La formation théorique des apprenants ne suffit plus pour qu’ils gagnent leur vie. Il faut associer à cela une formation pratique qui les conduit à apprendre un métier. C’est le constat de Eric Nougloï, promoteur de l’initiative "Mon devenir" qui forme les apprenants du primaire à l’exercice de petits métiers. A travers cet entretien, il parle des tenants et aboutissants de cette initiative.
Vous avez initié cette année le projet "Mon devenir" à l’endroit des jeunes apprenants. Parlez-nous de ce projet.
C’est un projet d’éveil à l’endroit des enfants de 5 à 10 ans qui permet d’éveiller leurs sens à travers l’expression d’images identitaires de leur choix et de leur coloriage.
Qu’est-ce qui vous a poussé à l’initier ?
Le besoin d’expression des enfants et de leur devenir à travers les images. Nous avons constaté que notre système éducatif est trop théorique surtout dans le primaire. Or, à ce niveau, les enfants sont encore très malléables. Nous voulons donc les aider un temps soit peu à découvrir le talent qui sommeille en eux. Si déjà très tôt, ils commencent par associer un métier pratique à leur formation théorique à l’école, ils pourront vraiment gagner leur vie, même s’ils ont la malchance d’être déscolarisés car, ils auraient déjà appris un métier.
En quoi consiste ce projet ?
Ce projet consiste à révéler le talent caché qui sommeille en nos enfants. Car, chaque enfant a un talent dans un domaine donné. Il suffit de vite le détecter et de l’orienter dans cette discipline de façon complémentaire avec sa formation à l’école.
Qui sont susceptibles de participer à ce projet ?
Les enfants du primaire (du CI en CM2) des écoles publiques et privées. Ils ont été ciblés car, ils sont encore frais. Donc, plus vite on détecte leurs talents, plus tôt on pourra les orienter. Cela leur permettrait de vite retrouver leur voie en dehors de l’école.
Quels sont les domaines de formation de ces apprenants ?
Nous formons ces enfants dans plusieurs domaines artistiques et technologiques. Il y a donc, l’initiation au dessin et à l’informatique, montage graphisme, cuisine et pâtisserie sans oublier une séance en coaching pour définir les pistes du devenir de l’enfant.
Sur quels critères ces disciplines ont-elles été choisies ?
Ces différents domaines de formation ont été choisis sur la base d’un savoir-faire technique et pratique qui s’impose à tous les apprenants. C’est une réponse qui vient compléter le système éducatif qui demeure exclusivement théorique. Car, avec l’évolution du monde actuel, la théorie seule ne permettra pas à l’enfant de s’en sortir. Il faut donc la compléter avec de la pratique. Cela est d’autant plus important car, un enfant qui n’a pas pu évoluer dans le système éducatif, pourra quand même s’en sortir avec un métier qui lui permettra de gagner dignement sa vie.
Ce projet a démarré en octobre passé. Quelles sont les écoles qui ont eu le privilège d’être sélectionnées et combien d’apprenants ont-ils participé à la formation ?
Ce projet a démarré en octobre 2021 à Parakou. Au nombre des écoles qui ont eu le privilège d’être sélectionnées, on peut citer : "Le Cspe le flambeau" au quartier Ladjifarani, "Le Csp Roger Lafia", au quartier Tranza à Parakou.
Quelle conclusion tirez-vous ?
L’engagement et la détermination des enfants pour le projet, sans oublier celui des parents d’élèves demeurent un aspect encourageant qui motive la poursuite du projet. Cela veut dire qu’on ne s’était pas trompé. Le besoin d’apprentissage existe donc dans nos écoles. Il faut alors ces genres de projets pour mieux orienter nos enfants.
Est-ce une manière pour vous de rappeler aux jeunes apprenants l’école nouvelle qui a révélé des talents dans plusieurs domaines d’activités à l’époque ?
Pas exactement car, cette action va au-delà puisqu’elle conditionne l’orientation de l’enfant dès le bas âge sur son devenir. Mais l’école nouvelle n’a pas été une mauvaise chose. Vous avez vu combien de talents elle a permis de révéler ? C’est énorme. Grâce à l’école nouvelle, beaucoup d’apprenants ont découvert très tôt leur chemin et ils gagnent très bien leur vie actuellement. Ils n’ont rien à envier aux cadres. C’est dans cette logique que nous voulons faire évoluer les enfants…
De quels moyens disposez-vous pour bien former les apprenants sélectionnés ?
Nous comptons sur les personnes ressources de qualité et l’accompagnement des partenaires techniques et financiers. Nous n’avons donc pas de gros moyens raison pour laquelle nous avons commencé avec un effectif restreint. Quand les moyens seront à la hauteur de nos rêves, nous pourrons étendre cette formation à d’autres écoles des autres départements. D’ici la fin de l’année scolaire, les formations prévues vont se dérouler au profit des lauréats retenus.
Quelles sont les garanties de la continuité de ce projet pour que l’élan qui sera pris par ces apprenants ne s’estompe point ?
Je l’ai dit tantôt, nous n’avons pas de gros moyens. Nous évoluons donc à notre rythme. Nous comptons donc sur le soutien des parents d’élèves et des enseignants qui sont nos premiers partenaires. Ensuite, sur l’accompagnement des partenaires techniques et financiers, pourquoi pas de l’Etat central car, il s’agit de la formation des apprenants béninois pour le développement de notre pays.
Quelles sont les perspectives en ce qui concerne ce projet ?
Nous espérons que cette action soit un creuset de révélation de talents en milieu scolaire et d’orientation du don de chaque participant. Nous ne pouvons donc pas mener à bien cette mission sans le soutien des partenaires techniques et financiers et surtout de nos gouvernants. Car, pour le moment, ce projet concerne quelques écoles seulement ici à Parakou. Donc avec un bon accompagnement, nous allons l’étendre dans quelques établissements pilotes des autres départements.
Votre mot de la fin
Je vous remercie de vous être intéressé à notre initiative. Par votre biais, j’invite les parents d’élèves et les enseignants à croire en ce que nous faisons pour le bien de nos enfants. Nous ne le faisons pas pour notre bien en tant qu’individus, mais pour le bien de notre Nation commune. Raison pour laquelle nous sollicitons l’accompagnement des autorités pour que beaucoup d’enfants puissent bénéficier de ce projet.
Propos recueillis par Isac A. YAÏ