Secret de polichinelle, la loi légalisant l’avortement a été adoptée au Bénin par le Parlement dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 octobre 2021. Que ça soit avant ou après le vote, le projet a été et continue d’être objet de controverse. Sur les 81 députés qui composent aujourd’hui l’Assemblée nationale, deux ont eu au moins le courage d’exprimer publiquement leur position sur la question même si, in fine, ils n’ont plus tenu parole en votant contre comme ils s’étaient engagés au départ. Dans la même veine que le président du Parlement, Louis Vlavonou et son collègue député Aké Natondé, l’Église catholique s’est prononcée en invitant, dans un communiqué, les représentants du peuple à rejeter purement et simplement le projet de loi. Des considérations d’ordre culturel, sociologique, religieux en sont les mobiles. Jusque-là, et en dépit des récriminations à son endroit, l’Eglise catholique n’a pas démordu. Des prêtres, même singulièrement, continuent de donner de la voix en désapprouvant la loi votée tout en formulant des propositions sur ce que le gouvernement qui a initié le projet aurait dû faire. Parallèlement d’autres acteurs saluent l’avènement de cette loi qui, a-t-on dit, permettra d’éviter les avortements clandestins et de sauver des filles et femmes des décès liés aux complications post avortement. C’est le cas de la journaliste et activiste Angela Kpeidja avec son Ong ” N’aie pas peur” qui dans un post sur les réseaux sociaux, juste après le vote, n’a pas caché sa joie. D’autres médecins et spécialistes de la santé aussi.
Curieusement, pour un débat aussi sensible et qui engage toute la société, les partis politiques sont restés indifférents. Aucun communiqué officiel pour donner leur point de vue sur la question, qu’ils se revendiquent de l’Opposition ou de la Mouvance. Cinq jours après l’adoption de la loi, c’est le même silence plat au niveau des organisations (Ongs, Associations) qui disent militer pour la cause des femmes. Ce qui contraste d’ailleurs avec l’attitude de certaines d’entre elles quand le gouvernement a opéré des réformes à l’Institut national de la femme (Inf). Que d’éloges à l’endroit du chef de l’Etat dans un passé très récent. Où sont donc passées lesdites ” féministes” du pays? En dehors de l’Eglise catholique dont il faut saluer ou louer la prise de position, qu’en pensent la communauté musulmane, l’Eglise évangélique, les Méthodistes, l’Eglise du Christianisme céleste, les syndicats, les gardiens de la tradition, etc.? Est-ce par peur ou crainte de représailles qu’on s’est mué dans ce silence ou c’est l’hypocrisie face au sujet qui a pris le dessus?