, la réforme du système partisan dans notre pays a corsé davantage la procédure. Nous n’avons aucunement peur. Nous travaillons activement à relever ce défi. Je pense que les jours à venir vous diront où nous en sommes réellement. Nous avons conscience, qu’il faut tout faire pour obtenir ce récépissé le plus tôt possible. Parce que pour nous, c’est le second objectif après la création du parti. Il faut avoir le récépissé. Vous aurez de nos échos les jours à venir.

Qu’avez-vous envie de dire aux Béninois qui vous lisent en ce moment ?

Nous disons à tous les Béninois que la Lna n’est pas un parti de trop. Nous sommes nés en ayant conscience de tout ce qui se passe dans ce pays. Nous avons conscience qu’il y a beaucoup de malaises. Nous avons conscience que nous les acteurs politiques, nous avons déçu en l’espace de trente (30) ans. Nous avons aussi la ferme conviction que nous sommes capables du meilleur ; que nous pouvons changer le destin de notre peuple si nous nous mettons ensemble résolument à travers un cadrage idéologique bien conçu et bien pensé ; à travers le respect mutuel, la confiance et le respect des textes fondamentaux qu’on s’est donné. Le problème que le Bénin a aujourd’hui, c’est le non-respect de nos textes fondamentaux. Mais si nous arrivons aujourd’hui, à nous mettre ensemble, pour continuer le combat démocratique ; pour continuer le combat pour la défense des libertés individuelles et collectives, pour la restauration de notre démocratie et pour le développement de notre pays, dans une idéologie social-libéralisme.Je pense que nous allons faire beaucoup. Nous sommes Béninois et la patrie nous est chère. Pour nous, c’est le Bénin avant tout. Rien ne passe avant le Bénin. C’est le Bénin qui nous motive dans tous nos combats. C’est le Bénin qui a fait que nous avons créé ce parti politique. Nous demandons seulement aux gens de nous faire confiance ; de nous accompagner à travers ce qu’ils ont le plus cher au monde pour nous aider à grandir et à devenir la plus grande formation politique au Bénin.

Je vous remercie.

Propos recueillis par

Angèle Toboula
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