(Ils sont exposés à des risques sanitaires, absence de toilettes sur les parcs)
Depuis ce lundi, 29 novembre 2021, plus de minibus de transport en commun « tokpa-tokpa » et de taxis en circulation dans la ville de Cotonou. La décision de l’autorité préfectorale du Littoral de réorganiser le transport urbain est donc entrée officiellement en vigueur. Sur les deux sites dédiés retenus pour servir de parc pour ces véhicules, le constat est tout simplement déplorable. Outre le mécontentement des passagers et conducteurs, ceux-ci sont exposés à des risques sur le plan sanitaire…
A Vodjè, le site servant de parc aux minibus “Tokpa-Tokpa“ se trouve à quelques mètres de l’échangeur de Houéyiho précisément dans la ruelle du point de regroupement des ordures de Vodjè (Unité de tri et de valorisation des déchets). Ici, ça grouille de monde depuis ce lundi matin. On aurait pensé à un nouveau marché qui s’anime. Des minibus de transport en commun, taxis et tricycles entrent et ressortent péniblement. Car, la circulation est difficile dans cette ruelle pavée sur une distance de quelques mètres et surtout à sens unique. A ceci, s’ajoute le fait que les camions de la Société de gestion des déchets solides (Sgds) doivent également emprunter la même ruelle sans compter les zems, venus très nombreux pour constituer des relais vers le marché Dantokpa et autres quartiers de Cotonou. “On nous prend encore 300Fcfa et on ne nous dépose pas à Dantokpa comme prévu. Ce n’est pas normal. Ils ne nous ont rien dit. On devrait payer seulement 200Fcfa“ a lancé une dame, très remontée contre un chauffeur. Et à ce dernier de lui lancer “Rien ne dépend de nous“. Des insultes, les conducteurs de véhicules “Tokpa-Tokpa“ et de taxi en ont été servis par les passagers qui, pour la plupart, n’étaient point informés de cette mesure du Préfet du Littoral, Alain Orounla. C’est le cas de dame Félicienne, une personne âgée qui s’attendait à descendre du taxi à hauteur de l’étoile rouge afin de rejoindre par zem, Gbégamey. “Je ne sais même pas où on m’a déposée maintenant. J’ignore par où prendre pour aller là où je devrais y aller“, nous a-t-elle confié, estimant n’avoir ni été informée par la radio ou télévision ni par le conducteur. Elle sera orientée ensuite vers un conducteur de taxi-moto pour regagner le quartier Gbégamey. Certains passagers mécontents n’ont pas manqué de s’en prendre aux conducteurs mais la présence des éléments de la police républicaine permet de calmer les esprits. “A cette allure, c’est clair que nous n’allons plus prendre les minibus ou taxis. A quoi cela sert si l’on doit encore finalement prendre le zem“, a déclaré une dame qui devrait se rendre au marché Dantokpa pour des achats. Ici, l’espace semble trop exiguë pour permettre facilement l’embarquement et le débarquement. Plusieurs tricycles tentent également de se faire quelques sous. Un conducteur confie ne pas s’expliquer qu’on rajoute à leur calvaire au lieu de soulager leurs peines. Chose curieuse, des zems se plaignent également que des passagers se mettent à marcher pour aller vers le marché Dantokpa ou autres localités dans la ville de Cotonou.
A Abattoir, le site n’est visiblement pas prêt pour accueillir les minibus et taxis. Le long du mur de la boucherie d’Abattoir, les minibus et taxis y sont garés bloquant ainsi l’accès aux étalages de vente de viande aux clients. “Je ne sais pas de quoi demain sera fait mais aujourd’hui, nous n’avons pu rien vendre. Nos clients n’ont pu se frayer un chemin pour venir vers nous acheter“, déplore un jeune boucher qui a dû se déplacer pour tenter de trouver quelques clients. En effet, ici, rien n’est visiblement prêt car un tracteur y était encore ce lundi pour rendre accessible un espace mitoyen le mur de l’Abattoir de Cotonou. Des plaintes n’en finissent pas sur ce site également qui, semble grouiller moins de monde au-delà de midi. Certainement pour s’animer le soir quand les passagers seront de retour du marché Dantokpa. “Vous voyez comment le gouvernement nous brime?“ lance un conducteur à ses pairs. “Le pouvoir a plus de force que nous, alors que pouvons-nous ?”, rétorqua l’un d’eux. Et de poursuivre “ce sera très difficile de gagner sa vie dans ces conditions. Je me demande comment je m’en sors pour les fêtes de fin d’année“. Notons que des dizaines de bus y sont garés et quasi vides pendant que les conducteurs s’apitoient sur leur sort.
Si sur le site de Vodjè, passagers et conducteurs doivent se familiariser avec l’odeur des ordures ménagères, à Abattoir, çà urine déjà beaucoup contre le mur de l’Abattoir. En effet, aucune toilette qu’elle soit mobile ou non n’a été aperçue sur les sites. Ces derniers se trouvent exposés à des risques sanitaires. Pendant que les autorités communales et le préfet restent campés sur leur position, ça jase sur les deux sites qui servent de parc aux minibus et taxis.
Faut-il le rappeler, dans un souci de réorganisation du transport urbain dans la ville de Cotonou, le Préfet du Littoral, Alain Orounla avec le concours des autorités communales, a décidé de restreindre la circulation des mini-bus de transport en commun à Cotonou. Deux sites des gares routières de Vodjè et d’Abattoir sont donc mis à la disposition des transporteurs. Ainsi, à compter du lundi 29 novembre 2021, « tout ce qui est taxi et qui arrive de Porto-Novo s’arrête à l’Abattoir et ne rentre plus dans la ville de Cotonou. Ils déchargent à l’Abattoir et prennent des clients à l’Abattoir pour la direction de Porto-Novo. Au niveau de Vodjè, tout ce qui est taxi qui arrive de Calavi, Bohicon, Lomé, etc, décharge sur le site de Vodjè et se retourne là avec d’éventuels clients ». Si pour l’autorité préfectorale, cette réorganisation va permettre d’assainir le secteur du transport en commun et surtout de faciliter la mobilité urbaine et de désengorger la ville de Cotonou, elle est loin d’être perçue comme une décision bien pensée. Pour plusieurs observateurs, certes, cela permettra d’éviter des embouteillages et des stationnements anarchiques mais le timing pose problème.