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Opinion de Helen Clark et Ellen Johnson Sirleaf : Il est temps de faire le point de l’investissement dans le lavage des mains

Publié le mardi 30 novembre 2021  |  aCotonou.com
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© aCotonou.com par Marc-Innocent
CIEA 2017: ouverture de la deuxième édition de la conférence par le Président Ouattara
Abidjan le 28 Mars 2017. La 2éme édition de la Conférence Internationale sur l’Emergence de l’Afrique (CIEA) s’est ouverte ce mardi à Abidjan en présence de plusieurs personnalités parmi lesquelles les Chefs d’Etat du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf (Photo), Sénégal, Macky Sall, de la Guinée Conakry, Alpha Condé, de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, Helen Clark, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et Akinwumi Adesina, président de la Banque Africaine de Développement (BAD).
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Résumé : La pandémie du Covid-19 a braqué les projecteurs sur le lavage des mains et sur les moyens de fournir de l’eau propre et du savon aux milliards de personnes qui en ont besoin. Dans cette tribune, dont la première version en anglais a été publiée par le site Devex, Helen Clark (présidente du conseil d’administration du PMNCH et ancienne première ministre de Nouvelle Zélande) et Ellen Johnson Sirleaf (ancienne présidente du Liberia et co-lauréate du prix Nobel de la paix 2011) exposent les mesures que nous devons prendre pour régler le problème de l’hygiène des mains une fois pour toute.

Par Helen Clark et Ellen Johnson Sirleaf


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« Maintenant, lavez-vous les mains ». Souvent vue sur les murs des toilettes publiques du monde entier, cette phrase souligne à quel point le lavage des mains est vital pour prévenir la propagation des maladies. Pourtant, pour des millions de personnes, ces panneaux pourraient tout aussi bien dire « Allez sur la lune ».

Au rythme actuel des progrès, seuls 78 % de la population mondiale disposeront d’installations de base pour le lavage des mains d’ici 2030, laissant 1,9 milliard de personnes exposées aux maladies.

Au début de la pandémie du Covid-19, les experts de la santé ont souligné que le lavage des mains était la solution essentielle à la pandémie. Mais on estime que 3 personnes sur 10 dans le monde n’étaient pas en mesure de se laver les mains avec de l’eau et du savon à la maison.

Par ailleurs, la situation dans les établissements de santé est également désastreuse. Une personne sur quatre ne dispose pas de services d’eau de base, et une sur trois ne dispose pas d’installations d’hygiène des mains là où les soins sont dispensés, ce qui signifie que les centres de santé risquent de devenir des foyers de maladies.

Depuis de nombreuses années, les campagnes de lavage des mains font pression pour un accès équitable et abordable à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène (WASH), y compris dans les établissements de soins de santé et les écoles.

Parmi les réussites, on peut citer des programmes tels que la Coalition pour le changement des comportements en matière d’hygiène, menée par le gouvernement britannique, Unilever et la London School of Hygiene and Tropical Medicine, qui a touché un milliard de personnes grâce au changement de comportements en matière d’hygiène pendant la pandémie.

Cependant, pour que cela devienne une réalité pour tout le monde, partout - aujourd’hui et dans les futures urgences sanitaires - un effort mondial concerté est nécessaire, les investissements ciblés des gouvernements nationaux jouant un rôle clé.

Pendant trop longtemps, les services d’hygiène ont été négligés et sous-financés. Pour que chacun ait un endroit où se laver les mains à la maison d’ici 2030, nous devons commencer à progresser jusqu’à quatre fois plus vite dans certains domaines.
Un manque d’investissement

Quelles sont les conséquences d’un manque d’investissement dans cette mesure de santé publique fondamentale ? Le manque d’eau courante propre a des conséquences négatives sur l’égalité des sexes. Les femmes et les filles supportent la plus grande partie des tâches domestiques et peuvent passer des heures chaque jour à marcher à la recherche de l’eau. En conséquence, de nombreuses filles s’absentent de l’école, voire l’abandonnent complètement.

A un niveau plus large, les communautés, les entreprises et même les économies de pays entiers ne seront tout simplement pas résilientes aux chocs ou aux crises sanitaires. Rien qu’en 2016, 165 000 décès dus à des maladies diarrhéiques et 370 000 décès dus à des infections respiratoires aiguës ont été attribués à une hygiène des mains insuffisante.

Alors que faudra-t-il faire pour que le monde entier ait accès aux services WASH - notamment dans les foyers, les communautés, les établissements de santé et les écoles ?

Un récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé et de l’UNICEF révèle que la garantie d’un dispositif de lavage des mains à l’eau et au savon à domicile pour chaque habitant des pays les plus pauvres coûterait environ 11 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 - soit l’équivalent du montant dépensé lors de l’événement commercial Prime Day d’Amazon en juin. La mise en place de services WASH dans tous les établissements de santé et les hôpitaux des 46 pays les moins développés du monde coûterait environ 9,6 milliards de dollars sur une décennie.

Ces investissements restent conséquents, mais les avantages potentiels en termes de santé et d’économie - un dividende de l’hygiène - sont énormes. Des recherches menées par Vivid Economics et WaterAid ont montré que l’accès universel au savon et à l’eau à domicile pour le lavage des mains pourrait générer un bénéfice net de 45 milliards de dollars par an. Fournir de l’eau potable gérée de manière sûre à chaque ménage pourrait rapporter 37 milliards de dollars par an.

Pour réaliser ces investissements, il faut un financement intelligent et catalytique de la part des grandes économies du G20 et d’autres gouvernements. Le fonds intermédiaire financier mondial pour la sécurité sanitaire, hébergé par la Banque mondiale a également un rôle clé à jouer.

L’heure est venue

La semaine prochaine, le 29 novembre, l’Assemblée mondiale de la santé accueillera une session spéciale sur le traité sur la préparation et la riposte aux pandémies. Nous devons améliorer l’alerte précoce et la surveillance. Mais pour réussir, nous devons également exploiter le type de collaboration et d’innovation mondiales observées lors du développement rapide des vaccins Covid-19. Nous avons besoin de partenariats pour produire et distribuer des produits et services d’hygiène de mains abordables et de haute qualité. Il est beaucoup plus simple d’assurer un accès abordable au savon et à l’eau pour tous que de mettre au point un nouveau vaccin, même si nous devons veiller à ce que le déploiement des vaccins soit plus équitable que ce qui a été observé jusqu’à présent.

Nous devons concentrer nos efforts sur les communautés pauvres et vulnérables, notamment les femmes, les enfants et les adolescents de ces communautés. Nous devons en particulier cibler les personnes vivant dans des contextes fragiles et humanitaires, étant donné l’impact plus important de la Covid-19 sur ces groupes et le manque de services WASH. Dans ces contextes, ces groupes sont deux fois plus susceptibles de ne pas avoir accès à des services d’eau gérés de manière sûre.

Enfin, nous avons besoin davantage de données désagrégées de haute qualité pour identifier les lacunes de la couverture WASH, suivre les progrès et éclairer la prise de décision. L’Indonésie, qui présidera le G20 l’année prochaine, a montré comment une stratégie numérique innovante en matière de santé peut permettre de recueillir des données sur l’hygiène des mains dans les espaces publics et renforcer les systèmes de surveillance dans les hôpitaux. Des initiatives similaires sont particulièrement nécessaires dans les pays à faible revenu.

La pandémie de Covid-19 a braqué les projecteurs sur le lavage des mains et sur les moyens de fournir de l’eau propre et du savon aux milliards de personnes qui en ont besoin. Cette pandémie a mis en évidence l’importance de soutenir le changement de comportement et de mettre en œuvre des politiques qui rendent cela possible. La prochaine crise sanitaire mondiale pourrait survenir plus tôt que nous ne le pensons. Pour nous en protéger, nous devons régler le problème de l’hygiène des mains une fois pour toute.

Les auteurs :
- Helen Clark : présidente du conseil d’administration du PMNCH et ancienne première ministre de Nouvelle Zélande
- Ellen Johnson Sirleaf : ancienne présidente du Liberia et co-lauréate du prix Nobel de la paix 2011.

NB : La première version de cette tribune, en anglais, a été publiée par le site spécialisé Devex.

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