Le préfet du Littoral, Alain Orounla, ne veut pas baisser la garde. Il veut aller jusqu’au bout dans son élan de booster hors de la capitale économique du pays, le proxénétisme qui constitue selon lui, un véritable scandale et une menace sur la santé des populations.
Le préfet du Littoral a entrepris depuis quelques jours, une campagne de nettoyage dans la ville de Cotonou. Avec son équipe et les forces de sécurité à l’appui, Alain Orounla est descendu dans certains bars de Cotonou où les règles élémentaires à respecter en ces temps de Covid-19 sont vertement foulées aux pieds aussi bien par les promoteurs desdits lieux que les clients. La première saison de cette traque a permis à l’autorité préfectorale de fermer ces lieux très prisés. La détermination de l’ex-porte-parole du gouvernement ne s’est pas arrêtée là puisqu’il est également descendu dans des maisons de tolérance où il a pu embarquer dans les pick-up de la Police républicaine, plusieurs dizaines de prostituées. Pour Alain Orounla, il est temps que l’Etat central prenne ses responsabilités face à un phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur. « L’ambition, c’est de décourager les réseaux de proxénétisme. Nous entreprenons de faire fermer tous ces espaces qui polluent le département. Toutes ces maisons dès qu’elles seront répertoriées seront fermées », a martelé le préfet lors d’une interview qu’il a accordée à une radio privée de la place. Mieux, Alain Orounla s’inquiète du rythme vertigineux avec lequel les réseaux de proxénétisme se développent dans la capitale économique. Cette activité n’est pas sans risque sur la santé des populations notamment celles qui sont abonnées à ces lieux de plaisir charnel. « C’est un problème de criminalité et de génocide parce que les conditions dans lesquelles les gens sont livrés à la prostitution facilitent la contamination de tous les Béninois. Nous n’avons aucune appréciation sur le suivi médical ou non de ces prostituées que d’autres fréquentent », a soutenu le préfet.
Une opération qui ne fait pas l’unanimité
Bien que tirant son fondement d’un souci de nettoyage et de salubrité de la capitale économique, certaines populations n’approuvent pas la méthode brutale utilisée par le préfet pour décourager une pratique vieille de plusieurs siècles. Pour ces populations, le préfet a mieux affaire que de s’attaquer à un phénomène aux racines très profondes.
L’approche du préfet objet de polémique
Les détracteurs de l’opération ont du mal à comprendre la détermination du préfet qui a essuyé un premier revers avec la mise en liberté de la première vague de travailleuses de sexe qu’il a appréhendées et livrées aux mains de la justice. A la limite, elles dénoncent un acharnement contre ces belles de nuit, qui « desservent une frange importante de la population ». Ces récriminations et rodomontades semblent être perçues comme du lait renversé sur le dos du canard. En effet, quelques jours seulement après la relaxe de la première vague de femmes de plaisir appréhendées, Alain Orounla est revenu à la charge avec une nouvelle moisson de prostituées mises aux arrêts, cette fois-ci avec leurs clients. Cette opération relance le débat sur la prostitution et le proxénétisme qui ne font malheureusement objet d’aucun encadrement juridique. L’opération en cours mérite de susciter une réflexion collective sur le phénomène qui devient pratiquement une filière qui étend ses tentacules dans plusieurs localités du pays.