Le panafricaniste et acteur politique béninois, Moïse Kérékou décerne une mention spéciale au Gouvernement du Président Patrice Talon pour son courage à demander à la France, la restitution des œuvres culturelles pillées en 1892 et sa détermination à conduire à bon port cette entreprise périlleuse. Pour lui, cet acte est aussi le néo-panafricanisme dont il fait l’apologie pour commémorer le dixième anniversaire du décès du Guide de la Révolution, le Colonel Ghadafi. A cet effet, il invite les Béninois et les Africains en général à soutenir cet acte fort et authentique qui sonne la renaissance et la reconstruction d’une nouvelle Afrique.
« Il y’a 3 ans, début 2018 au musée du Quai Branly à Paris, j’ai voulu voir de mes propres yeux ces objets d’art dont la restitution faisait rage et polémique. En ce moment, planait une grande incertitude, un doute allant à une sorte de morne torpeur, voire une indifférence totale d’une bonne partie de la population. Bref, beaucoup n’y croyaient pas. Moi, j’y ai cru dès le début et j’ai soutenu cette initiative du Gouvernement. J’y ai cru d’abord en tant que panafricaniste, mais aussi en tant qu’amoureux de l’art. Si je devais me définir ou choisir entre être scientifique ou artiste, je dirai plutôt que je suis un artiste.
Lors de la remise du Prix Turgot en 2019, à Bercy à Paris, je n’ai pas manqué de donner ma position ouvertement devant un parterre d’élites et d’intellectuels français, et devant de nombreuses chaînes de télévision internationales venues couvrir l’événement. Je n’ai pas eu froid aux yeux. J’ai soutenu l’initiative du Bénin et encouragé les différents acteurs à aller de l’avant et à faire de la restitution une réalité.
Mais ils n’étaient pas nombreux, parmi nos compatriotes à visiter ces objets où ils étaient, contrairement à l’agitation d’aujourd’hui. Et beaucoup y vont pour s’exhiber et non pour les contempler et s’inspirer. Et, une fois au pays, ils ne seront pas nombreux ceux qui iront les voir, car l’art, l’africain ne s’y intéresse pas trop. J’ai constaté aussi que l’africain est de tradition orale. Il n’est pas scriptural qui relève de l’art aussi. Un sage n’a-t-il pas écrit : En Afrique, un sage qui meurt est une bibliothèque qui brûle ! On dit aussi la meilleure cachette pour l’argent ou un objet précieux en Afrique, c’est dans un livre.
Aujourd’hui, beaucoup s’agitent autour de cette affaire de restitution, maintenant que le combat est gagné. Pourvu que cela ne soit un feu de paille car ce combat n’est pas fini. Il ne fait que commencer. Il faut maintenant entretenir ces objets d’art une fois revenus au bercail, au jour et le jour, et les conserver pour des siècles comme les blancs l’ont fait. C’est le défi majeur à relever.
Un autre défi qui n’est pas des moindres à relever, à quand le retour de la selle du Prince Wassangari Bio-Guéra, de l’arc et du carquois du grand résistant Kaba !
Mention spéciale pour le Gouvernement du Président Talon, il faut le lui reconnaître, pour son courage à demander la restitution dans notre contexte (Afrique) néo-colonial qui ne dit pas son nom ouvertement, mais qui l’est quand même. Mention spéciale pour sa détermination à conduire à bon port cette entreprise périlleuse. J’ai cru au projet mais j’avais des craintes bien fondées sur son heureux aboutissement.
C’est le second acte fort que je félicite après celui de la suppression de visa à tous les citoyens des pays africains entrant au Bénin. Les actes parlent plus fort et plus haut que les discours creux et flots verbaux stériles de l’ancien panafricanisme. C’est aussi cela le néo-panafricanisme dont je fais l’apologie pour commémorer le dixième anniversaire du décès du Guide de la Révolution, le Colonel Ghadafi. C’est ma manière de lui rendre hommage.
Ensemble, soutenons ces actes forts et authentiques qui sonnent la renaissance et la reconstruction d’une nouvelle Afrique. Ici encore, le Bénin, terre de lutte, terre de résistants, peut devenir le pionnier de ce noble combat ».