Le 10 décembre 1948, l’Assemblée générale des Nations Unies adoptait la Déclaration universelle des droits de l’homme. En cette journée anniversaire, la Haut-Commissaire des Nations Unies en charge du domaine constate que malgré des progrès accomplis, depuis 2001, une succession de chocs mondiaux a ébranlé les avancées. Le contexte sanitaire, lié à la pandémie de la Covid-19, a accentué les inégalités, en particulier celle de l’accès aux vaccins, entraînant un frein à la reprise économique de la plus grande partie de la planète.
La Cheffe de l’organisation onusienne en charge des droits de l’homme, la Chilienne Michèle Bachelet, a déclaré que l’apparition de la pandémie, en mars 2020, « a suscité une augmentation effrayante des inégalités, entraînant des taux de transmission et de mortalité disproportionnés dans les communautés les plus marginalisées, tout en contribuant à l’augmentation des niveaux de pauvreté, à l’aggravation de la faim et à l’effondrement du niveau de vie. Ceux-ci risquent à leur tour d’alimenter les rancunes, les troubles sociaux, voire un véritable conflit ».
Les personnes les plus vulnérables sont les plus durement affectées à savoir, « les femmes, les travailleurs à faible revenu et ceux du secteur informel, les jeunes et les personnes âgées, les personnes handicapées, ainsi que les membres des minorités ethniques, raciales et religieuses et les peuples autochtones ». Ce qui aggrave les inégalités fondées sur l’âge, le genre et la race.
Accès vaccinal inégal
Selon les prévisions, la plupart des pays développés devraient connaître une croissance en 2022, tandis que les pays aux revenus les plus faibles devraient connaître une récession continue, creusant encore davantage le fossé entre leurs populations. Michèle Bachelet déclare que le fossé entre pays se creuse. L’accès inégal aux vaccins n’est pas étranger à cette situation puisqu’au 1er décembre, à peine 8 % des adultes avaient reçu une dose de vaccin dans les familles à faible revenu, contre 65 % dans les pays à revenu élevé.
Environnement
Michèle Bachelet souligne le fait que « la crise environnementale exacerbe la discrimination, la marginalisation et les inégalités ». Elle note « qu’au total, 389 catastrophes liées au climat ont été enregistrées en 2020, entraînant la mort de plus de 15 000 personnes, affectant 98 millions d’autres personnes et infligeant 171 milliards de dollars de dommages économiques. A cause de la pandémie, les changements radicaux nécessaires pour éviter une nouvelle catastrophe écologique ne sont pas opérés ».
Poids de la dette
La Haut-Commissaire rappelle que le poids de la dette pèse sur de nombreux pays. « Plus de la moitié des pays les moins avancés et des pays à faible revenu dans le monde sont actuellement en situation de surendettement ou risquent fortement de l’être. En Afrique de l’Est et en Afrique australe, les coûts liés au service de la dette sont passés en moyenne de 60 % du Pib en 2018 à près de 70 % du Pib en 2021. Cette situation est due en partie à la forte contraction de l’activité économique et à la chute des prix des produits de base. La nécessité de rembourser les prêts a déjà conduit à des mesures d’austérité budgétaire qui limiteront la marge de manœuvre budgétaire pour des investissements clés dans les droits et la reprise durable ». La Cheffe des droits de l’homme rappelle que « l’égalité est une question d’empathie et de solidarité ». Pour s’en sortir, il faut « œuvrer ensemble pour le bien commun ».
Par Catherine Fiankan-Bokonga, Correspondante accréditée auprès de l’Office des Nations Unies à Genève (Suisse)