C’est avec une grande stupéfaction mêlée de mélancolie que son Chef a découvert dans la journée du mercredi 18 décembre 2013 une importante quantité de drogues stockée dans un magasin au Port de Cotonou. Alors que le Chef de l’Etat avait la mine totalement pantelante devant ce spectacle peu honorable pour le Bénin, c’est sans savoir que son ministre de la Santé, Professeur agrégée de son état Dorothée Akoko Kindé-Gazard était bel et bien informée de l’existence de ces cartons macabres contenant du Tramadol, un médicament non autorisé au Bénin compte tenu de son caractère mortifère.
C’est avec une grande pitié que tous les téléspectateurs ont regardé sur leurs petits écrans le Chef de l’Etat, Yayi Boni. Le pauvre ! Il avait l’air très abattu à la vue de la forte quantité de drogues stockée, à son insu, sur son territoire, le Bénin. Un pays qu’il dirige. Le Chef de l’Etat n’était pas allé du dos de la cuillère pour professer son état d’âme : « cela détruit l’image du pays » ; « ce n’est pas la démocratie... C’est du désordre » ; « qu’est-ce que le président de la République peut faire tout seul ! » C’est-là autant de propos tenus par Yayi Boni pour fustiger le comportement de ses collaborateurs qui lui ont caché l’information depuis plus d’un an.
Alors même que cette information capitale devrait lui parvenir sans délai dès arraisonnement de la cargaison de la mort. Mais, c’était sans compter avec la malice de certains de ses collaborateurs qui apparemment n’épousent pas ses idéaux et ne regardent pas dans la même direction que lui.
Yayi Boni a été, purement et simplement, floué dans cette affaire par sa ministre de la Santé, dame Dorothée Akoko Kindé Gazard. Si non, comment comprendre qu’informée d’une situation aussi gravissime pour la sécurité du pays, la ministre de la Santé n’a pas daigné remonter aussitôt l’information à son supérieur hiérarchique qu’est le Chef de l’Etat à en croire les propos de ce dernier devant caméras et micros sur les lieux de découverte des cartons de drogues.
L’alerté donnée restée morte !
Et pourtant à l’occasion de la saisie de ces drogues dont la quantité est estimée à plus de 129 tonnes, selon le Procureur général près la Cour d’Appel de Cotonou, Gilles Sodonon, le ministre de l’Intérieur d’alors dont les services ont opéré l’arraisonnement, Benoît Assouan Dègla a, par correspondance en date du 1er juin 2012, porté l’information à sa collègue de la Santé, Dorothée Kindé Gazard. Cette correspondance (voir fac-similé n°- 1) a été même déposée au Secrétariat particulier de la ministre de la Santé, le même jour et enregistrée sous le n°- 1602.
C’est-à-dire que Benoît Assouan Dègla a pris toutes les précautions pour que sa collègue soit informée. L’ancien ministre de l’Intérieur est allé plus loin en attirant l’attention de sa collègue qui est chargée de s’occuper de la santé des Béninois, sur le fait que « lesdits produits en transit sur le Niger se retrouvent paradoxalement sur le marché béninois... » et, il ajoute au Professeur agrégée : « ... je vous saurais gré des dispositions qu’il vous plaira de faire prendre par vos services compétents en vue de protéger la population contre les effets pervers de tels produits qui nuisent inexorablement à la vie de nos populations ». Encore qu’il eu fallu que le ministre Benoît A. Dègla informa lui-même le Chef de l’Etat. L’a-t-il fait ?
Et oui... bien qu’elle ait été informée par son collègue d’alors novice en questions de santé, Dorothée Kindé-Gazard, Professeur agrégée en santé de surcroit, n’a pas trouvé autre disposition à prendre que de faire publier par ses « services compétents », un communiqué de presse en date du 08 novembre 2013 provenant de la Direction de la pharmacie, du médicament et des explorations diagnostiques.
Le caractère cynique de ce communiqué, malgré qu’il soit publié plus d’un an après que la ministre de la Santé soit informée, est qu’il est venu démentir une information rendue publique par l’Ordre national des pharmaciens du Bénin. (Voir fac-similés n°-3 & 4)
Le ménage qui s’impose
Mais, détail important, la présidente dudit Ordre des pharmaciens, Docteur Moutiatou Tidjani Toukourou a elle aussi, par courrier en date du 12 février 2013, attiré l’attention de la même ministre de la Santé sur la mise en vente de médicaments dangereux pour la santé des Béninois dont les cartons de Tramadol saisis et stockés au Port de Cotonou mis en objet. (Voir fac-similé n°- 2)
Mais au lieu de s’occuper correctement de la santé des Béninois, mission à laquelle elle est investie, Dorothée Kindé-Gazard qui s’est engagée dans un bras de fer inutile contre l’Ordre national des pharmaciens du Bénin, n’a pas trouvé meilleure parade que de se fendre en communiqué par le biais de son Directeur de la pharmacie, lui aussi Professeur, s’il vous plait, pour rabattre le caquet, pensait-elle à dame Moutiatou T. Toukourou et compagnie de l’Onpb.
En agissant ainsi, Dorothée Kindé-Gazard a confondu son égo personnel avec ses fonctions de ministre de la Santé qui devra, en toute occasion, se mettre au-dessus de la mêlée pour décider juste et non donner l’impression de vouloir régler des comptes avec ses pourfendeurs. Et voilà qu’aujourd’hui, l’arroseuse se retrouve dans la position de l’arrosée !
Yayi Boni va-t-il pouvoir arroser celui ou ceux qui sont mêlés à cette affaire de stockage prolongé de médicaments aussi dangereux pour la santé des Béninois sur le territoire qu’il dirige ? Les Services de renseignements ont-ils joué convenablement leurs rôles ? Les responsables du Port de Cotonou, notamment le Dg intérimaire, Kassim Traoré est-il lui informé de l’existence de tels produits sur l’espace qu’il gère ? Si oui, qu’a-t-il fait pour le déstockage ? Qu’a fait le ministre de l’Economie maritime d’alors Valentin Djènontin pour informer le Chef de l’Etat, lui qui est devenu par la suite Garde des sceaux, Ministre de la justice ? Est-ce de cette manière que des armes de destruction massive seront stockées au Port de Cotonou sans que la 1ère autorité ne soit mise au courant ?
C’est autant de préoccupations auxquelles les Béninois auraient aimé que le Chef de l’Etat élucide pour leur faire comprendre, une fois encore si besoin en était, que leur sécurité est garantie. Autrement, le spectacle offert par Yayi Boni au Port de Cotonou, le mercredi dernier serait perçu comme une simagrée ! Ce que nous ne croyons pas être. Car jamais, nous n’avons vu le Chef de l’Etat dans cet état qui a fait dire à une petite fille de 8 ans : « J’éprouve vraiment de la commisération pour le Chef de l’Etat. ses collaborateurs ne font que lui mentir. Et oui, il peut faire quoi, lui seul ? »
Une tonne de drogues disparue !
Alors qu’on aurait simplement évité à Yayi Boni de se montrer dépité devant les caméras des télévisions en l’informant à temps des dangers qui planent sur la santé de ses compatriotes. Mais, non, on a préféré se mélanger les pédales au ministère de la Santé en mettant sous boisseau cette grave information et optant, par contre, pour une querelle de chiffonniers dont la conséquence est d’avoir privé la justice de prendre les dispositions utiles pour éviter à la jeunesse béninoise de se laisser consumer par la consommation de ces produits. Puisqu’à en croire le Procureur général, Gilles Sodonon, il n’a jamais reçu, à son Cabinet, de procès-verbaux sur la saisie de ces drogues stockées. Dès lors, on est en droit de demander à qui de droit, où est passée la différence de tonnage déclaré par le magistrat Gilles Sodonon devant les médias ?
En effet, le Pg près la Cour d’Appel de Cotonou, a informé l’opinion publique que de l’ensemble de plus de 129 tonnes saisies, ce ne sont que 128,488 tonnes qui ont été incinérées, le vendredi dernier dans une localité de la Commune d’Abomey-Calavi.
Pour peu que l’Inspecteur général de l’Etat, Alidou Koussé présidant la Commission d’enquête créée par le Chef de l’Etat pour faire la lumière sur le stock découvert au Port de Cotonou, par décret n°- 2013-505 du 19 décembre dernier, fasse correctement son travail, les têtes devront tomber. A commencer par celles qui sont informées de l’existence de ces produits mortifères et qui n’ont pas cru devoir en souffler un seul mot pendant plus d’un an durant à la Haute Autorité. C’est donc l’occasion pour le Chef de l’Etat de nettoyer les écuries d’Augias dans les nombreux scandales dénoncés ça et là et sur lesquels les Béninois attendent toujours sa prompte réactivité d’autan qui fait si tant défaut depuis sa réélection en 2011.