Les députés ont voté dans la nuit d’hier, mercredi 20, à ce jour, jeudi 21 octobre 2021, la loi modifiant et complétant la loi n°2003-04 du 03 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction. L’étude de cette loi a nourri les débats ces derniers jours à cause de la possibilité qu’elle offre aux femmes de procéder désormais à l’interruption volontaire de grossesse suivant les conditions fixées par la nouvelle loi. La première personne à s’opposer à une telle chose, c’est le président du Parlement. Lors d’un séminaire, en prélude à l’étude de la loi, Louis Vlavonou s’est érigé en défenseur de la vie que seul Dieu donne. Sa prise de position contre l’Interruption volontaire de grossesse (Ivg) a rendu le débat public. Sur les Réseaux sociaux, les débats étaient virulents entre les pour et les contre avortement légalisé. Tous se donnaient rendez-vous pour voir le comportement des parlementaires le jour-j, confortés dans l’idée que la position du président de l’Assemblée nationale pouvait influencer le vote même s’il ne peut jurer de la conduite des autres députés. On en était là quand hier, à quelques heures seulement du vote, le député Aké Natondé s’est aussi illustré en défenseur de la vie. Il a énuméré les 7 raisons pour lesquelles il ne doit pas voter la loi. Des raisons que d’aucuns jugeaient pertinentes. Les deux députés sont confortés dans leur position par le communiqué de la Conférence épiscopale qui demande aux députés de dire un « Non » catégorique à la culture de la mort.
Hier, à l’hémicycle, les débats ont été nourris. D’un côté, le groupe des députés anti avortement (Aké Natondé, Nestor Noutai, Kader Gbadamassi, Paulin Gbénou, et autres) qui proposaient le retrait du projet de loi. Ils avaient en face, ceux pour qui l’Interruption volontaire de grossesse ne doit pas être considérée comme un moyen de contrôle des naissances, mais plutôt l’alternative pour sauver de nombreuses vies. Parmi eux, Eurique Guidi, Razack Abiossè, Augustin Ahouanvoébla, Orden Aladatin, Ernest Mèdéwanou… Ces derniers sont soutenus par les ministres du gouvernement présents au Parlement. Le président a été obligé de suspendre la plénière pour des concertations au sein des groupes parlementaires. A la reprise, les députés ont accordé leurs violons et la loi a été adoptée à l’unanimité.
La volte-face
Mais plus que les avis des uns et des autres sur la question, c’est la position défendue par Louis Vlavonou et Aké Natondé qui étonne. Les deux savaient que le projet de loi vient du gouvernement. Pourtant, ils ont pris publiquement position contre. C’est bien possible diront certains. Mais, l’opinion publique n’a pas en mémoire un projet de loi que la 8e Législature n’a pas voté presqu’à l’unanimité depuis qu’elle est installée sous le pouvoir de la Rupture. On se demandait alors sur quoi comptaient Louis Vlavonou et Aké Natondé. Avec le vote de la loi à l’unanimité des députés présents et représentés, on se rend à l’évidence qu’ils n’ont pas pu assumer leur choix jusqu’au bout. Tout ce bruit pour rien, est-on tenté de dire. Qu’est-ce qui a donc pu se passer pour que Louis Vlavonou et Aké Natondé se ravissent au dernier moment ? Surtout que la loi n’avait pas besoin d’un vote à l’unanimité. On s’attendait qu’il y ait au moins deux voix contre. Mais tel n’est pas le cas. Vlavonou et Aké n’ont pas maintenu jusqu’au bout leur ” Non” retentissant de départ. Les Béninois sont curieux de savoir ce qui a finalement convaincu Louis Vlavonou et Aké Natondé qui ne devaient pas fléchir quel que soit l’argument qu’auraient avancé les ”pro loi ”.
L’autre loi qui a été également adoptée à l’unanimité des parlementaires présents et représentée est celle portant répression des infractions commises à raison du sexe et de protection de la femme.