Aussitôt pris, aussitôt rapporté. L’arrêté préfectoral portant interdiction de chargement, déchargement de marchandises et embarquement ou débarquement de personnes dans les rues du département du Littoral en date du 06 octobre 2021 n’a été appliqué que pendant 72h. Prévu pour être mis en œuvre à partir du lundi 29 novembre dernier, il a été abrogé quelques jours plus tard, soit le 02 décembre, sur instructions du ministre en charge de la décentralisation. Depuis, c’est le calme plat. Dans le rang des transporteurs comme au sein des populations, les habitudes d’autrefois, perturbées seulement pendant trois jours, ont repris avec leur cortège de risques et d’incommodités. Si la situation en restait là, les deux gares routières d’Abattoir et de Vodjè apprêtées par les services du préfet pour accueillir les mini-bus communément appelés « tokpa-tokpa » seraient abandonnées par les conducteurs et leurs passagers.
En prenant cette décision controversée et abrogée, le préfet du Littoral croyait bien faire. Seulement, le coût social trop élevé qui en découle ne pouvait pas permettre son application sur une longue durée. En plus, en voulant « réformer » la circulation des mini-bus dans le département du Littoral confondu à la commune de Cotonou, le préfet s’est fendu d’une prérogative qui n’est pas la sienne. En effet, la gestion des gares routières et de la circulation est une compétence propre de la commune. Donc, sur ce coup, il revenait au maire de la municipalité de Cotonou l’initiative de la décision et de l’action. Le préfet ne pouvait se substituer au maire, en usant de son pouvoir de tutelle, que si et seulement si sa mise en demeure restait infructueuse. La mairie en collaborant avec le préfet sur le sujet a cédé volontairement une de ses compétences au lieu de l’exercer.
Le ministre de la décentralisation ayant remis les choses à plat, il revient à présent à la mairie de prendre le taureau par les cornes. Il est clair que la circulation dans la ville de Cotonou mérite d’être repensée. Cette réforme globale ne peut être limitée aux mini-bus qui, soit dit en passant et en dépit de tout, rendent d’innombrables services aux personnes les plus vulnérables que l’Etat a le devoir de protéger. Il appartient à présent à la municipalité de réfléchir et de travailler avec les acteurs du secteur du transport interurbain pour trouver des solutions pertinentes qui épargnent autant que faire se peut la bourse des ménages les plus démunis. La mairie ne peut plus se permettre de rester passive. Quoiqu’on dise, le préfet a eu l’audace et le mérite de prendre sa part du feu pour régler un problème dans la Cité, même si sa démarche n’était pas forcément la meilleure. Le maire de Cotonou peut et doit valablement prendre la relève pour des résultats meilleurs.