Dans une enquête réalisée dans le cadre du projet “Enquêtes sur les droits sociaux au Bénin en 2021: cas de l’eau et la santé”, financé par la Fondation Friedrich Ebert (FES) et piloté par Banouto, le journaliste Venance Tonongbe du Journal “La météo” révèle un véritable désastre sanitaire et environnemental lié à l’extraction artisanal de l’or à Perma dans le département de l’Atacora.
“…l’extraction artisanale de ce minerai cause de graves atteintes à l’environnement et aux droits à la santé…D’un côté, des femmes, la taille plongée dans de l’eau boueuse. De l’autre, des hommes décapent des surfaces de terres végétales par fonçage des puits et par grattage d’une profondeur de cinq (5) à huit (8) mètres. Tous sont sans masque de protection au bord des berges d’une rivière et au pied d’une montagne. Au sommet de cette montagne, s’élèvent des amas de poussière de granite qui enveloppent des orpailleurs filoniens entassés dans des tunnels, ignorant leur dangerosité. Dans ce milieu pourtant à haut risque sanitaire, il n’y a aucun protocole particulier. Et, les dynamites servant à créer ces tunnels dans les montagnes dégagent une odeur insupportable” constate le journaliste.
Selon l’enquête, les orpailleurs recourent le plus souvent à des médicaments prohibés pour mieux mener cette activité. “Les sachets vides de boissons, des mégots de cigarettes et du tabac, des traces de plaquettes de comprimés utilisées et même des comprimés à même le sol retrouvés sur les lieux renseignent sur la nature des produits et substance qu’ils consomment pour booster la force physique nécessaire pour l’extraction de l’or. Mais que cache l’usage de ces produits ? « Pour aller dans un trou ou dans un tunnel, il faut être dans un état second », répond sans ambages un élu local. Pour y aller, poursuit-il, les orpailleurs prennent généralement « des tramadol, des “quatre carrés1” ». Selon l’autorité locale, parmi ces orpailleurs, certains mettent de la « dissolution des vulcanisateurs dans le café, boivent ou inhalent » de l’alcool. D’autres, apprend l’élu, prennent du chanvre indien et autres produits de dopage. « La consommation de ces substances leur donne la force pour mieux travailler et vaincre la peur dans les profondeurs des puits et tunnels », explique-t-il. L’interpellation de plusieurs vendeurs de ces médicaments prohibés sur le site, lors d’une opération d’une équipe de la police républicaine, se désole l’élu local, n’a visiblement pas émoussé les ardeurs” lit-on dans l’enquête. Un dopage au prix de leur vie avec des répercussions sur la santé, fait savoir Venance Tonongbe.
Une unité villageoise de santé pour le bien-être des orpailleurs
Exposées à des risques sanitaires, les populations de Kouatèna, pour se soigner, doivent se rendre dans une unité villageoise de santé publique. “C’est une des salles de classe de l’école du village qui sert de salle de consultation et de soin de santé. Elle est tenue par trois agents de santé, tous des stagiaires détachés du centre de santé de Perma. Et selon les agents de santé, cette unité en espace de trois mois, a reçu des centaines de malades et des femmes enceintes venues pour accoucher. Si dans le village de Kouatèna, les orpailleurs de ce site peuvent se contenter du lieu de soin improvisé pour répondre à la demande, sur la montagne de Koussigou, un autre site où vivent plus de mille âmes selon les orpailleurs, tout reste à installer en matière d’infrastructures socio-communautaires”, révèle le journaliste dans son enquête.
Une menace pour l’environnement…
L’extraction artisanale de l’or de Perma n’est pas également sans conséquence sur l’environnement. De l’encombrement à l’ensablement des lits des rivières, Venance Tonongbe déplore une situation inquiétante. Faut-il le préciser, dans l’optique de réorganiser l’activité de l’extraction de l’or dans la région et la rendre professionnelle, l’État béninois a confié un périmètre à une société chinoise. “Dans le but de signer un contrat d’exploitation moderne, cette société procède actuellement à une exploration afin d’avoir une idée de la qualité et de la quantité de l’or. Lors d’une consultation publique dans le cadre de l’étude des impacts environnementaux et sociaux de l’exploitation prochaine de l’or par l’entreprise chinoise, il a été décidé que cette entreprise recrute les orpailleurs artisanaux installés dans la zone, rapporte une source de la direction départementale de l’environnement. Pour ceux qui refuseraient de travailler avec la société chinoise, ils seront autorisés à extraire dans des espaces donnés dans le strict respect de la sauvegarde de l’environnement. En guise de compensation, les villages qui vivent de cette activité bénéficieront des infrastructures socio-communautaires de base telle que des forages d’eaux, des écoles, de l’électricité, des centres de santé, etc.
Pour les orpailleurs, la prise en compte annoncée de leurs besoins socio-communautaires de base sera un soulagement total pour la communauté. Néanmoins, ils voient l’arrivée des Chinois comme une menace à leur activité” lit-on dans l’enquête. Lire l’intégralité de l’enquête sur www.lameteo.info