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Art et Culture

Retour ce jour des 26 œuvres avec Talon: La seule fausse note

Publié le mercredi 10 novembre 2021  |  Matin libre
Restitution
© Présidence par Dr
Restitution des biens culturels du Bénin : Patrice Talon rencontre Emmanuel Macron
Paris, le 9 novembre 2021. Le président Patrice Talon a été reçu, à l`Élysée, par le président français, Emmanuel MACRON, dans le cadre de la signature de l’acte de transfert de propriété des 26 Trésors royaux du Bénin à Cotonou.
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C’est fait ! Le Bénin reçoit ce jour, mercredi 10 novembres 2021, 26 œuvres des trésors royaux d’Abomey. Pillées par le colon après la conquête d’Abomey, ces œuvres dont le trône du roi Ghézo, quatre portes en bois sculptées, des autels portatifs… retournent au Bénin, leur pays d’origine, 129 après. L’événement est de taille. Et pour attirer l’attention du monde sur cette restitution, une semaine durant, les œuvres en question ont été exposées au musée du Quay-Branly Jacques Chirac du mardi 25 octobre au lundi 1er novembre 2021. Hier, mardi 9 novembre 2021, le président Patrice Talon est allé parachever l’œuvre de restitution par la signature d’un protocole. Le chef de l’Etat ne s’est pas contenté de la restitution des 26 œuvres. Patrice Talon en voulait bien plus et n’a pas manqué l’occasion de réclamer le retour des milliers d’autres trésors royaux que la France continue de garder par-devers elle au grand dam de leurs ayant-droits. « Mais, Monsieur le Président, cher Président, convenez avec moi, que la restitution de vingt-six (26) œuvres que nous consacrons aujourd’hui, n’est qu’une étape dans le processus ambitieux d’équité et de restitution des patrimoines mémoriels, extorqués jadis aux royaumes du territoire du Bénin, par la France. Monsieur le Président, il est regrettable que cet acte de restitution, si pourtant appréciable, ne soit pas de portée à nous donner entièrement satisfaction. En effet, comment voulez-vous, qu’à mon départ d’ici avec les 26 œuvres, mon enthousiasme soit total pendant que le Dieu Gou, œuvre emblématique représentant le dieu des métaux et de la forge, la tablette du fâ, œuvre mythique de divination du célèbre devin Guèdègbé, et beaucoup d’autres, continuent d’être retenus ici en France, au grand dam de leurs ayants droits ? », a laissé entendre Patrice Talon en direction du président Emmanuel Macron.

La démarche, l’engagement, la volonté d’y croire et le courage du chef de l’Etat béninois furent unanimement appréciés. A aucun moment, Patrice Talon n’a tenu le langage de celui qui demande une faveur à la France mais le langage de celui qui réclame un dû. Seulement, tout ça aurait été plus beau, plus productif si l’habitude vestimentaire des autorités béninoises à Paris avait suivi la volonté de valorisation du patrimoine culturel béninois. C’est d’abord lors de la semaine béninoise à Paris, qui a connu l’exposition des 26 trésors royaux, que le contraste a été observé par nombre de Béninois. Le ministre béninois des Arts et de la Culture Jean-Michel Abimbola, son homologue des Affaires étrangères Aurélien Agbénonci étaient tous en costume et cravate. Alors même que les caméras du monde étaient braquées sur le Bénin, les autorités béninoises, venues valoriser la culture de leur pays, à travers l’exposition des 26 trésors royaux, étaient habillées de la même façon que le colonisateur. Ils ont parcouru les plateaux télés et radios tout en costume pour parler des œuvres sur le point d’être restituées. La chose a choqué plus d’un. Pour certains, c’était une occasion en or de mettre en valeur la culture vestimentaire béninoise du Sud au Nord, et susciter ainsi la curiosité des touristes du monde entier. Mais, apparemment, se présenter en costume pour réclamer des œuvres royales n’a nullement gêné les ministres de Patrice Talon. On s’attendait alors que le chef de l’Etat corrige le tir, lors de la signature, ce 09 novembre, de l’acte de restitution. Mais rien ! Patrice Talon n’a pas fait mieux que ses ministres. Tout comme eux, le chef de l’Etat est aussi allé signer l’acte de restitution en costume et cravate bien dressés. Cela a fini par détruire les espoirs de ceux qui avaient pensé le contraire. Comment veut-on vendre sa culture, convaincre les autres de la richesse culturelle de son pays en adoptant la culture vestimentaire de l’autre ? Les présidents nigérian, burkinabé, ghanéen… ne feraient jamais ça, à une occasion aussi solennelle où on parle de culture, du patrimoine culturel de leurs pays respectifs. Quand est-ce que l’habitude vestimentaire de Patrice Talon sera en harmonie avec le patrimoine culturel dont il se réclame ? s’interrogent alors des Béninois. De tout le processus de restitution, c’est la seule tâche noire. Et ce n’est pas la première fois qu’une telle remarque est faite. A vouloir que ça change, on commence par désespérer.



M.M
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