La célébration du centenaire de la mort du prince Nonfon Agbigbinoukoun-Glèlè (devenu Agbidinoukoun avec la francisation du patronyme) s’est déroulée, dimanche 12 décembre dernier à Sinwé-Lègo à Agbangnizoun. Une édition placée sous le signe des retrouvailles et de l’unité de la collectivité.
Dimanche dernier, un monde impressionnant de personnalités a été mobilisé sur l’esplanade du palais Gbêtin ou la cité des
Agbigbinoukoun, sous la houlette de Dadaa Kpétékan Kannoumanbou Agbidinoukoun Glèlè à Sinwé-Lègo, commune
d’Agbangnizoun. Outre le représentant du roi de Danxomè, Kêfa Sagbadjou, des dignitaires cardinaux et notables du plateau d’Abomey, les chefs des anciens cantons et régions, le maire d’Abomey, Daah Miminvo Yamongbè Guézo, le représentant du ministre de la Culture et autres étaient présents. Motif, la célébration du centenaire de la mort du prince Nonfon Agbigbinoukoun-Glèlè.
Les festivités ont été marquées par plusieurs temps forts. Après les hommages rendus à leur aïeul par le président du comité d’organisation, Valère Kakaï-Glèlè, et le vice-président, Constant Agbidinoukoun-Glèlè, l’occupant actuel du trône de Nonfon, dada Kpétékan a fait savoir que cette commémoration revêt une triple signification. D’abord la mobilisation de toute la progéniture Agbidinoukoun Nonfon autour des enjeux d’unité, d’amour et de fraternité pour que Sinwé se réveille et se développe. Ensuite, la mobilisation des chefs des ex-cantons et régions, des chefs de lignée du roi Glèlè autour des enjeux du grand Danxomè et de son roi. Et, enfin, cela signifie aussi l’heure de la renaissance des Houégbadjavi du troisième millénaire qui doivent œuvrer pour que les valeurs civilisationnelles du Danxomè ne disparaissent point face au vent hostile de la mondialisation.
Plusieurs témoignages ont été faits sur l’illustre prince. Entre autres, celui du maire d’Abomey, Antoine Djédou, pour qui le
Danxômè s’est toujours fort bien illustré dans la commémoration des centenaires, des bicentenaires et des tricentenaires. Ce sont des occasions de réjouissances et de valorisation des mémoires des souverains, à travers l’évocation de leurs vies, de leurs règnes et de leurs œuvres.
Abondant dans le même sens, Dah Langanfin Adihotogbé, au nom des têtes couronnées présentes, a béni les descendants du prince Nonfon qui ont vu juste en honorant leur aïeul qui était un grand homme.
Pour sa part, Jacob TayoAffora, représentant le ministre en charge de la Culture, a noté que, « de 1921-2021, cela fait cent ans que nous a quittés, pour rejoindre ses valeureux aïeux, le grand prince Nonfon Atôdjragnin Hêgboyè Agbigbinoukoun Glèlè, vingt-troisième enfant du roi Glèlê, grand roi du Danxomè. » Selon lui, il a été le dépositaire consacré de l’histoire et des traditions du royaume du Danxomè par son père le roi Glèlê. Le prince Nonfon Agbigbinoukoun est reconnu dans l’imaginaire populaire comme un conteur très attaché aux valeurs qui constituent les fondements de la civilisation des Houégbadjavi.
Il est à noter que cette commémoration a été séquencée comme l’exige la tradition au Danxomè, par les passages des groupes de musique traditionnelle Agbadja typiquement d’Abomey. Un rythme qu’affectionnait le prince Nonfon. Puis la célébration a pris fin par les bénédictions et le repas familial.
Qui est prince Agbigbinoukoun ?
Né à Djègbé-Kovèkpa, à Abomey, en 1861, Nonfon Agbigbinoukoun Glèlè, reçut le prénom lié à la divinité Hêbiosso de sa mère, la princesse Hênoudo, fille de Godjo, de la lignée Houégbadja, originaire de Sahè.
Grand prince du Danxômè, Ahossou Nonfon Atôdjragni Hêgboyè Agbidinoukoun Glèlè est l’un des fils du roi Glèlè.
Identifié parmi les enfants de Dada Glèlè, comme étant un fils qui retient vite les choses, bénéficiant du don de rappeler aisément les contes, les chansons historiques qui jalonnent la vie des palais royaux et des familles dans le Danxomè, Nonfon fut envoyé, par son père, Dada Glèlè, en stage de formation, pour mieux apprendre les rouages de l’histoire des Agassouvi.
Le jeune prince aura à parcourir Houawé, Houègbo-Agon, Hinvi, Allada-Adanhounsa et ailleurs, pour maîtriser l’histoire du Danxomè. Et c’est fort de cette expérience qu’au retour de la campagne victorieuse de Tiyô en 1886, le roi Glèlè, au cours d’une cérémonie grandiose organisée à la Place publique Gommé, à Nan-Hondji, fait de Nonfon Agbigbinoukoun Glèlè le dépositaire consacré de l’histoire et des traditions du royaume de Danxomè. Puis, il fut investi chef de canton de Sinwé, de 1901 à 1921.