Condamnés à 20 ans et 10 ans de prison pour des faits de complicité d’actes terroristes, atteinte à la sûreté de l’Etat et blanchiment de capitaux, Reckya Madougou et Joël Aïvo ne feront pas Appel de leurs condamnations. Selon les avocats des deux candidats de l’opposition recalés à la présidentielle de 2021, ce sont les mêmes juges qui ont prononcé les deux verdicts qui vont se retrouver encore en Appel pour examiner leur requête. A quoi bon alors interjeter Appel dans ce cas ? D’un autre côté, c’est reconnaître la légitimité de la Criet, accepter le verdict prononcé que de faire Appel devant cette juridiction d’exception qui continue d’être décriée. Si les raisons évoquées par les avocats, pour justifier le refus de Reckya Madougou et de Joël Aïvo de faire Appel, sont fondées, certains analystes trouvent plutôt que cela fait partie d’une stratégie. Qu’il vous souvienne qu’aussitôt leurs condamnations prononcées, des Béninois ont évoqué la possibilité pour le chef de l’Etat de les faire libérer par une grâce présidentielle ou la prise d’une loi d’amnistie. La question avait alors été posée au Secrétaire général, porte-parole du gouvernement quant à la possibilité d’un tel acte venant de Patrice Talon. Wilfried Léandre Houngbédji avait alors affirmé qu’il ne sait pas si, à ce stade, cela pourrait intervenir, étant donné que la condamnation n’était pas encore définitive. L’incertitude tournait autour du fait que si les condamnés interjettent Appel de la décision, le verdict n’est plus définitif et cela pourrait faire trainer les choses. Il faut s’attendre à un second jugement qui pourrait être même plus lourd que le premier. Un appel ouvre la voie à d’autres épisodes de ce procès aux issues inconnues. Ce qui ne laisserait pas de marge de manœuvre au Premier magistrat qu’est le chef de l’Etat de recourir à une grâce présidentielle ou même de se concerter avec le bureau du Parlement pour une possibilité d’amnistie.
Maintenant que Joël Aïvo et Reckya Madougou ont décidé de ne pas y aller et donc de »couper court » au processus, les Béninois, main au menton, ont les regards tournés vers le président Patrice Talon. Et l’occasion qui est plus guettée, c’est son discours de nouvel an, le 31 décembre 2021. C’est vrai que l’exercice de grâce présidentielle a généralement été fait le 31 juillet, veille de la commémoration de la fête nationale de l’indépendance. Mais pour le cas d’espèce, Patrice Talon, qui a manifesté le désir d’aller à la décrispation en accordant une audience à son prédécesseur Yayi Boni, laissera-t-il le climat socio politique s’envenimer jusqu’en juillet 2022 ?