Cela fait 49 ans que le régime du conseil présidentiel qui dirigeait le Dahomey, début 1970, a été renversé. Ce coup de force, dernier d’une longue série, ouvrira la voie au régime militaire révolutionnaire dirigé par feu Mathieu Kérékou.
Il sonnait 14 h 30, le jeudi 26 octobre 1972, quand un groupe de militaires composé, entre autres, du commandant Mathieu Kérékou et des capitaines Janvier Assogba et Michel Ayikpé, a déposé le conseil présidentiel dirigé par Justin Ahomadégbé. Celui-ci avait pris les rênes du pouvoir quelques mois plus tôt, des mains de Hubert Maga. Il devrait le rendre à son tour à Sourou Migan Apithy, deux ans plus tard. Ainsi, les trois devraient se succéder à tour de rôle, tous les deux ans, à la tête du pays.
Dans l’après-midi du 26 octobre, les putschistes investissent la radio nationale et le palais de la République où les présidents Justin Ahomadégbé et Hubert Maga ainsi que leurs ministres tenaient la séance hebdomadaire du Conseil des ministres. Sourou Migan Apithy était hors du territoire national au moment du coup d’Etat.
A 15 heures, une voix reconnue sur les antennes de la radio nationale, comme étant celle du commandant Mathieu Kérékou, officialise la nouvelle qui s’était déjà rependue dans tout Cotonou.
Dans un long discours, Mathieu Kérékou justifie ce coup force par les manquements du conseil présidentiel. Lui et ses camarades ont, en effet, déploré « les élections antidémocratiques » de 1970 en raison « des violences, pressions et fraudes » constatées, et qui ont d’ailleurs contraint le directoire militaire à annuler les deux scrutins. Les putschistes regrettent également les divisions au sein du conseil présidentiel qui, au regard de cette situation, indique Mathieu Kérékou, est « condamné à l’inaction ». Aux dires des militaires, le conseil montre, chaque jour, « le spectacle affligeant de sa carence congénitale, de son incapacité notoire et de son incompétence impardonnable à gérer les affaires de l’Etat et à conduire dignement le peuple dahoméen vers un lendemain meilleur ». La situation au sommet de l’Etat avait aussi provoqué, selon eux, « l’injustice et arbitraire » dans le pays, et « le virus de la division a atteint l’armée ».
Compte tenu de tout ceci, les putschistes prononcent la dissolution du conseil présidentiel, du gouvernement, de l’Assemblée consultative nationale et des instances départementales et urbaines en place puis, annonce que l’armée va assurer dorénavant la plénitude des pouvoirs d’Etat. Dès lors, les militaires s’engagent « solennellement à donner au peuple dahoméen l’espoir d’une Aube véritablement nouvelle ». Ils décident de confier la gestion du pays à Mathieu Kérékou qui faisait l’unanimité.
Le tout nouveau président pose véritablement ses jalons le 30 novembre 1972 avec un discours programme ambitieux. Pour Mathieu Kérékou, la révolution ne doit pas échouer. « La branche ne se cassera pas dans les bras du caméléon. Le Dahomey sera commandé et dirigé sagement par un régime militaire révolutionnaire », affirme-t-il. Mais 17 ans plus tard, le navire a dangereusement coulé, et la fameuse révolution a cédé sa place au renouveau démocratique en 1990.