Les risques devraient être maîtrisés en vue de l’atteinte des prévisions budgétaires en 2022, selon le ministère de l’Economie et des Finances. Le gouvernement assure un état de veille permanent quant au suivi et à la gestion des menaces à travers des mesures de mitigation.
Plusieurs facteurs pourraient impacter les prévisions budgétaires mais globalement, ces risques seront maîtrisés en raison des diverses actions de réforme engagées pour assainir et moderniser les finances publiques d’une part, et renforcer la confiance des investisseurs d’autre part. Cette assurance est donnée par le ministère de l’Economie et des Finances, à travers le document d’Analyse des risques budgétaires adossé au projet de loi de finances gestion 2022.
Au nombre des risques
macroéconomiques analysés, le risque lié aux fluctuations du cours du coton, principal produit d’exportation du Bénin et donc source de devises (65,3 % des exportations officielles de biens en 2019), présente une probabilité de survenance de 18 %, soit un risque moyen. Pour 2021, la Banque mondiale table sur un cours qui s’afficherait à 1,9 dollar/kg, soit une hausse de 22,6 % par rapport à 2020.
Afin de prémunir les producteurs contre un choc sur le cours du coton sur le marché international, l’Association Interprofessionnelle du Coton (Aic) a mis en place un fonds de réserve stratégique, financé par un prélèvement sur les égreneurs. La promotion d’autres filières, dans le cadre de la diversification de l’économie, contribue à renforcer la résilience du secteur agricole aux chocs exogènes.
Comme le coton, le risque lié aux fluctuations du cours du pétrole est influencé par l’environnement économique international, les aléas géopolitiques et les anticipations financières. Là aussi, le risque reste moyen, certes avec une probabilité de survenance plus forte : 40 %. La Banque mondiale table sur un prix du baril de pétrole de 60,0 dollars en 2022 contre 56,0 dollars en 2021, soit une progression de 7,1 %. Cette hausse pourrait impacter les finances publiques à travers un effet dépressif sur les recettes des Impôts, mais affecterait faiblement la croissance.
Equation nigériane
La politique commerciale du Nigeria et le taux de change de sa monnaie à régime flexible, le naira, influencent les prévisions budgétaires du Bénin. En fait, le géant voisin de l’Est reste le partenaire commercial privilégié qui absorbe environ 70 % des exportations totales, selon la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), et y convoie plus de 20 % des importations nationales.
Le risque de la fermeture des frontières comme celle intervenue en août 2019 et qui a complètement ralenti les flux commerciaux entre les deux pays durant plusieurs mois, est moyen, avec une probabilité de 30%, selon le ministère de l’Economie et des Finances. Des simulations réalisées, il en ressort globalement une perte de 0,5 point de croissance du produit intérieur brut (Pib) et une baisse de 2,3 % des recettes totales en comparaison avec une situation de frontières ouvertes.
Pour ce qui est de l’évolution du cours du naira, la probabilité de survenance des fluctuations est estimée à 29% (risque moyen). L’accent est mis sur sa dépréciation qui affecte souvent les prix des produits nigérians et par conséquent favorise les importations du Bénin en provenance du Nigeria au détriment de la production nationale et des autres importations. Avec l’hypothèse d’une baisse de
15% du taux de change nominal du naira, il ressortirait une contraction de 0,73 % de la production et ainsi un recul de la croissance dû à la perte de compétitivité des entreprises béninoises. La réduction des activités de réexportations entrainerait une baisse des recettes fiscales de 1,13 % par rapport à la situation de référence. Pour y remédier, des discussions sont engagées en vue du renforcement de la coopération entre les deux pays, aussi bien au plan douanier qu’au plan économique, particulièrement dans le secteur agricole.
Risques financiers
Le patrimoine national peut être également affecté par les risques financiers. Mais la probabilité de leur survenance reste faible en ce qui concerne le système bancaire. Au 31 décembre 2020, ledit système compte 14 banques et un établissement financier. Dominé par les établissements de crédit, sa solidité s’est améliorée sur les cinq dernières années : le ratio des fonds propres sur les actifs des banques a quasiment doublé, en passant de 3,71 % en 2016 à 6,77 % en 2020. Le total des crédits rapporté au total des actifs qui avait enregistré une augmentation continue entre 2016 et 2019 pour atteindre 48,51 %, affiche une baisse à 42,52 % en 2020, selon les données de la Bceao.
On note une baisse de l’exposition du système financier aux risques provenant des principaux emprunteurs. En fait, le ratio des crédits aux cinq plus grands emprunteurs sur les fonds propres des banques ressort à
63,83% à fin décembre 2020 contre 95,51% en 2019 et 99,57% en 2016. Le ratio des créances en souffrance affiche une baisse tendancielle depuis 2018, passant de 21,64 % à 16,81 % en 2020, grâce à l’assainissement du portefeuille des banques enclenché depuis quelques années. Néanmoins, le secteur bancaire au Bénin reste sensible aux conditions économiques régionales, les groupes bancaires internationaux contrôlant plus de 61,9 % du capital social agrégé des banques.
Les banques commerciales détenant des bons de Trésor, les chocs affectant le secteur bancaire pourraient donc se répercuter sur l’État. Une faible capacité d’absorption des emprunts publics par les banques de la place renforcerait le risque de refinancement de la dette.
A cela s’ajoute le risque lié à la garantie des dépôts des épargnants au sein des établissements de crédit. Selon les estimations du Fonds monétaire international (Fmi), rapportées dans le document du ministère des Finances, la survenance de ce risque pourrait induire une hausse des dépenses publiques comprise entre 0 et 5 % du Pib. En ce qui concerne le risque lié à la recapitalisation d’une institution financière, il pourrait ressortir à 0,3 % du Pib. En la matière, le fonds de garantie des dépôts et de résolution de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa) constitue un moyen d’atténuation au niveau communautaire.
Résilience
Le respect des normes prudentielles, des exigences de capitaux propres ainsi que l’analyse régulière et rigoureuse de la stabilité du secteur financier, la migration vers les normes Bale II et Bale III, sous l’égide de la Banque centrale, sont des éléments qui contribuent également à renforcer la résilience du système bancaire. Au plan national, la transformation du permis d’habiter en titre foncier et autres réformes liées au cadastre faciliteraient la réalisation des garanties pour les créances en souffrance du secteur bancaire.
L’État veille à la bonne application de la réglementation pour pallier la survenance des risques techniques et de placement ou d’investissement dans les secteurs de l’Assurance et du Système financier décentralisé (Sfd). Une éventuelle assistance de l’État aux institutions, en cas de faillite due à la mauvaise gouvernance, serait une source de risques budgétaires.
En ce qui concerne la microfinance, il est globalement noté une bonne performance des activités traduite par plusieurs ratios conformes aux normes. La moyenne du ratio de limitation des risques auxquels est exposée une institution, est évaluée à 103,3 %, inférieur au seuil de 200 % au plus fixé. Le ratio de couverture des emplois à moyen et long termes s’est établi à 193,04 %, traduisant une bonne couverture des emplois des Sfd du secteur par leurs ressources, en conformité avec la norme réglementaire. Quant au ratio de financement des immobilisations, il s’est établi à 35,19 %, témoignant d’une bonne tenue des immobilisations rapportées aux fonds propres dans le secteur de la finance décentralisée.
Dette et catastrophes
Les risques liés à la dette publique à savoir le risque de refinancement de la dette venant à échéance, le risque de taux d’intérêt et le risque de taux de change, paraissent mineurs et donc maîtrisés, à en croire le ministère de l’Economie et des Finances. Environ 7,19 % du portefeuille de la dette totale projetée à fin décembre 2021 (soit 3,53 % du Pib) devrait être remboursé au cours de l’année 2022.
La probabilité de survenance du risque lié à la hausse des taux d’intérêts qui entraîne la vulnérabilité des coûts, est estimée à 9,1%. La quasi-totalité de la dette publique, soit 99,8 %, est à taux d’intérêt fixe conformément aux projections à fin décembre 2021.
Le risque de taux de change est aussi faible, la dette du Bénin étant dominée par l’Euro qui a une parité fixe avec le F Cfa. La part des emprunts exposés aux risques de change (emprunts libellés en devises hors Euro) est projetée à 22,57 % du total de la dette à fin 2021 et reste essentiellement concessionnelle.
D’autres risques existent mais sont aussi faibles, notamment le risque de crédit lié à la perception du marché, le risque de liquidité, le risque lié à la viabilité de la dette, la garantie souveraine délivrée par l’État, les indicateurs de solvabilité et de liquidité de la dette extérieure restant en deçà des seuils applicables.
Les risques de catastrophes naturelles (inondations, sécheresses, épidémies) sont immanents au regard des événements survenus ces dernières années, comme prévu dans le Plan national de contingence. Ils pourraient amener à solliciter les ressources budgétaires de l’Etat en cas de survenance mais la probabilité reste moyenne : autour de 20 %.