Le virus de la grève gagne du terrain au Bénin. Presque tous les secteurs primordiaux sont touchés par cette crise où les travailleurs abandonnent le boulot. Le pays en court de grands risques.
Les magistrats, du moins ceux de l’Union nationale des Magistrats du Bénin (UNAMAB) observent depuis deux semaines, un mouvement de débrayage. Ils sont soutenus dans cet élan par les autres travailleurs du secteur de la justice. Tous sont suivis par les hospitaliers, et le mal se généralise, peu à peu. Les Centrales syndicales, elles, se mettent déjà en ordre de bataille pour faire cesser le travail. Ce qui annonce une tension sociale en vue. La situation, de façon générale, ne sera pas de tout repos pour les gouvernants.
Les revendications agitées çà et là touchent surtout l’amélioration des conditions de travail et de vie des agents du service public. L’augmentation du point indiciaire et du SMIG en constituent les points d’achoppement. Et les Centrales syndicales estiment avoir épuisé leurs réserves de patience. Les moratoires successifs accordés au gouvernement sont arrivés à terme. Les travailleurs soutiennent en avoir ras-le-bol. Et le crépitement du fusil syndical se fait entendre par jets, par intermittence. Les avertissements ont duré des mois, voire des années par ailleurs.
Attitude passive du pouvoir
Face aux revendications de travailleurs, le gouvernement ne semble pas évoluer dans les solutions à apporter aux attentes. Les travailleurs tiennent aux intérêts, cependant. Ils ne fléchissent guère. Les gouvernants, pendant un bon moment, n’ont pas ouvert les débats ; le dialogue semble crispé. Le dialogue social au programme n’a pu être réalité. La dernière tentative en date a lamentablement échoué à cause du sérieux préalable posé par les travailleurs. Depuis lors, plus rien. On a même comme l’impression que l’acteur social le plus habitué aux travailleurs et le plus écouté ayant déserté le forum, il ne reste plus d’interlocuteur valable pour conduire ce creuset institué pour faire aboutir des négociations entre employés et employeur (Etat). Le départ du Premier Ministre, Pascal Irénée Koupaki du gouvernement en serait pour beaucoup.
La recherche de solutions aux problèmes des travailleurs ne constitue plus, apparemment, une préoccupation majeure. Le gouvernement excelle dans des efforts de propagande, laissant de côté les revendications des travailleurs surtout que les divers messages véhiculés à travers ces interminables messes laudatives laissent croire que beaucoup de choses se font au profit du peuple et les agents publics en ignoreraient leur « portée oh combien stratégique. » D’ailleurs, leur lutte est taxée d’apostasie. Ils devront s’aligner plutôt que de vouloir en attendre encore du pouvoir qui fait beaucoup pour la population à travers ses multiples initiatives : gratuité de l’école, Ramu, gratuité de ci, gratuité de ça… Il y en a trop !
Le prix de l’entêtement !
Ils ont du mordant, ces travailleurs du secteur public par qui le malheur peut arriver. Faisant semblant d’ouverture et de disponibilité, ils ont laissé les gouvernants dormir sur leurs lauriers. Ces derniers ont même oublié un moment qu’il fallait approvisionner le panier des agents qui en voulaient… un peu. Voilà ces agents qui se réveillent d’un jour nouveau, pour emboucher la trompette des revendications vieilles de décennie.
La mobilisation prend à petit feu. Des secteurs commencent à s’embraser. Et les étincelles envahissent la chaumière des autres locataires de la fonction publique. La grève se généralise, peu à peu. Et si l’on n’y prend garde, elle emportera tout sur son passage, telles les années 1989 où la faim a inoculé le venin du courage. Attention pour que les choses n’en arrivent à la proportion démesurée de ces années-là ! A bon entendeur…