La liberté provisoire accordée à certains détenus dont l’ancien ministre Alexandre Hountondji et Joseph Tamègnon par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) était au cœur d’un entretien que l’ancien Bâtonnier Me Jacques Migan a accordé à une chaîne de la place. A le croire, cette décision prise par la Criet est la preuve que le Bénin est bel et bien un Etat de droit. Pour étayer sa thèse, Me Jacques Migan a évoqué la nécessité pour tout citoyen quel que soit son rang de respecter l’article 34 de la Constitution qui stipule que : « tout citoyen béninois civil ou militaire a le devoir sacré de respecter en toute circonstance la Constitution et l’ordre constitutionnel établi ainsi que les lois et règlements de la République ». Il a surtout mis l’accent sur cet article de la loi fondamentale car ce qu’on reprochait à ces citoyens est qu’en prélude à l’élection présidentielle de 2021, ils auraient tenu des propos qui incitaient à une insurrection. « Ils disaient 5 ans ou rien. Bref, des propos qui pouvaient conduire à des violences, à des remises en cause de l’ordre établi. La justice en le mettant en détention provisoire a ses raisons », a-t-il fait savoir. Dans son développement, l’ancien bâtonnier a également abordé les implications d’une telle décision. A ce propos, il a souligné que la mise en détention provisoire répond à trois critères principaux. « Le premier critère, c’est pour regarder la sécurité de celui qui est mis en détention provisoire pour qu’à l’extérieur, il ne fasse pas l’objet de pression. Deuxième critère, c’est pour qu’il ne fuit pas lorsque la justice pourrait l’interroger sur les actes qu’il a posés, les dires qu’il a prononcés et le dernier critère, c’est pour qu’on ne l’influence pas à changer de version avec la complicité d’autres personnes », a énuméré l’homme de droit. En ce qui concerne le cas de l’ancien ministre Alexandre Hountondji et autres, Me Jacques Migan a indiqué qu’un jugement n’a pas été rendu. « Lorsqu’on parle de mise en liberté provisoire, c’est parce que les conditions qui étaient prévues pour que l’intéressé soit en détention ne sont plus réunies d’une part, et d’une part, c’est parce que la détention provisoire excède la durée raisonnable que doit respect celui qui est en détention provisoire », a-t-il expliqué, en ajoutant que si le détenu ne présente plus de risques graves de renouvellement de l’infraction ou encore s’il connait une santé fragile, il pourra bénéficier de la liberté provisoire, mais dans ce dernier cas, il revient à un expert médical de l’attester. « Le juge de la détention et le juge de la mise en liberté ont certainement jugé que les intéressés ne présentent plus de risque grave pour demeurer en détention préventive », a-t-il laissé entendre avant de marteler que ce qui vient de se faire est la preuve que la justice béninoise est une justice crédible. Me Migan a par ailleurs clarifié que la mise en liberté provisoire de ces détenus n’équivaut pas encore à leur relaxe ni leur acquittement. En effet, ils sont tenus de se présenter devant la justice sous convocation à tout moment. Ils peuvent aussi vaquer à leurs occupations, mais ne peuvent pas se permettre certaines choses comme un citoyen qui n’a aucun problème avec la justice, a expliqué Me Jacques Migan.