L’un des derniers doyens du roi Alèkpéhanhou n’est plus. Nous avons appris dans la nuit du mercredi 29 décembre 2021 le décès du chanteur-compositeur Émile Aligbè. Selon un proche de la famille, son corps repose déjà à la morgue de Saclo à Bohicon.
Il est une grande voix du rythme traditionnel ‘’zinli’’. Au total, il aura passé une riche carrière d’environ 60 ans. « J’ai produit 32 albums, chacun d’eux comporte 16 chansons », nous a-t-il révélé en mai 2018 lors d’une interview-portrait dans son village à Kui dans la commune de Zogbodomey. « Je n’ai pas appris la musique auprès de quelqu’un. Je me suis mis simplement à chanter à la surprise générale », se souvient-il. Son 33e album en instance au moment de notre passage, était une vidéo. « Son lancement a heurté le manque de moyens financiers. J’ai fait beaucoup de demandes d’aide qui n’ont pas connu de succès », avait-il regretté. Un peu déçu ? Aligbè l’est. La musique n’a pas nourri les voix de sa génération, mais, dit-il, « tout dépend du destin de chacun. La musique nourrit convenablement certains artistes, elle ne peut enrichir tout le monde. Je jouais bien avant certains artistes qui sont plus aisés dans la musique. Je sais que j’ai aussi des devanciers qui sont plus pauvres que moi. C’est ainsi ! ». Jusqu’à sa mort, il a gardé une voix souple, sonore et séduisante ; un timbre vocal exceptionnel que la vieillesse visible sur son visage n’a pas terni. Très opposé aux chansons satiriques, il a toujours prôné l’éthique, des compositions vertueuses dans la musique. « Depuis que moi j’ai commencé par chanter, je ne me suis jamais donné ce plaisir de lancer des invectives à un collègue chanteur à travers mes morceaux. Toutes mes chansons sont des vecteurs de leçon pouvant permettre aux uns et aux autres d’avoir une boussole c’est-à-dire un repère d’exemplarité ». Par contre‚ il chante l’amour‚ célèbre la vie‚ magnifie Dieu et sublime le travail source de liberté. Ses chansons n’ont jamais vieilli. « Mes chansons, des décennies après, sont toujours d’actualité. Les gens qui les écoutent me respectent pour mon génie. Hormis cela, en toute sincérité, je ne peux dire que j’ai gagné telle chose dans la musique. » Émile Aligbè ne se contentait pas seulement d’égayer et d’instruire. Il était aussi un agriculteur passionné.