«Justice : Entre indépendance et reddition de compte». C’est autour de ce thème que l’année judiciaire s’est ouverte pour les Cours d’Appel et les tribunaux du Bénin. L’audience solennelle de cette rentrée judiciaire 2021-2022 s’est déroulée ce vendredi 03 décembre 2021 à la Cour d’appel de Cotonou. C’est une occasion pour les acteurs de la justice de mettre l’accent sur les dysfonctionnements.
La rentrée solennelle des juridictions du fond donne l’occasion aux acteurs de faire un bilan de l’année judiciaire écoulée. Selon Radio Bénin, c’est également un rendez-vous pour évoquer les questions agitant le milieu judiciaire entre autres l’indépendance du magistrat. Le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Bénin, Prospère Ahounou a déclaré qu’«au barreau du Bénin, nous pensons que la confiance du citoyen à la justice et le respect du magistrat passe par l’indépendance effective de ce dernier. Pour cela, nous souhaitons qu’il lui soit réservé la place et la considération que mérite sa fonction». La considération, une fois retrouvée, le magistrat doit prendre conscience de certaines réalités lesquelles sont rappelées sous forme d’interrogation par le Président de la Cour d’appel de Cotonou, Justin Gbènamèto. Pour lui, «Quelle justice prendrons-nous quand nous avons des gens en détention préventive depuis plus de 10 ans et qui attendent d’être jugés ? Quelle justice quand le citoyen ne peut librement exercer ses voies de recours parce que son dossier serait perdu à un niveau donné ?». Des questions qui justifient le terme de cette rentrée judiciaire. Selon Michel Adjaka, Directeur de cabinet du ministère de la Justice, «ce thème nous permet de revisiter certains principes indispensables à l’œuvre de justice. Ces principes ont nom : l’indépendance de la justice, l’impartialité, la responsabilité dans l’application de la loi».
Les raisons du manque d’effectifs à la Cour d’appel de Cotonou
Le Président de la Cour d’appel de Cotonou, Justin Gbènamèto a déploré le manque de magistrats dans sa juridiction. Il a affirmé qu’il y a encore des dossiers de 2001 dans le circuit et que si les prisons restent pleines, c’est à cause de ce petit effectif de magistrats. Il a fait savoir qu’il y a «12 magistrats pour animer la Cour d’appel de Cotonou alors que» leurs objectifs «c’est de lutter contre la lenteur judiciaire mais avec 12 magistrats, 12 dont 2 cumulent les fonctions à la CRIET». Il a précisé que «si les chambres tournent au ralenti et que les dossiers ne sortent pas, nous pouvons susciter la surpopulation carcérale qu’on déplore aujourd’hui et le risque est encore de voir cette population carcérale augmentée». Il craint que «le risque est davantage plus élevé». Il a montré qu’«une prison construite pour abriter 6420 places affiche à la date d’hier (jeudi 02 décembre 2O21) un effectif de 14.189 détenus».