Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Art et Culture

Restitution des 26 œuvres au Bénin : des acteurs culturels se prononcent

Publié le jeudi 11 novembre 2021  |  La Nation
Marcel
© Autre presse par DR
Marcel Zounon, directeur de l’Ensemble artistique national, Micheline Adjovi, auteure : « La charge énergétique de ces œuvres est énorme »,Ousmane Alédji, expert culturel et Dr Franck Ogou, directeur de l’Ecole du patrimoine africain
Comment


Marcel Zounon, directeur de l’Ensemble artistique national « On retiendra que le président Patrice Talon a existé… »

Nous pouvons dire que le président Patrice Talon a osé, à juste titre, demander ces biens qui font la fierté de notre pays, et qui malheureusement séjournaient dans les musées occidentaux. Nous avons gagné. Patrice Talon a gagné avec tout le peuple béninois. C’est un jour mémorable, et un zoom extraordinaire est fait sur le Bénin. Nous devons dans un premier temps remercier tous ceux qui y ont travaillé, parce que pour l’histoire, nous pouvons dire qu’après 130 ans de déportation de nos biens, l’heure de retour a sonné. Je manque de mots pour remercier le chef de l’Etat, et tous ceux qui y ont travaillé. Bravo ! Aujourd’hui, on retiendra que le président Patrice Talon a existé. 1 000 ans après, on parlera encore du retour de ces biens du Danxomè. Désormais, les collectionneurs qui visitent les musées à travers le monde viendront voir, découvrir ces trônes géants, ce riche patrimoine. Nous devons aussi remercier le gouvernement qui a investi plus de 650 milliards pour la mise en place des structures d’accueil de ces œuvres, dans les meilleures conditions. Bravo à tous les ministres, notamment les ministres de la Culture, Jean Michel Abimbola et des Affaires étrangères, Aurélien Agbénonci. Aujourd’hui, le Bénin est connu à travers son patrimoine immatériel et cela va booster le développement.
—————————-
Micheline Adjovi, auteure : « La charge énergétique de ces œuvres est énorme »

Un sentiment de fierté m’anime de voir revenir sur leur terre d’origine, la Nation souveraine du Bénin, nos précieux trésors sacrés. La charge énergétique de ces œuvres d’une rare dextérité artistique est énorme, immense. C’est un événement inédit qui prend corps et vie dans notre histoire contemporaine. C’est un grand triomphe à inscrire en lettres d’or. J’ai l’impression de voir renaitre sur leur terre nos intrépides rois et je ressens une force indicible s’incruster dans notre pays. Le Bénin est une grande nation.
Le mérite de ce retour triomphal revient au chef de l’État, le président Patrice Talon qui a osé réclamer notre patrimoine. C’est à son actif. Reconnaissons-le-lui. Nous espérons entrer en possession de tout le reste. Un à un. Jusqu’à épuisement. Ce n’est qu’une question de temps. Ce qui nous appartient est à nous. Et leur place est ici, au Bénin, chez nous.
Bravo à l’équipe gouvernementale. Et félicitations à toute la Nation béninoise.
———————-
Ousmane Alédji, expert culturel : « C’est l’expression d’une détermination et surtout un projet d’Etat »

Il faut avouer que sans un chef d’Etat comme Patrice Talon, je ne suis pas certain que nous aurions abouti ne serait-ce qu’à ce type de débat ou de démarche parce que l’attitude des chefs d’Etat africains en face de la France, nous le connaissons. Je pense qu’on peut dire que le projet du Bénin a convaincu, la détermination du chef de l’Etat aura servi et l’histoire retiendra que c’est ce président qui a pesé de tout son poids pour qu’on en arrive là. Je pense qu’il faut le remercier et lui rendre hommage pour cela.
Je crois que la demande de restitution n’a jamais été le commencement du processus. Le commencement du processus, c’est déjà le projet de société du candidat Patrice Talon, ensuite l’élaboration du Pag. Cela relève de l’ambition du chef de l’Etat à avoir des infrastructures, dynamiser le secteur touristique par la construction de nouvelles infrastructures muséales. C’était ça le projet et comme ces infrastructures sont prévues pour couvrir tout le territoire national, il fallait des contenus nouveaux, des contenus historiques pour justement alimenter et renforcer l’existant et c’est en réfléchissant à cela et par rapport sans doute à ses relations avec le palais royal d’Abomey comme avec la diaspora béninoise que le chef de l’Etat s’est décidé à adresser cette demande à la France. Donc la demande, on peut dire, c’est la troisième étape, l’avant-dernière étape de l’aboutissement du projet.
Le mécanisme était long et complexe, vu que les biens relevaient du patrimoine français et frappés d’une inaliénabilité. Il fallait passer par l’Assemblée nationale française et par le Sénat français. Ce processus a été long mais je pense que la diplomatie béninoise s’est bien illustrée sur ce terrain et que le chef de l’Etat lui-même s’est bien illustré, sans oublier le fait que les parlementaires français aussi ont répondu à l’opinion française en général. Je ne suis pas certain que la majorité des citoyens français soient encore à l’aise à profiter des biens culturels d’autrui. Je ne suis pas certain que les citoyens français soient encore à l’aise avec ce legs politique très lourd.
Il fallait un menu subtilement, intelligemment orchestré avec la courtoisie et les contacts qu’il faut. Il faut féliciter toutes les parties prenantes. Il y a les experts qui ont fait le travail mais ce sont d’abord des volontés politiques qui se sont rencontrées et qui ont été harmonisées pour donner ce résultat historique que nous connaissons aujourd’hui et qui va certainement en inspirer d’autres.
Je ne parlerai pas d’audace du Bénin, mais je parlerais de détermination. Il y a audace quand on a des adversaires en face ou quand on a des ennemis en face.
Je pense que c’est l’expression d’une détermination, mais c’est surtout un projet d’Etat porté par un homme d’Etat qui a connu un heureux aboutissement parce que en face aussi, on a un homme de vision, le président français avec une certaine idée de la diplomatie modèle.
Je pense qu’il a prêté attention et écoute à la détermination béninoise.
Cela relève de mon point de vue de la logique de la justice et de la réparation historique. Je pense que les deux hommes sont en train de rentrer dans l’histoire, en tout cas de ce point de vue, par la grande porte. Cela va inspirer d’autres pays.
————————-
Dr Franck Ogou, directeur de l’Ecole du patrimoine africain : « Il faut saluer la démarche et la volonté de la France de collaborer »

Vous attendiez-vous à voir le Bénin recevoir en 2021 une partie de ses trésors culturels pillés par la France ?
On s’attendait à ce que, à un moment ou un autre, ces objets-là soient au Bénin. Puisque le processus a été conduit dans le respect des parties et c’était la seule voie que nous avions. Il ne nous est pas possible de faire autrement et la réponse de la France a été juste à la hauteur de nos attentes. Vous aviez dû noter toutes les démarches entreprises par la France pour qu’on en arrive à ce point. Il faut saluer la démarche et la volonté de la France de collaborer.
Beaucoup parlent d’audace du Bénin. Est-ce votre avis ?
Je partage le point de vue de ceux qui évoquent une certaine “audace” de la part du Bénin dans ce processus. Oui audace parce que ce n’était pas gagné d’avance. Combien de pays n’ont pas fait cette réclamation et ont dû faire face au refus de la France ? Même la première demande du Bénin a été rejetée. Donc il a fallu de l’audace du président béninois et l’humanité du président Macron pour en arriver là. C’est un long processus exemplaire qui a démontré la qualité de la diplomatie béninoise.
Pensez-vous comme certains que le pays ne dispose pas des moyens et ressources pour conserver ces œuvres comme ce fut le cas en France ?
C’est normal d’avoir des inquiétudes quant à l’avenir des œuvres une fois au Bénin. Mais je voudrais rassurer les uns et les autres que le Bénin dispose aujourd’hui de plus en plus de ressources humaines de qualité pour prendre en main la gestion des œuvres qui arrivent et l’ensemble des œuvres du Bénin. Nous avons des écoles de formation qui font un travail de qualité et fort appréciable. Il y a l’École du Patrimoine africain (Epa) et d’autres qui se sont lancés dans ce sillage. Je dois aussi évoquer la détermination salutaire du chef de l’Etat dans ce processus. Il faut surtout saluer la dynamique en cours dans ce processus de restitution des biens et garder espoir pour la suite.
Commentaires